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STIEG LARSSON |
MilléniumAux éditions ACTES N OIRS |
1970Lectures depuisLe mardi 2 Juillet 2008
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Une lecture de |
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Si vous avez manqué Millénium !
Si vous avez manqué Millénium, saison 1 : « En Suède, 92% des femmes ayant subi des violences sexuelles à l’occasion d’une agression n’ont pas porté plainte. » La Suède, ça fait peur, non ? Les hommes qui n’aiment pas les femmes, Mikael Blomkvist n’en fait pas partie. Il travaille à Millénium, une revue économique qui ne mâche pas ses mots. Condamné pour propos diffamatoires, il se voit proposer d’enquêter sur la disparition d’Harriet, jeune adolescente, il y a 40 ans. En parallèle, Lisbeth Salander, officiellement attardée mentale sous tutelle, officieusement intelligente écorchée fouineuse qui excelle dans les enquêtes personnalisées, se voit chargée d’enquêter sur Mikael. Les deux devaient se rencontrer. Ils se tiennent les coudes alors dans une plongée en eau profonde et noire où fascisme et psychopathes barbotent et tripatouillent sur fond de haine familiale doublé de magouilles financières. Si vous avez manqué Millénium, saison 2 : Le deuxième tome, après un titre accrocheur (La fille qui rêvait d’un bidon d’essence et d’une allumette), s’ouvre sur un chapitre déroutant : une jeune fille attachée semble aux mains d’un maniaque : Elle était attachée sur une étroite couchette au cadre en acier. Des courroies de cuir l’emprisonnaient et un harnais lui maintenait la cage thoracique. Elle était couchée sur le dos. Ses mains étaient retenues par des lanières en cuir de part et d’autre du lit. (…) Elle rêvait d’un bidon d’essence et d’une allumette. (…) Elle esquissa un sourire totalement dépourvu de joie et se blinda. C’était la nuit de ses treize ans. Millénim enquête sur les prostituées exportées des pays de l’est à l’aide de deux jeunes journalistes amoureux. Mikael, lui, est-il amoureux de Lisbeth Sander ? On ne sait, si ce n’est qu’elle lui manque. Mais alors que le numéro doit sortir, les deux jeunes journalistes sont assassinés. En parallèle Mikael croise Lisbeth qui s’enfuit (elle semble être victime d’une agression). Et les deux affaires finissent par se rejoindre. C’est Salander qui est accusée du meurtre des deux journalistes. Mikael n’y croit pas. Il enquête… Cette trilogie dont La reine dans le palais des courants d’air est le troisième tome de Millénium, une formidable saga polar de plus de 2000 pages. L’auteur, Stig Larsson, est décédé juste après avoir remis son œuvre. Gros succès : 1,5 million d’exemplaires écoulés en Suède en deux ans, plus de douze traductions, des droits télés en cours…et un imbroglio judiciaire (la fiancée de Larsson ne touche rien du travail de l’auteur et donc, par rétorsion, garde les centaines de pages dans l’ordi de son amant décédé, prélude à un quatrième tome ?). Difficile de résumer le troisième tome à des lecteurs n’ayant pas lu le second (à la rigueur, le 1 n’est pas nécessaire au 2) puisque c’est quasiment une suite. Cette fois-ci Mikael et Lisbeth vont se battre contre l’État suédois, en l’occurrence contre une de ses officines secrètes (la Section) qui ne semblent obéir qu’à elle-même et emploie hommes et méthodes qui ne s’embarrassent pas des oripeaux de la démocratie suédoise (– Il faut que tu comprennes que la Section est le fer de lance de l’ensemble de la Défense suédoise. Nous sommes la dernière ligne de défense. Notre boulot est de veiller à la sûreté du pays. Tout le reste n’a aucune importance.), basée sur la liberté d’expression (La démocratie suédoise est basée sur une seule loi et peut être abrégée en trois lettres : YGL, pour yttrandefrihets-grundlagen, la loi fondamentale sur la liberté d’expression. L’YGL établit le droit imprescriptible de dire, d’avoir pour opinion, de penser et de croire n’importe quoi. Ce droit accordé à tous les citoyens suédois, de nazi attardé à l’anarchiste lanceur de pierres en passant par tous intermédiaires*). Vous pouvez vous réfugier derrière deux arguments (la traduction est légère et je ne vais pas lire ce que tout le monde lit) et ne pas lire Larsson. Vous pouvez aussi ouvrir ces milliers de pages et vous moquer de tout argument, si ce n’est le votre ; le plaisir d’une formidable saga et la plongée dans les eaux plus troubles que froides de la démocratie suédoise. Parce qu’il y a longtemps que vous ne faites plus rimer qualité ou médiocrité avec succès ou bide.
* On peut voir ici une méconnaissance totale de l’anarchie (l’ordre moins le pouvoir !).
François Braud, Mes dix polars de l’année 2007, tome 7 |