Imaginez un patchwork, dont chaque élément serait de couleur sombre. C’est un peu dans ce genre de construction que se décline la série de Pascal Martin consacrée aux Coureurs de la Nuit, des hommes et des femmes recrutés par le mystérieux Foch, créateur de l’organisation l’Œuvre. Chaque roman de cette saga se lit séparément mais on retrouve des personnages qui voyagent d’un livre à un autre, qui apparaissent furtivement ou tiennent le haut du pavé, qui sont évoqués, renvoyant à d’autres affaires déjà traitées. Ces Coureurs de la Nuit sont des orphelins enrôlés alors qu’ils purgent une peine de prison, et obéissent aux ordres de Foch sans se poser de questions, ou presque. Et souvent les enquêtent auxquelles ils participent les renvoient à leur propre passé, comme si l’un était subordonné à l’autre. Eva, dont le lecteur assidu avait fait la connaissance dans L’Archange du Médoc, vit à Sidney en Australie où elle exerce le métier d’orthophoniste. Que Foch lui enjoigne de quitter immédiatement son travail et de se rendre en France pour une enquête, cela ne la perturbe pas plus que cela, mais lorsqu’il précise que des habitants meurent plus vite et plus jeunes qu’ailleurs dans le petit village de Saint-Jean-du-Verdon, Eva est complètement tourneboulée. Ses parents sont morts trente-cinq ans auparavant d’un accident de barrage. Eva n’avait qu’un an et elle avait été retrouvée dans un couffin pris dans les herbes du rivage. Et c’est justement à Saint-Jean-de-Verdon que le drame avait eu lieu. Elle renoue donc avec un passé qu’elle n’a pas connu, ou si peu, et s’installe dans le nouveau village, reconstruit quasiment à l’identique de l’ancien enfoui sous les eaux du lac artificiel. Une certaine Alphonsine vient de décéder, soit disant de vieillesse. Les premières démarches d’Eva la conduisent auprès du maire de la commune qui lui indique qu’une jeune femme, Marie Dauman, s’est focalisée sur une carence en iode des habitants du village. Elle la rencontre et commence alors une galère dont elle aura du mal à se dépêtrer. Marie lui indique qu’un couple vivant en marge, les Robique, pourraient éventuellement lui fournir des précisions. La femme l’accueille comme un chien dans un jeu de quilles mais lorsqu’elle prétend qu’elle est médecin, sa démarche de vient plus aisée. Le Robique qui traîne dans les bois est atteint d’un énorme goitre et ne peut qu’émettre des sons. Toutefois il communique avec elle par ordinateur interposé, ayant appris seul à lire et écrire, sa sœur étant analphabète. Retournant au village, Eva est arrêté par des gendarmes, sous un prétexte futile, puis elle est renvoyée de son hôtel, le curé intégriste la rejette, le gérant du camping où elle s’est réfugiée la met à la porte. A chaque fois elle constate qu’un homme au faciès de renard la surveille. Le journaliste qui avait relaté l’évènement survenu trente-cinq ans auparavant veut bien la recevoir et lui montre même une morasse du journal qui devait paraître et qui finalement sera abandonnée. Peu après il est retrouvé la gorge tranchée par un cutter, la thèse du suicide étant retenue. Mais il aura eu le temps de la mettre sur une piste. Celle des yellowcake, des boues jaunes qui ont été transportées nuitamment lors de la construction du barrage, et qui contiennent une forte dose de radioactivité, à l’insu des villageois. Dans cette double enquête, celle sur le laboratoire expérimental organisé secrètement et celle sur sa naissance, Eva se démène aidée heureusement par ce couple de gitans auprès de qui elle trouve refuge et un policier marginal, Mignoni (qui apparait dans de précédentes aventures) et dont elle requiert les services. Pascal Martin lève, par le biais d’un roman policier et d’une fiction scientifique, le voile sur le problème des déchets nucléaires et des secrets-défense auxquels la population est confrontée sans en être avertie. Des mensonges organisés sciemment au détriment de la société, sous couvert d’expériences, et qui peu à peu se dégagent des brumes. On pourrait évoquer les essais nucléaires en Océanie ou dans le Sahara, et bien d’autres affaires qui deviennent des sujets brûlants. Mais aujourd’hui que penser des transports par voie ferroviaire entre Cherbourg et la Russie et le Japon de ces fameux déchets que Greenpeace et autres organisations écologiques dénoncent en vain. Que penser des agissements d’Areva ayant l’aval des gouvernements. Il est vrai que les intérêts financiers passent avant ceux de la population. Et moi qui habite à quatre-vingts kilomètres de la centrale de Flamanville et du centre de retraitement de La Hague, moins à vol d’oiseau, dois-je avoir peur ? Et on m’affirme que fumer provoque des cancers !
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