Bird Lives !, Traduction de Stéphane Carn. Après de nombreuses semaines de travail, d’abnégation, de courage, de persévérance, le pianiste de jazz Evan Horne parvient à retrouver l’usage de sa main, un handicap occasionné lors d’un accident de voiture, et comble du bonheur à jouer en compagnie de ses deux amis musiciens au club Jazz Bakery. Une prestation qui se solde par des retrouvailles avec le public qui augure d’un avenir prometteur. D’autant plus que le directeur d’une petite mais prometteuse maison de disques lui propose d’effectuer des enregistrements en compagnie de ses deux musiciens, contrebassiste et batteur. Parmi le public son ami le lieutenant Cooper de la police de Los Angeles, et Natalie sa petite amie depuis deux ans. Cooper est obligé de quitter précipitamment le spectacle, et peu après contacte Evan. Un musicien de jazz, le célèbre saxophoniste Ty Rodman vient d’être découvert assassiné par plusieurs coups de couteau dans sa loge après un concert. Evan n’est guère enthousiaste à se rendre sur place mais n’écoutant que son amitié il rejoint Cooper. Sur le miroir qui sert au maquillage, deux lettres écrites avec le sang de la victime : Bird Lives ! Bird est vivant, comme les inscriptions qui avaient fleuri sur les murs de Greenwich Village, le jour du décès de Charlie Parker, le 12 mars 1955. Le lecteur de CD jouait en boucle Now’s the time, un blues signé Parker. L’instrument de Rodman a été fracassé, et dans l’étui Evan découvre une plume blanche. Rodman a été assassiné le jour anniversaire de la mort de Bird. Evan est happé dans l’engrenage de l’enquête, car le FBI est sur le coup. Deux autres meurtres ont été répertoriés à New-York, deux saxophonistes tués selon les même procédé et mise en scène, à des dates commémoratives. Evan doit donc collaborer avec les agents fédéraux, dont Andrea, une promiscuité que n’apprécie guère Natalie. Un autre saxophoniste est assassiné selon le même scénario, et le meurtrier, pardon la meurtrière, contacte par téléphone Evan, lui enjoignant d’enquêter sur le suicide supposé de son frère Greg, saxophoniste lui aussi. Bill Moody, qui n’est pas apparenté au saxophoniste James Moody, est lui-même un batteur de jazz reconnu, ayant joué dans le Dick Conte quartet ou avec le Susan Sutton trio, se meut avec aisance dans le milieu du jazz et ses références musicales sont évidemment nombreuses et issues d’expériences personnelles et professionnelles, restant toutefois dans un genre pas forcément commercial. D’ailleurs l’un des protagonistes de son roman, mais n’est-ce pas Bill Moody qui se sert de son personnage pour clamer son rejet du jazz-rock, du jazz-fusion, du smooth jazz et autres dérivés, articulés autour de l’un des chantres de cette forme musicale qu’est Kenny G. alias Kenneth Gorelick qui a accompagné notamment Whitney Houston, Natalie Cole et Aretha Franklin, déclare : « Ils ne méritent pas de vivre, tu ne comprends pas ? Ils bafouent la mémoire de Bird, de Dizzy et de Miles, ces prétendus jazzmen ! Nous infliger cette soupe électronique, cette sous-merde insipide qu’ils osent appeler du jazz… ! ». La messe est dite ! Et en parlant de messe, Bill Moody nous emmène à San Francisco sur les traces d’Evan Horne, visiter l’église de Saint John Coltrane. Avouons tout de suite que ce roman, ode au jazz de Charlie Parker, Dizzy Gillespie, Monk et Miles, pêche parfois par quelques longueurs, quelques langueurs, et que les motivations de la meurtrière sont minces sauf que, parfois il ne faut pas méjuger de ce qui mène quelqu’un à supprimer son prochain : « Il faut tout de même avoir une sérieuse case vide, pour commettre quatre meurtres à cause d’une simple divergence musicale ». Il n’empêche que ce roman résolument jazz qui confronte classiques aux modernes offre un épilogue musical enlevé. Un roman de 1999, antérieur à Sur les traces de Chet Baker précédemment paru dans la même collection.
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