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JEROME LEROY |
A Vos Marx, Prêts, Partez !Aux éditions BALEINEVisitez leur site |
733Lectures depuisLe mardi 23 Juin 2009
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Une lecture de |
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Les seuls vrais maîtres du monde sont les six membres du Consortium. Cinq vieillards hommes et femmes, des momies ne paraissant pas leur âge, sur lesquels repose tout l’équilibre du système politico-financier, et leur factotum quinquagénaire, Alfredo Garcia. La crise économique qui secoue aujourd’hui toute la planète prend des allures pré-apocalyptiques, ce qui les inquiètent sérieusement. Si la population s’agite, c’est parce que resurgissent les mythes marxistes. Toutefois, les seigneurs ont une solution : éliminer physiquement Karl Marx, afin qu’il ne soit plus une référence, un espoir pour le peuple. Certes, il est mort depuis 1883, mais son idéal perdure. Deux ingénieurs au service du Consortium ont développé un projet, en parallèle de l’accélérateur de particules expérimenté sous la frontière franco-suisse. Il s’agit d’une machine à voyager dans le temps. Le premier test, avec pour cobaye un ex-détenu de Guantanamo, est une réussite. Gabriel Lecouvreur subit, lui, un autre genre de crise. Son couple avec la belle Cheryl s’enfonce dans une passion autodestructrice. La dérive du Poulpe se nourrit d’alcool forts à haute dose, de médicaments mélangés, et de nuits tristement orgiaques. C’est à chialer, tellement rien ne va plus avec Cheryl. Gabriel en arrive même à se disputer avec ses amis Gérard et Maria, qui viennent de rouvrir leur bistrot après les vacances. Il est encore mêlé à une baston dans un fast-food. Par chance, il tombe sur une capitaine de police sexy et marxiste. Car voilà la seule chose qui lui permet de ne pas sombrer complètement : Gabriel lit et relit les écrits prophétiques de Karl Marx. Il essaie même d’initier le jeune Abdoulaye, complice dans l’altercation du fast-food, à la pensée marxiste. Pourtant, il se détruit chaque jour un peu plus. Le Consortium a exigé qu’on envoie immédiatement cinq mercenaires en 1843 à Paris, afin d’abattre Marx. La machine n’étant pas prête, le ratage est complet : ils débarquent au cœur de l’insurrection de juin 1832, et sont victimes du carnage de ces journées révolutionnaires. Un des ingénieurs, qui prédisait ce problème, a été abattu avant cet échec. Mourant, il a eu le temps de glisser à Alfredo Garcia, le nom d’un ami de fac : Gabriel Lecouvreur. Le factotum du Consortium dispose de deux semaines avant le prochain voyage dans le temps, afin de trouver d’autres mercenaires pour tuer Marx. À Paris, Gabriel a renoué avec Gérard et Maria, mais rien ne s’arrange du côté de Cheryl. C’est alors que se présente à lui Alfredo Garcia. Sans détour, il lui explique les faits, et les raisons pour lesquelles il doit trahir le Consortium… Science-fiction et roman noir constituent depuis toujours les deux sources d’inspiration de Jérôme Leroy, dont les nouvelles et romans ont souvent fustigé les excès de l’esprit ultra-libéral. Les responsables du fiasco économique sont ici symbolisés par ces éternels vieillards, caricaturaux et sans pitié, qui dominent toute l’activité mondiale. C’est un Gabriel dépressif à l’extrême, plus écorché vif que jamais, qu’on nous présente dans cet épisode. Hormis Marx point de salut, estime-t-il, incapable de se concentrer sur la moindre mission. Pourtant, il finira par voyager jusqu’au 19e (siècle), y croisant entre autres une aïeule de sa Cheryl. L’auteur cite plusieurs extraits des écrits de Karl Marx, d’une étonnante modernité. Soulignons quelques clins d’œil : Alfredo Garcia fait référence au film de Sam Peckinpah (1974) ; et le personnage de John Milius emprunte le nom d’un cinéaste américain (“Dillinger”, “Conan le Barbare”, co-scénariste de “L’inspecteur Harry”) ; on revit aussi une scène cruciale des “Misérables”. Un Poulpe plutôt sombre, donc, mais inventif et passionnant, incitant sans doute à la réflexion. |
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