African psycho de Alain MABANCKOU


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ALAIN MABANCKOU

African Psycho


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Alain MABANCKOU




Une lecture de
CLAUDE LE NOCHER

CLAUDE LE NOCHER  

Le criminel Angoualima terrorisa longtemps ce pays d’Afrique noire. Jamais il ne fut repéré par les autorités, qu’il provoquait avec cynisme, jusqu’à ce qu’il choisisse sa propre mort. Plus célèbre que les grands noms de ce pays, Angoualima devint un mythe. Un exemple à suivre pour le jeune Grégoire Nakobomayo, qui voit en lui un Grand Maître. Grégoire était un "enfant ramassé" qui a bénéficié de bribes d’éducation dans des familles d’accueil. Mais il préféra la liberté, s’installant tôt dans le pauvre quartier de Celui-qui-boit-de-l’eau-est-un-idiot. La solidarité entre parias lui convient. Rapidement, il devient un des petits caïds de cet endroit. Il s’y construit une masure, crée une sorte de garage automobile – ayant suivi une formation de mécanicien. Toutefois, le crime reste son obsession.

Grégoire Nakobomayo revendique sa vulgarité autant que sa marginalité. Il est convaincu d’être supérieur aux autres, disciple digne du défunt Angoualima – sur la tombe duquel il se recueille fréquemment au cimetière. Ses premiers "exploits" dans le banditisme ne sont pourtant que des ratages. Outre de menus larcins, il tente d’assassiner le notaire Quiroga – dont la maîtresse l’excite fortement – mais ne réussit pas à voler l’argent de sa victime. Habitué (en spectateur) du Palais de Justice, Grégoire pense se perfectionner afin de commettre, le moment venu, un crime parfait. “N’allez pas vous imaginer que je ne sois qu’un bon à rien même si je compte à mon actif à peine quelques infractions qui, si j’avais été appréhendé, m’auraient à la rigueur traîné devant le tribunal correctionnel du quartier où mon audience aurait eu lieu après celles des voleurs de coqs et de papayes.”

Pour Grégoire, il est temps de passer aux choses sérieuses. Il s’attaque à une fille en blanc, qu’il croyait être une prostituée alors qu’il s’agissait d’une infirmière. Une agression qui ne sera aucunement médiatisée, ce qui déçoit terriblement Grégoire. Au cimetière, il a une conversation avec l’esprit d’Angoualima. Ce dernier s’agace d’avoir pour adepte un tel crétin, mais Grégoire y voit un encouragement à se montrer plus efficace. La cible de son meurtre idéal, programmé le 29 décembre, ce sera Germaine. Cette fois, il s’agit bien d’une prostituée – qu’il trouve trop romantique à force d’avoir des Blancs pour clients. Il réussit à l’attirer chez lui, Germaine n’ayant guère de domicile fixe. Oui, Grégoire est prêt, sûr de son fait. Il espère être à la hauteur d’Angoualima, son Grand Maître…

(Extrait) “Non, je ne m’imaginais pas dans ce scénario banal, ordinaire et propre aux petits malfrats, aux apprentis criminels. On n’entre pas dans la légende par la petite porte. Les bandits des deux rives de notre quartier auraient pouffé de rire pendant des mois. J’aurais à peine osé sortir de ma parcelle. On m’aurait collé un sobriquet du genre Poule Mouillée. C’était comme si je poignardais ma victime dans le dos. Or, un meurtre commis de dos ne compte pas pour qui sait faire les choses avec professionnalisme.”

Heureuse initiative que de rééditer ce roman jubilatoire d’Alain Mabanckou. Rappelons que cet auteur d’origine congolaise né en 1966 fut récompensé en 2006 par le Prix Renaudot. La liste de ses autres prix littéraires est impressionnante. Ses livres sont traduits dans une quinzaine de langues. Un écrivain majeur, à l’évidence.

La tonalité de cet "autoportrait d’un tueur" s’avère enjouée, ironique, souple quant à la narration. Avec sa tête carrée, le pauvre Grégoire ne sera jamais qu’un raté, perdu dans la masse de ces délinquants à peine capables de subvenir à leurs besoins par des rapines de bas-étage. Quant à tuer sans se faire alpaguer, voilà un projet probablement bien trop ambitieux pour un type comme lui. De quoi écœurer Angoualima, même s’il est mort.

Alain Mabanckou évoque-t-il ici "un certaine jeunesse africaine" sans grand avenir ? Ces "enfants ramassés", qui se soucie d’eux, en effet ? Une vraie culture (autre que les médiocres BD que lit Grégoire) pourrait orienter en mieux leur vie, sans doute. Ce peut être ce qui apparaît en filigrane. Néanmoins, c’est la drôlerie caustique du récit que l’on apprécie, que l’on retient. “African psycho”, un savoureux roman à redécouvrir dans l’œuvre d’Alain Mabanckou.

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