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MARCUS MALTE |
Garden Of LoveAux éditions ZULMAVisitez leur site |
3340Lectures depuisLe mardi 2 Juillet 2008
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Une lecture de |
Et le prix est décerné à….
Il s’agit là sans doute de l’œuvre la plus déroutante que j’ai pu lire (jexagère évidemment mais faut bien accrocher le lecteur dès les premières lignes). Il faut accepter de se perdre ou de se prendre les fils narratifs dans la tronche. Le roman oscille entre une mise en abyme (le roman dans le roman, l’histoire de la vie du héros dans un livre qu’il lit et que nous lisons etc.) et des faux-semblants (mais qui est qui ? on a envie un peu de mettre les noms des personnages sur des fiches pour se rappeler qui ils sont quand ils nous réapparaîtront un plus loin dans les lignes, c’est un peu l’histoire de Zhuangzi qui rêve qu’il est un papillon qui, épuisé, s’endort et fait le rêve d’être Zhangzui. En se réveillant ce dernier se demande s’il est, maintenant, le véritable Zhuangzi ou bien le Zhuangzi du rêve du papillon. Il ne savait pas non plus si c’était lui qui avait rêvé du papillon, ou le papillon qui avait rêvé de lui. (aaaaargh !) Alors là, vous êtes perdus. Finement joué de ma part : dire qu’un livre est irracontable m’évite de le résumer… Mis à jour (par moi-même), je m’exécute : Alexandre Astrid reçoit par la poste un manuscrit qui raconte sa vie sous le titre très english touch (Garden of Love) de William Blake (voir exergue : So I turn’d to the Garden of Love / That so many sweet flowers bore…). Troublé, Alex est renvoyé à ses propres souvenirs, notamment celui, douloureux, de sa relation avec Édouard Dayms, un jeune homme intrigant, aussi brillant que déséquilibré. Alexandre alors enquête sur son propre passé. Narré ainsi, cela paraît simple mais le lecteur se retrouve régulièrement dans la peau de Zhuangzi. Schizophrène identitaire et temporel, Alex, flic déchu, alcoolique (qu’est-ce qu’on boit chez les héros de polars !) sombre en désespoir. Et nous le suivons… Qu’attend de lui l’expéditeur de ce putain de manuscrit ? (Des passages entiers du texte défilaient sous mes paupières comme sur un prompteur. Mot pour mot. En surimpression s’y ajoutaient des images, des bouts de scènes, des visages. Autant de bribes de l’histoire. Autant de réminiscences. Saloperies de bestioles prises dans mes phares, et qui toutes finissaient par se scratcher sur mon parer-brise. (…) J’ai eu beau mettre trois sucres, le café avait un goût de terre retournée. J’ai vidé ma tasse dans l’évier. Au même instant, le jus est revenu à pleine puissance et la décharge m’a foudroyé. Je venais de piger ce qu’il attendait de moi.) Pour corser le tout, le roman évoque d’abord des personnages autres qu’Alex. Mais c’est toujours un « je » omniscient qui raconte ? Qui est Je ? Je est un autre… La liste est longue des prix que Marcus Malte a reçu pour cet ouvrage. Ne lui manque que votre approbation et votre admiration.
François Braud, Mes dix polars de l’année 2007, tome 8 |
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