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BERNARD LEONETTI |
Gardarem Lou TopiaAux éditions EDITIONS DU BARBU |
1288Lectures depuisLe mardi 28 Mai 2008
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Une lecture de |
Après de longues années, Ange est de retour à Cabanis, en Occitanie. Mais le village de sa jeunesse est devenu une petite ville. Évolution pas très réussie, selon lui. Le ghetto des Hollandais, l’immobilier qui ne s’adresse qu’aux Anglais, 4x4 venus d’ailleurs, fast-food, terrain de golf, et un casino en projet. Si le vieil anar Maurice est toujours là, si Fernand – le meilleur ami du père d’Ange – tient encore son bistrot, la place des autochtones se réduit bien vite. S’il revient, c’est qu’Ange reste hanté par l’anglaise Tiffany, amour platonique d’antan, mariée depuis à un bellâtre. Savoir si elle a éprouvé quelque sentiment… M.Théo est aujourd’hui un des maîtres du secteur, protégé par ses sbires Luigi et Pedro. Le gratin étranger fréquente ses garden-parties à Cabanis City. Il est ami avec le maire Marousse, plus Parisien qu’enfant du pays. Ange fut naguère un des hommes de mains de M.Théo, truand surnommé l’Aspic. S’il doit lui demander de l’aider à trouver un job, Ange n’est pas prêt à accepter n’importe quoi. Antoine et les ami(e)s de jeunesse d’Ange forment toujours la même bande de “vauriens”. Sur son terrain, où sont disposés deux mobil-homes, Antoine fait de la résistance. Plutôt de la provoc, contre les étrangers et les gendarmes. Il risque l’expropriation, pour le projet de casino. Des réminiscences d’avant son départ perturbent encore Ange. Il se rend compte qu’ici, tous savent qu’il a fait de la prison. Le maire lui propose un poste d’agent municipal officieux, pour surveiller les contestataires tel Antoine. C’est à Myriam, fille de Fernand, qui était amoureuse d’Ange, que celui-ci raconte sa vie à Paris. L’honnêteté ne payant pas, la délinquance le mena en prison, avant de devenir garde du corps pour l’Aspic. Ange souhaite acheter le terrain d’Antoine, y construire une grande maison, y créer une communauté libre. Son ami n’est pas si enthousiaste, conscient que l’avenir est déjà planifié... Calmant ses douleurs au Xanax (“médicament palindrome”), cet admirateur de Jim Morrison est un héros pur et dur, de ceux qui n’échappent pas à leur noir destin. Sur la pente fatale, se rebeller une dernière fois. «M.Théo dans son nid de vipères. Avoue, Ange, que tu les hais, ces personnages sûrs de leur importance, sûrs d’avoir des droits et seulement des droits dans cette vie.» En toile de fond, l’auteur développe le thème identitaire, le lien avec la terre natale. Pas question de xénophobie, du refus de l’autre. Mais, pour lui, quand de riches Européens s’installent dans une région et imposent leurs règles, c’est de colonisation dont il s’agit. Ils profitent, sans créer d’activité utile à tous, écartant les “indigènes”. Les vieux idéaux, anars ou utopistes, n’y peuvent rien. L’écriture est nerveuse, fièvreuse comme les colères intérieures d’Ange. Dans la bonne tradition du roman noir militant.
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