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STEPHANE LEFEBVRE |
OpaleAux éditions LES NOUVEAUX AUTEURSVisitez leur site |
594Lectures depuisLe mardi 21 Avril 2009
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Une lecture de |
Robin Mésange est journaliste pour un petit hebdo de la Côte d’Opale, L’Éclair Boulonnais. Coutumier d’articles locaux peu excitants, Robin tient cette fois un scoop. Il a photographié un suicidé chutant de la falaise au Cap Blanc-Nez. Mais quand il analyse les clichés, il remarque une tâche jaune anormale. Ce pourrait être un poussin géant, mais il pense plutôt à une présence suspecte. S’adressant à la police, Robin est reçu par la lieutenant Léa Gauthier. Immédiatement, il tombe amoureux de la jeune femme. Autant pour un futur article que pour Léa, Robin entreprend de trouver des indices concrets. Il s’introduit par ruse chez Hochart, le présumé suicidé. Il comprend que son matériel informatique a disparu. Ancienne nounou de Robin, Valentine reste sa seule “famille” depuis que la mère du journaliste est atteinte d’Alzheimer. Veuve d’âge mûr, elle entame une relation romantique avec un homme de sa génération, Abdelattif. Robin en est heureux pour elle, espérant que son prétendant ne la décevra pas. Le journaliste s’aperçoit qu’il est pisté par un skater. Le jeune Tony veut seulement l’informer d’une affaire sordide. Élève au lycée Charlemagne, la séduisante Leïla s’est suicidée après été victime d’un viol collectif par des adultes. Tony pense que Hochart, employé au labo du lycée, fut l’un des violeurs. Avec l’accord de Jib, son rédacteur en chef, Robin va poursuivre l’enquête, en suivant cette piste du lycée. Quand se produit un autre décès violent, le journaliste est longuement interrogé par le collègue de Léa. Delplace, un prof de Charlemagne, a été découvert égorgé. Toutefois, selon la police, un suicide n’est pas exclu. Affirmant qu’il n’a pas assassiné Delplace, Tony imagine qu’un justicier s’est chargé de venger Leïla. Effectivement, Hochart fut impliqué dans une affaire de mœurs et Delplace pouvait avoir été complice du viol. Sous le prétexte d’un reportage généraliste, Robin enquête au lycée, interrogeant les copines de Leïla. Mlle Kramé, la prof de physique avec laquelle travaillait Hochart, l’intrigue quelque peu. Par ailleurs, Robin se demande s’il doit toujours avoir confiance en Léa Gauthier, dont le petit ami est prof de philo dans le même lycée. L’analyse de médicaments trouvés chez Hochart, et des vêtements découverts dans la cave de Delplace, constituent des indices prouvant le lien entre les deux hommes. Une mise au point entre Robin et Abdellatif est maintenant nécessaire, car il s’avère que l’ami de Valentine connaissait bien la jeune Leïla. Même s’il a caché beaucoup de choses sur son passé, Abdel n’est pas ce justicier qu’évoquait le skater Tony. Ils continuent à enquêter ensemble, au risque d’être inquiétés quand le vrai coupable fournit de fausses preuves contre Abdel. Si la mémoire de l’ordinateur d’Hochart a été nettoyée, le duo doit désormais retrouver une vidéo désignant les vrais responsables de l’affaire… Si “Opale” s’est vu décerner le Prix VSD du polar 2009, c’est amplement mérité. Car ce long premier roman (630 pages) de Stéphane Lefebvre s’inscrit dans la belle tradition du roman populaire. C’est un héros sans prétention, assumant comme il peut les évènements, qui nous raconte ses mésaventures. Certes, son enquête amateur débute avec un souriant dilettantisme. Mais il a mis le doigt sur une affaire bien plus glauque. Avec sa maladresse ou ses incertitudes d’adulte pas encore mûr, Robin est aussi sympathique que touchant. Toutefois, on peut regretter l’abus de références à la culture-télé (même le nom du policier Terrasson est issu d’un feuilleton). La relation entre Léa et Robin, où ce dernier a du mal à prendre l’avantage, est très convaincante. L’auteur hésite à rendre Léa réellement suspecte, c’est un peu dommage. La tendre Valentine (qui “pouvait se révéler aussi douce et indulgente qu’un légionnaire”) et son ami Abdellatif, dont la délictueuse spécialité d’antan sera bien utile, sont aussi de savoureux personnages (pas si secondaires, passant bientôt au premier plan). La principale qualité de cette histoire : conserver une tonalité narrative enjouée, alors que certains aspects sont carrément durs, ce qui n’est pas un mince exploit. Avec des formules comme “Je profitai de la sortie de la messe pour interpeller deux dames assez ridées pour avoir assisté à la Crucifixion” ou “Un club SM au lycée, telle était ma réponse à la devinette. Une occupation comme une autre pour une jolie lycéenne, entre les clubs poterie et badminton. Vachement plausible”. Visiblement, le plaisir d’écriture n’est pas un vain mot pour Stéphane Lefebvre. C’est sans doute ainsi qu’il réussit à nous captiver sur un aussi foisonnant récit. |