La reine noire de Pascal MARTIN


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PASCAL MARTIN

La Reine Noire


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Le mardi 10 Octobre 2017

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Pascal MARTIN




Une lecture de
CLAUDE LE NOCHER

CLAUDE LE NOCHER  

Chanterelle est une petite ville de Lorraine, dans les environs de Bar-le-Duc, préfecture de la Meuse. La raffinerie de sucre, que l’on surnommait la Reine Noire, constitua longtemps la principale activité industrielle locale. L’usine était dirigée par l’austère M.Durand, qui prenait à cœur sa fonction, employant quantité d’habitants de Chanterelle. Quand M.Spätz hérita de la raffinerie, il en ferma très bientôt les locaux, délocalisant la production en Indonésie. Ce qui n’avait pas empêché pas M.Spätz de devenir maire, poste qu’il occupe toujours. Débarqué, M.Durand ne survécut pas au transfert de l’usine. Ces dernières années, Chanterelle ressemble à une ville-fantôme. Il n’y a guère qu’au Bar du Centre que l’on croise des natifs d’ici. Ils y sont servis par la jeune Marjolaine, une enfant du pays.

En ce mois de juin 2017, deux hommes originaires de la commune sont de retour. L’un se présente, pipe à la bouche, comme psychiatre. D’allure distinguée, ne buvant rien qui soit alcoolisé, il est vite reconnu par les habitants restés vivre à Chanterelle. Il s’agit de Michel Durant, le fils de l’ancien directeur de la raffinerie. Il va loger à l’auberge de Joe, vieux bonhomme qui détestait M.Durant et vécut d’autres revenus. C’est la mère Lacroix, bonne du curé tant qu’il y en eût un, qui assure le ménage à l’auberge, avec sa fille handicapée mentale. Ni la mère Lacroix, ni les autres ne semblent hostiles envers Michel Durant. Sans doute parce qu’ils ignorent le véritable métier de celui-ci. Il est policier pour Interpol. Son retour à Chanterelle concerne une enquête, mais avec quelques aspects personnels.

L’autre revenant fait autant penser à un fantôme qu’à un vampire. Tout vêtu de noir, il s’est installé dans la maison la plus singulière de la commune. Certains l’appellent Mata, un nom dont il a hérité en Indonésie. Mais il se nomme Thomas Wotjek, qu’autrefois tout le monde surnomma Toto. La réputation de sa famille, Polonaise d’origine, était exécrable. Le père de Wotjek était un alcoolique, qui connut une mort très particulière à l’usine. Sa mère ne valait pas grand-chose, si l’on en croit les rumeurs. Si Wotjek respecte les chats et admire les pylônes, chacun sent qu’il reste un homme dangereux. Cela n’a pas échappé à Marjolaine, pas fâchée de rencontrer un personnage aussi insolite. Le vécu de la jeune fille n’a pas toujours été facile à ce jour, peut-être peut-il lui procurer un certain bonheur.

Bien que le maire, M.Spätz, ait décidé de faire raser les ruines de l’ancienne usine, est-ce vraiment pour en bâtir une nouvelle ? Des poules ont été égorgée à Chanterelle, puis c’est le cimetière qui est profané. Ce sont là des signes inquiétants pour les habitués, au Bar du Centre. Voilà déjà quelques temps que la folie a touché plusieurs personnes ici, et pas seulement la fille de la mère Lacroix. En adversaires affichés, Michel Durant et Thomas Wotjek se jaugent, l’un sachant pertinemment ce que fait l’autre et inversement. Quand un double meurtre est commis, ça paraît être un suicide…

(Extrait) “Le soleil s’éteignait doucement à l’horizon, découpant dans la campagne des ombres grises. Mata sortit de la maison du fada. Il était entièrement nu et, curieusement, alors que la peau de son visage était pâle, le reste de son corps était hâlé. Il portait toujours ses petites lunettes opaques sur le nez. Il se dirigea vers le pont […]

Mata porta les mains à son visage et, lentement, prenant soin de ne pas blesser l’arête de son nez, il ôta ses lunettes. Ses yeux étaient d’un bleu opalescent, presque translucides, au milieu d’une cornée diaphane. Ses pupilles semblaient baigner dans une lumière d’aquarium céruléenne. Il plongea son regard dans les eaux limoneuses du canal avec une telle intensité que ses prunelles elle-mêmes prirent la couleur de la tourbe.

Un grand sourire éclaira brusquement son visage. Que voyait-il sous la surface des eaux boueuses ? De grosses larmes, claires et limpides, virent rouler sur ses joues empourprées. À ce moment-là, son visage était d’une beauté lumineuse…”

Une bourgade et ses secrets, un thème en apparence classique dans le polar et le roman noir. Pour peu que le contexte économique ait eu de sévères conséquences sur l’emploi, entraînant son lot de rancœurs, le climat se prête à une intrigue criminelle bien sombre. Toutefois, Pascal Martin n’est nullement un néophyte en matière de noir suspense. Deux de ses précédents titres ont été récompensés par le Prix Charles Exbrayat (2005) et le Prix Intramuros (2009). Il est l’auteur d’histoires pleines de singularité, d’une part d’étrangeté, énigmatiques à souhaits. Voilà pourquoi, si Chanterelle est effectivement une petite ville traversant une crise durable, le décor n’est pas le seul élément apportant de l’intensité.

Au centre du sujet, nous avons un duo de héros fort originaux. Tous deux ont de bonnes raisons de revenir dans cette commune. Le policier est sur les pas du tueur ? Certes, mais le lien entre eux est fatalement plus complexe. Beaucoup de nuances également dans les descriptions du vieux Joe, de la mère Lacroix, de la jeune Marjolaine, de Milos Spätz, et de l’ensemble des protagonistes. On ne cherche pas à nous imposer une ambiance stressante à l’excès : les faits parlent d’eux-mêmes, dévoilant des drames masqués, des projets de vengeance. À travers des chapitres courts et une narration claire, Pascal Martin fait preuve d’une très belle subtilité, entretenant le mystère et la noirceur. Un vrai polar de qualité.

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CLAUDE LE NOCHER
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Une autre lecture du

La Reine Noire

de
PAUL MAUGENDRE

PAUL MAUGENDRE

Collection Polar Jigal. Parution le 8 septembre 2017. 248 pages. 17,50€.

Une histoire raffinée qui n’est pas un échec et mat !

Ce n’est plus l’été en pente douce à Chanterelle-les-Bains. Ce serait plutôt l’hiver.

Autrefois vivant, coquet, Chanterelle-les-Bains, non loin de Bar-le-Duc, est devenu un village mort, pétrifié, depuis que la raffinerie de sucre est fermée. Subsistent quelques commerces, la quincaillerie, la pharmacie, l’Auberge de Joe, le Bar du Centre où se réunissent trois quatre hommes adeptes de la belote. Faut bien passer le temps.

Jusqu’au jour où arrive un homme tout de noir vêtu, lunettes noires cachant des yeux bleus, pâles, conduisant une grosse voiture allemande. Il n’en faut pas plus pour intriguer, d’autant qu’il a pris en location la maison dite du fada, et que c’est madame Lacroix, l’ancienne bonne du curé qui est préposée au ménage.

Un second individu, qui se présente comme psychiatre, tétant une pipe, puant le parfum dont il s’asperge à outrance, demande une chambre à l’auberge de Joe. L’auberge sert également de point relais à Ali qui y amène ses conquêtes d’un jour. Des femmes, souvent délaissées, de Chanterelle et des environs.

Bientôt les deux hommes sont identifiés, par l’un ou l’autre des habitants de la commune, et cela remue de vieux souvenirs, un passé pas toujours agréable à ressasser.

Le gothique se nomme Toto Wotjeck. Il n’avait pas bonne réputation étant gamin, et son père, Polonais, buvait, justement comme le veut la légende, comme un Polonais. Une bouteille de pastis par jour, et cela lui a été fatal. Wotjek s’est installé en Indonésie, et il est devenu tueur pour le compte d’un Chinois. Il est revenu avec une mission, celle d’effacer un notable lui-même également trafiquant de drogue.

Et si Michel Durand est lui aussi revenu à Chanterelle, c’est parce qu’il est policier et non psychiatre comme il le prétend, à l’antenne Interpol de Lyon, et qu’il a appris le retour de Wotjeck. Le père de Michel Durand était le directeur de la raffinerie de sucre, avant de se faire évincer par le nouveau propriétaire qui a délocalisé en Indonésie.

Les deux hommes ont un vieux contentieux à régler, et leur cible n’est autre que le maire et propriétaire de la raffinerie à l’abandon, Spätz, sur lequel ils ont focalisé leur haine, le responsable de la mort de leurs pères. Une haine sur laquelle plane la cheminée de la raffinerie, une usine qui s’étend comme une araignée tapie attendant ses victimes.

Entre les deux hommes, gravitent des personnages troubles et bon nombre d’entre eux ont quelque chose à se reprocher. Tout autant la mère Lacroix, l’ancienne bonne du curé, dont la fille Marie-Madeleine est handicapée mentale et suit sa mère dans ses ménages et qui ne cesse d’être houspillée, que les joueurs de belote, ou encore Joe, le phtisique, ou encore Marjolaine, la serveuse du Bar du Centre, toujours occupée à tripoter son téléphone à défaut d’autre chose… Et depuis qu’ils sont là, Durand et Wotjeck, des méfaits se produisent perturbant la monotonie du village. Des poules sont égorgées, le cimetière est profané, des meurtres sont perpétrés. Le trouble s’installe dans les esprits, les langues se délient.

S’il fallait, mais ce n’est pas obligé, classer ce roman dans des affinités littéraires, je le placerais sans contestation possible sur l’étagère réservée aux Explorateurs de l’âme humaine en pays rural, entre les ouvrages vosgiens de Pierre Pelot, les romans durs de Simenon et l’intégrale de Pascal Garnier.

Tout y est : l’ambiance et l’atmosphère délétères, avec des protagonistes à double facette. Le village qui se meurt, une ancienne usine promise à la démolition, des personnages décalés ou perdus, possédant un côté sombre et pervers ou déboussolés par une vie en trompe-l’œil, ressassant un passé nébuleux et un avenir incertain, colportant commérages avec jouissance ou s’égarant dans des secrets qui fuitent.

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PAUL MAUGENDRE
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