Depuis le temps cela devait lui arriver : Gabriel Lecouvreur, alias Le Poulpe est atteint d’une crise de foi. Un moment de déprime, un coup de fatigue, une averse qui le trempe et notre héros se réfugie dans une église. L’organiste lui conseille, afin de comprendre le sens de la vie, un besoin que ressent comme une obsession depuis quelque temps Gabriel, lui préconise donc d’effectuer une retraite dans un monastère. Aussitôt conseillé, aussitôt fait. Il faut vraiment que Gabriel soit mal en point moralement car dans le train qui l’emmène dans son lieu de résidence, il se fait dévaliser par une petite vieille. L’accueil au monastère n’est pas des plus chaleureux, les moines n’ont pas mis les petits plats dans les grands, mais au moins la pitance frugale qui lui est proposée est mangeable, et sa chambre, petite et d’aspect austère, est propre et dénuée de colocataires indésirables tels que cafards, punaises et autres petites bêtes pas forcément inoffensives. Pas comme l’homme qui balance d’une fenêtre un corps avec une croix de fer fichée dans le ventre. Un événement qui dégrise complètement Gabriel lequel venait de courser un individu dans le parc du monastère. Et tout ça parce qu’il est allé boire quelques bières à la crêperie du village afin de compenser les calories omises de son dîner. Le lendemain, le cadavre a disparu et aucun des abbés en fait écho. Ni Bernard et Antoine, deux résidents dont il a fait la connaissance la veille, et qui n’en sont pas à leur premier séjour. Il remarque que quelqu’un l’espionne à travers la fenêtre de la salle de bain. Dans une de ses poches il découvre un morceau de papier avec un N° de téléphone, celui de Natacha, la tenancière de la crêperie. Fouinant dans le cimetière du couvent, Gabriel découvre un emplacement fraîchement remué surmonté d’une croix. Le nom de frère Dominique y est inscrit ainsi que deux dates : 1943-2008. Le lendemain un autre abbé est assassiné, poignardé selon le docteur, et les moines ne peuvent cacher l’absence de leur frère, même si les causes de sa disparition sont soigneusement éludées. Cette histoire qui dure sept jours, comme la création, nous montre un Gabriel Lecouvreur mystique, ce qui pour cet anar libertaire est pour le moins insolite. Mais comme on le connaît curieux, on mettra cet état d’esprit sur le compte de l’envie de la découverte d’autre chose, d’une expérience nouvelle. D’une invitation au recueillement, à l’introspection, au renouveau de soi en participant au renouveau monachique. C’est chic. Ce qui ne l’empêche pas, entre deux prières et une confession, encore une fois acte inhabituel chez lui, de se laisser tenter par le Diable en la personne d’une créature de sexe féminin. L’abstinence, il ne connaît pas, aussi bien en alcool qu’en relation sexuelles. Les voies du Seigneur sont paraît-il impénétrables, mais les voix, il ne l’est entend pas ou les ignore sciemment. Un livre sain, ou saint, comme vous voulez, c’est vous qui voyez.
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