Fasciste de Thierry MARIGNAC


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THIERRY MARIGNAC

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Le vendredi 3 Juillet 2015

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Thierry MARIGNAC




Une lecture de
CLAUDE LE NOCHER

CLAUDE LE NOCHER  

Rémi Fontevrault est un fils de bourgeois du 8e arrondissement de Paris. Fin des années 1970, il effectue son service national. C'est là qu'il sympathise avec Lieutenant, un peu plus âgé que lui. Ce dernier est issu d'une famille de collabos, assumant une marginalité qui s'affiche "patriotique". Rémi n'est pas insensible au charme de la blonde Irène, sœur de Lieutenant. À la fin de ses obligations militaires, Rémi est engagé dans la société de son père, comme traducteur. Il garde un pied à la fac, où il tente d'apprendre la langue russe. Un endroit très politisé, avec des grèves fréquentes. Le GUD d'extrême-droite y est représenté par “ce potache de Charles-Henri et ses paltoquets”, intellos capables de citer les maîtres-à-penser du nationalisme ultra, mais pas des hommes d'action.

Pour alimenter sa colère intérieure, Rémi a besoin de cogner. Quand il prend des mauvais coups, il s'arrange pour se venger (à trois contre un) du "rugbyman" qui l'a estourbi. Il en profite pour renouer avec Lieutenant, qui est assisté de Phong. Et pour se rapprocher intimement d'Irène. Son père envoie Rémi en mission à Belfast, en tant que traducteur pour l'universitaire Kriss. En ces années 1980, l'ambiance est toujours lourde en Ulster, et la population méfiante. Un climat grisant pour Rémi. À la demande de Lieutenant, il prend contact avec le révérend McCluskey, activiste pro-Anglais entouré de skinheads. Pourtant, c'est plutôt chez les chaleureux catholiques nord-Irlandais que dans le camp british qu'on passe du bon temps, Rémi l'admet. Un attentat à la voiture piégée interrompt son séjour.

Nourri de culture celto-nordique, autant que marqué par la mort, Rémi revient à Paris. Il retrouve Irène, et Lieutenant qui estime qu'il n'est pas encore un vrai combattant. Rémi va s'entraîner à la boxe thaïe, et côtoyer les politiciens. “Le Chafouin [leur candidat, n°2 du parti] est un opportuniste à qui on n'avait proposé que des strapontins dans d'autres partis de droite… Les autres sont des épiciers ou des avocats. Ils défendent leurs boutiques, leurs cabinets, ils veulent du pouvoir, ils n'en auraient pas eu ailleurs, les places sont chères.” Dans la banlieue sensible où Le Chafouin fait campagne, Rémi assure le service d'ordre de ses meetings. Avec trop de zèle combattant, comme toujours. C'est plutôt un job pour Charles-Henri et ses paltoquets, meilleurs propagandistes.

Néanmoins, avec Phong, Rémi continue à travers Paris à provoquer, à jouer la castagne. Si ces rixes déplaisent à Lieutenant, elles sont réprouvées par les politiciens du mouvement, qui misent sur la respectabilité et non sur la bagarre. À cause de ces méthodes opposées, le fossé commence sérieusement à se creuser entre eux. Tandis que Lieutenant et Phong se mettent au vert pour un temps, Rémi et Irène partent pour un périple dans les pays de l'Est. Revenant en France par l'Alsace, ils vont tenter d'organiser la dissidence au sein du parti d'extrême-droite, une stratégie risquant de s'avérer trop aléatoire…

S'agissant d'un roman, donc d'une fiction, ce livre n'est pas un plaidoyer en faveur des fanatiques du fascisme. Guidés par leurs préjugés, certains réacs ont pu le croire. Héritiers du pétainisme, cultivant le négatif depuis soixante-dix ans, haïssant la population, ils sont passés à côté de l'évolution de la France. Ce sont de vieux aigris, sans question d'âge car une partie d'entre eux est encore jeune. Ils confondent leur nationalisme obtus avec le patriotisme. Ils sont fascinés par le mythe d'un pays idéal, figé dans des valeurs "comme avant". Ils sont le passé, et veulent qu'on y retourne. Donneurs de leçons bien-pensants, ils accusent les autres de tous les maux. Faute d'argument, ils se réfèrent à des idéologies mortes depuis longtemps, continuant à tout condamner, à semer leurs diatribes.

Auteur controversé ayant suscité quelques vifs débats entre lecteurs, Thierry Marignac ne se préoccupe probablement pas de sa réputation. Que certains ne l'aiment pas, ça le laisse froid. Que d'autres le vénèrent, on peut penser que ça l'amuse. Marignac brandissant l'étendard du refus, au nom de mouvances groupusculaires ? L'embrigadement, on doute que ce soit l'état d'esprit de cet écrivain et traducteur. Il revendique sa liberté, ses opinions, ses choix de vie, son goût pour la boxe, et sa détestation des conformismes. Qu'il assume ses contradictions, sûrement. Qu'il cherche à convaincre qui que ce soit, avec autoritarisme, certes non. Avec “Fasciste”, son premier titre publié initialement en 1988, il voulait frapper fort, troubler la réflexion. Il y est parvenu. L'interview de l'auteur, en fin de volume, nous éclaire sur lui-même et ce roman.

Lire une fiction politique n'est pas partager un point de vue identique à celui exposé. Dans la préface, Pierric Guittaut ressasse les arguties périmées qui lui sont chères, selon sa propre lecture de ce roman. Si l'on a une vision moins étriquée du monde, l'approche ne sera pas la même. Le héros de “Fasciste” n'est qu'un suiveur se prenant pour un meneur. Sa culture fascisante est un salmigondis d'idéaux censés justifier son excitation guerrière. Pas une once de panache en lui. Il n'inspire finalement pas le moindre sentiment. Ni pitié, ni dégoût, et encore moins de l'admiration. C'est justement là que réside la manière de Marignac : il ne décrit pas un accusé s'étant fourvoyé de son plein gré, il présente un jeune bourgeois jouant sa “Fureur de vivre” (Rebel without a cause) version fachos.

Roman-culte ? Laissons cette formule lénifiante aux benêts évoqués plus haut. Par contre, c'est un portrait riche en nuances que dessina ici Thierry Marignac. Le contexte politique a changé, depuis près de trente ans. Mais il y a fort à parier que de nouvelles générations correspondant à ce type de personnage, mercenaires dans l'âme, existent encore. Voilà une des bonnes raisons de redécouvrir ce livre, qui méritait une réédition.

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