|
|
BERNARD LEONETTI |
0666Aux éditions EDITIONS DU BARBU |
2473Lectures depuisLe mardi 9 Juin 2009
|
Une lecture de |
Marcel Dupin est détective privé à Laville. Ce quinquagénaire fantasme sur les héros, agents secrets de roman ou de cinéma entourés des plus belles femmes, qu’il ne risque pas d’égaler. Jouer au héros façon Nestor Burma, c’est déjà ça. Marcel n’est sans doute pas aussi efficace que son collègue Anastase, détective sérieux dont il fut l’employé. Néanmoins, Marcel a résolu l’épineuse affaire Jason, son seul titre de gloire. Encore que, sans l’esprit mathématique de son neveu Édouard, brillant informaticien, Marcel aurait échoué. Les clients ne se bousculent pas dans l’officine (c’est ainsi qu’il appelle son bureau, ne le contrarions pas) de Marcel. Sabine de Génovis s’adresse à lui, afin qu’il retrouve sa fille disparue, Maribelle, étudiante de 26 ans. Marcel comprend bientôt que, premier contacté, Anastase a abandonné l’affaire. Le père de la disparue est le patron de la société d’informatique HTC, où Édouard est employé. Tétraplégique, ne recevant personne, Henri de Génovis reste un cerveau. Aurait-on enlevé Maribelle afin de viser cette puissante entreprise ? La jeune fille semblant sous l’influence d’un maître à penser, Marcel Dupin penche pour l’hypothèse d’une secte. Même si Maribelle est qualifiée de sérieuse, son appartement n’est pas si bien tenu. L’ordinateur semble l’unique élément qui importait à la disparue, par ailleurs accro du téléphone portable, comme il se doit. Autant de domaines auxquels Marcel est parfaitement hermétique. Un coup de main de son neveu sera le bienvenu. Entre-temps, Anastase contacte Marcel. Il parait sur la défensive, comme traqué, conseillant à son ex-enquêteur de se méfier de tout, lui confiant de curieux codes. Édouard explore l’ordinateur de Maribelle, sous le regard de Marcel. Elle fréquentait un espace virtuel, le Monde d’Henri, sorte de Second Life. C’est comme un club sécurisé où même le code 666, reçu d’Anastase, est insuffisant pour pénétrer. Il faut être connecté avec un portable de toute dernière génération. Marcel se renseigne sur 666, le nombre de la Bête, porteur de tant d’imaginaire assez malsain, symbole de cette idée de secte à laquelle tient le détective. Pas une banale secte mais une salle affaire, selon le témoignage d’Anastase. Quant à Mme de Génovis, elle prétend que le Monde d’Henri n’est qu’un divertissement. Elle fait découvrir à Marcel un jeu virtuel sexuel, qui déroute le détective. Se concentrer sur le Monde d’Henri, y pénétrer sous avatar, c’est la bonne solution – mais elle n’est pas sans danger mortel… L’intrigue et le climat de cette histoire ne sont pas si ordinaires, il est bon de le préciser. Certes, l’auteur attribue à ce brave Marcel Dupin (référence à La lettre volée, de Poe) un petit air ridicule façon Hercule Poirot et un côté rétro à la Nestor Burma. Avec ce minable détective, aussi sympathique qu’incompétent, on commence dans la fantaisie, l’humour farceur. Mais, bien qu’il déplore certains usages actuels, Marcel vit au 21e siècle. Les Webcams, les métavers, les avatars, tout le jargon informatique le dépasse. Toutefois, il possède plus d’instinct qu’il ne le croit, celui de l’Être humain. Un Modérateur anonyme qui intervient sur une ligne téléphonique, son neveu qui s’enferme pendant deux jours dans un monde artificiel, ou quand on lui fait tester un genre de baisodrome virtuel, ce sont des situations qu’il ne maîtrise pas mais qu’il peut chercher à comprendre. Et c’est ainsi qu’on avance peu à peu vers la noirceur, sur un chemin jalonné de cadavres. Une belle illustration par le polar d’un phénomène programmé, la lobotomisation de l’ensemble de la population. |
Autres titres de |