|
|
COLEEN MCCULLOUGH |
Fleurs SanglantesAux éditions L ARCHIPEL |
1157Lectures depuisLe vendredi 28 Juillet 2012
|
Une lecture de |
En 1968, Holloman est une petite ville du Connecticut, sur la côte au nord-est des Etats-Unis. La police locale est dirigée par un nouveau chef, le capitaine Vazquez. Père de famille, époux de Desdemona, Carmine Delmonico commande la section criminelle. Un service pas si facile à gérer, quand un flic comme Corey s’adonne à l’alcoolisme, bientôt imité par son collègue Morty Jones. D’autres sont plus fiables dans cette unité qui ne compte qu’un seul Noir et deux femmes. L’une d’elles, la jeune stagiaire Helen MacIntosh, est particulièrement horripilante. Fille de famille riche, membre des milieux huppés de Holloman, engagée par protection, elle en arrive même à agacer Carmine Delmonico quand elle s’habille en minijupe. Il doit lui rappeler qu’un service de police impose une certaine rigueur. Côté familial, le policier engage une jeune femme pour aider Desdemona, fatiguée par son rôle de mère de famille. Un homme se faisant appeler Didus Ineptus vient d’agresser chez elle Maggie Drummond, la violant à répétition. Son pseudonyme est l’ancien nom du Dodo, l’oiseau disparu. Curieux personnage au corps lisse épilé, qui lui donne des airs de Marlon Brando. Entre chaque viol, il a pris le temps de lire un livre. Carmine est certain que cette affaire n’est pas unique. Très vite, on recense effectivement six autres cas comparables depuis sept mois, dont les victimes ne portèrent pas plainte. À chaque fois, le Dodo impose un début de strangulation lors des viols. On finit par trouver des points communs entre les victimes. Elles sont diplômées, occupent un emploi sérieux, et habitent dans le quartier de Carew. Carmine remarque que, dans les immeubles récents en question, vivent essentiellement des célibataires, beaucoup d’hommes. C’est aussi à Carew qu’a été créée une association comptant cent vingt-six personnes, les Gentlemen Marcheurs. Mark Sugarman, un des fondateurs du groupe, peut prétendre qu’ils pratiquent des rondes dans un esprit convivial, il s’agit néanmoins d’une milice citoyenne. À laquelle le Dodo appartient très probablement. Helen MacIntosh fréquente des membres parmi ces Gentlemen Marcheurs, étant même proche du beau Kurt, un scientifique. Cette série de viols n’est pas la seule affaire qui agite Holloman en cet automne. La belle boutique d’Amanda Warburton, Le Nounours de Verre, a été vandalisée, tandis que la banque locale était cambriolée la même nuit. Hank Murray, gérant du centre commercial, vient en aide à Amanda. Deux célibataires qui formeraient un couple idéal. Le policier Morty Jones n’y voit qu’une banale dégradation. Quand Amanda est de nouveau agressée, Carmine Delmonico va mener une enquête plus efficace. Il s’occupe également du vol nocturne à la banque. Tout en n’oubliant pas de suivre l’affaire des viols, car d’autres cas prochains sont à craindre. Il s’aperçoit que les jumeaux Warburton, neveux d’Amanda qui se disent stars de cinéma, viennent de s’installer dans le quartier de Carew. Ils paraissent un peu risibles, mais Carmine n’exclut jamais aucun soupçon. Le fait qu’Helen MacIntosh soit du même milieu que les Gentlemen Marcheurs peut s’avérer utile, ou l’inverse. Il faudra attendre le mois de décembre 1968 pour que se dénouent ces dossiers criminels… Après “Corps manquants” et “Douze de trop” (titres disponibles dans la collection Archipoche), c’est la troisième aventure du héros créé par Coleen McCullough, auteure du best-seller romantique “Les oiseaux se cachent pour mourir” (1977). Il s’agit bien d’un suspense plutôt sombre, avec son enquête lente et sinueuse. À travers le contexte, c’est aussi l’occasion de montrer un petit coin d’Amérique à la fin de la décennie 1960. La question du viol suggère autant celle de la place des femmes dans la société d’alors. Les femmes tiennent en réalité l'espace principal dans cette histoire, même si l’enquêteur en chef est un homme. À part lui, ceux-ci sont globalement assez peu agréables. A cette époque, on dispose de moins de moyens techniques pour enquêter, c’est aussi bien car ça permet d’inclure une vraie part de psychologie. C’est typiquement un polar dans lequel il convient de s’installer, de prendre le temps de la lecture, de suivre les pistes, d’observer les protagonistes, tout en progressant vers une noirceur certaine. Un suspense de belle qualité, par une romancière chevronnée. |