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BERNARD LEONETTI |
Gévaudan !Aux éditions POLARS&GRIMOIRES ÉDITIONS DU B |
2453Lectures depuisLe lundi 24 Aout 2009
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Une lecture de |
Julien vient d’hériter de la ferme de son oncle en Lozère. Ce Parisien pur jus, créatif dans la publicité, ne voit qu’une solution : mettre en vente cette maison d’un parent qu’il n’a pas connu, qui avait mauvaise réputation dans sa famille. Débarquer à Saint-Chély-d’Apcher, au cœur du Gévaudan, constitue déjà pour lui une aventure. Au bar de l’hôtel où il est logé, il entend parler des mystérieux décès récents de deux femmes. L’une avait tout l’air d’une prostituée. L’autre effectuait le pèlerinage de Compostelle avec son compagnon. Elles auraient été tuées par des animaux, d’aucun accusant des loups en maraude. Le notaire chez qui Julien a rendez-vous connaît bien l’histoire de sa région. Ces deux morts font forcément penser à la célèbre affaire de la Bête du Gévaudan, qui sévit de 1764 à 1767. Les faits historiques ont donné naissance à nombre de superstitions, de légendes, de rumeurs, prétextes à désigner quelques boucs émissaires. La ferme de l’oncle paria est véritablement située au milieu de nulle part. Quand Julien la trouve enfin, une curieuse “locataire” s’y est installée comme chez elle. Cette jeune Lisette a fugué de hôpital psychiatrique, où elle est soignée par le Dr Delorme. C’est une vraie sauvageonne mutique, bien difficile à amadouer. Sa sensualité brute attire Julien, qui en oublie son amie parisienne Nadège. Il ne parle à personne de la présence en ces lieux de Lisette, pas même à Delorme avec lequel Julien a sympathisé. Le médecin n’ignore rien de tous les fantasmes liés aux Bêtes mythiques. Même la théorie d’un cryptozoologue, érudit sur ces questions, ne l’impressionne pas du tout. Nulle base formelle ne vient étayer les diverses versions, ramassis de rumeurs. Animal préhistorique préservé, fauve importé d’Afrique, légende des “meneurs de loups”, ne sont que chimères. Une troisième femme a été attaquée par la Bête, mais elle est sauve. Néanmoins, un chasseur viandard nommé Raymond, un autre Tartarin taré de son espèce, et le pieux compagnon de la deuxième victime, ont décidé de réagir. Ils s’en prennent à Julien, accusant son oncle (parmi tous ses méfaits) d’avoir possédé un chien monstrueux. Ce serait ça, la Bête. Alors qu’ils frappent Julien, un marginal nommé l’Espagnol intervient. Avec ses pitbulls, il n’est pas moins inquiétant que le trio d’agresseurs. En réalité, sûr d’être le seul intéressé, l’Espagnol se porte acquéreur de la maison maudite de l’oncle de Julien. Lisette vit toujours là. Aussi, quand arrive Nadège, l’altercation violente en inévitable, la sauvageonne étant mieux armée que son adversaire. On dénombrera encore plusieurs victimes avant que la vérité sur la Bête ne soit faite… Avec ce quatrième titre de la collection Polars et Grimoires, dirigée par Renaud Marhic, nous revisitons l’affaire de la Bête du Gévaudan. Ces faits mystérieux, jamais sûrement résolus, restent dans notre mémoire collective. Au-delà des rappels historiques documentés, des hypothèses romanesques parfois farfelues qui furent émises, l’intrigue est actuelle. Une nouvelle série d’attaques mortelles, et l’ombre du monstre réapparaît. Soulignons un scénario à suspense plutôt habilement construit, très entraînant. Non seulement les scènes se succèdent à bon rythme mais, qualité majeure, chaque personnage tient ici un rôle dévolu. En effet, il n’y a pas vraiment de figurants dans ce récit, chacun ayant une vraie fonction, active ou informative. L’auteur évite une description rétrograde de la contrée, dessinant sans caricaturer des villages ruraux et peu habités. Toutefois, il ne manque pas d’ironiser sur les fanfaronnades de l’expert cynégétique local. Un roman solide et passionnant.
collection Polars & Grimoires Le mythe de la Bête monstrueuse, mangeuse d’enfants et de femmes, ne peut s’éteindre d’un seau d’eau balancé avec peur et répulsion. Au contraire, la rumeur amplifie les méfaits, les déforme, les invente, pour le plaisir de quelques personnes qui, n’ayant rien à dire veulent se rendre intéressantes. Prenez la bête du Gévaudan, par exemple. Bien des hypothèses ont été avancées, des racontars, des affabulations, des suppositions, des absurdités, mêlés parfois d’un fond de vérité, mais où traquer l’authenticité du mensonge, la véracité de la mystification même si l’un ou l’autre provient d’une croyance populaire entretenue par d’obscures raisons religieuses. Tony, petit truand en cavale avec deux jeunes femmes, des prostituées, pense qu’en se réfugiant dans cette contrée il va échapper aux recherches entreprises par Monsieur, un caïd de Montpellier qu’il a spolié d’une coquette somme d’argent. L’Espagnol, un vague cousin qui vit dans une caravane entouré de ses quatre pit-bulls, refuse de l’héberger. Tony est contraint de s’installer dans une vieille bicoque, loin de tout, démunie de tout confort, face à une mini rébellion de ses protégées. Julien Ferrand est publicitaire à Paris et il est fort étonné lorsqu’il reçoit une lettre émanant d’un notaire, d’apprendre qu’il hérite d’un oncle qu’il n’a jamais vu une maison à Saint-Chély-d’Apcher. Il n’aucunement l’intention de la garder, lui qui n’est jamais allé plus loin que le périphérique, mais il se rend quand même dans le petit village, histoire de visiter sa propriété et de la mettre en vente. La bourgade est en effervescence. Le cadavre d’une jeune personne a été découvert, et la mort serait due à une bête. Les morsures, les griffures l’attestent. Une autre femme est retrouvée gisant dans un ravin, effectuant avec son compagnon un pèlerinage vers Saint-Jacques de Compostelle. Les énervés de la gâchette, les Nemrod locaux s’excitent d’avance, malgré les tentatives de raisonnement du docteur Delorme, médecin psychiatre qui vient d’enregistrer la fuite d’une de ses jeunes pensionnaires. Tout ça c’est la faute aux loups, venus on ne sait comment, mais qui quadrillent la région, c’est sûr. D’ailleurs des témoins ont aperçu une bête rodant dans les parages. Reprenant le mythe de la bête malfaisante qui a sévit dans le Gévaudan entre 1763 et 1765, qui laissa dans son sillage 99 cadavres, et qui engendra la peur, les délires verbaux, les rumeurs plus ou moins fondées sur l’aspect de cet animal et sur sa provenance et autres épouvantes alimentées par des personnes mal intentionnées, Bernard Leonetti avec Gévaudan ! marie habilement la fiction à l’histoire rurale. La sauvagerie imputée à un animal pouvant déteindre sur des humains pour des raisons plus ou moins avouables. |
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