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FRANCOISE LAURENT |
DollaAux éditions KRAKOENVisitez leur site |
2383Lectures depuisLe mercredi 13 Fevrier 2008
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Une lecture de |
En 2018. Dans la région niçoise, une “communauté des anciens” regroupe d’ex-soixante-huitards, désormais septuagénaires. Cette troupe hétéroclite habite une bâtisse, le Moulin, sur la rive du Paillon. Ils sont tous réunis pour les obsèques de Dolla, la compagne d’Augustin. Naguère, le bistrot du couple fut le centre de gravité de leur groupe. L’optimiste Dolla les fédérait. Augustin a du mal à se remettre du décès de celle avec qui il a partagé cinquante ans de bonheur. La présence de leur fils Boris, un dandy friqué loin de leurs idéaux, ne le console pas. Il est venu avec sa belle et froide fiancée Gaïa, étudiante en médecine. Ici, chacun reste fidèle à ses convictions d’antan. Ce qui occasionne parfois de houleux débats. Arthur, leur docteur, veille sur leur santé. Clémence, jeune punkette destroy, s’occupe de l’intendance. Ces vieux rebelles constituent un pathétique îlot de résistance dans ce monde individualiste, formaté, sécurisé par des milices. Si la mort de leur copain Lionel le soir des obsèques peut sembler naturelle, celle de Joséphine est plus suspecte. Des traces d’insuline poussent Arthur et Augustin à s’interroger. Les “papys boomers décatis” offrent à leur amie chanteuse un ultime hommage en chœur à l’hôpital. Quand Igor s’aperçoit qu’on lui a volé ses grosses économies, il fait une crise. Les potes marginaux de Clémence sont-ils concernés ? Arthur a des ennuis avec la milice pour s'être montré trop curieux. Augustin ne comprend pas ce qui dérape. Venue d’ailleurs, la voix de Dolla l’incite à réfléchir à des coïncidences troublantes... Un demi siècle après, l’esprit de mai 68 n’est pas éteint chez ces sympathiques contestataires. Bien que décrépits, et conscients de l’échec des utopies, ils ont encore envie d’action. Ce roman est une projection dans un avenir proche – dix ans. À moins d’une improbable réaction citoyenne, ce futur inquiétant, uniformisé, s’annonce dès aujourd’hui d’une infinie morosité. Le recensement obligatoire des seniors évoqué ici n’apparaît pas une invention farfelue. Malgré tout, c’est sur un ton amusé, qu’à travers les états d’âme d’Augustin, l’auteur nous raconte les aventures de ces nouveaux Résistants. Restons aussi optimiste que la regrettée Dolla.
Françoise Laurent nous plonge dans la nostalgie, océan sans fin qui s’échoue sur les rives de la mort. A moins que… à moins que… Dolla ne soit pas morte de mort naturelle Mais dans ce cas là, attention aux bombes humaines!
Krakoen, janvier 2008, 249 pages, 9 € 4° de couverture : Dolla est morte. Augustin qui partagea sa vie durant 50 ans est anéanti. Dolla est morte ! Dans la communauté de soixante-huitards blasés, au sein de laquelle elle rayonnait, c'est la désolation. D’autant que, coup sur coup, d’autres s’en vont à leur tour. Morts naturelles ? Accidents ? Lorsque Clémence, jeune junkie hébergée par la bande cacochyme, vient à disparaître de façon suspecte, c’en est trop. Augustin décide qu'il est temps de s’opposer au destin. Une certitude : les pourris qui ont supprimé Dolla, Clémence et les autres ne l'emporteront pas au paradis. Une fiction pleine de tendresse pour des personnages dont la main tremble plus que l’esprit ou le cœur ! Enquête, anticipation, fable sociale : vrai polar d’une belle noirceur. Tout y est.
Je vais être franc, les romans qui mélangent les genres, ici policier et anticipation sociale, c’est pas vraiment mon “truc” ! Et quand, dès le premier chapitre, j’ai lu : “Hier, vendredi 3 mai 2018...” mon esprit s’est cabré, mais j’ai fait un petit effort et j’ai continué. J’ai bien fait car j’ai accroché à cette histoire qui, sous les apparences d’un roman policier bien ficelé et à travers une galerie de personnages hauts en couleurs, nous décrit un avenir qui, si on n’y prend pas garde, sera peut-être le nôtre dans quelques années.
Au final, la vie serait douce, si la mort ne rôdait pas autour d’eux, ne frappait pas sur un rythme de plus en plus véloce. Nostalgie, dystopie et utopie s’emmêlent dans une succession de moments, de moments qui vont crescendo vers le petit matin, quand tous les vieux s’uniront et s’avanceront sur le pavé à Londres, à Paris, Budapest et Berlin. Ce sera la fin de la nostalgie de ce lointain passé où ils croyaient que changer le monde était à portée de mains, que faire table rase n’était qu’une question de mois, voire de semaines ; ce sera la fin de la logique implacable qui, de privatisations en rationalisation, aboutira un peu plus tôt un peu plus tard à la barbarie ; ce sera l’éclosion de l’avant-garde qui mettra le feu à la plaine dans son assaut du ciel. En peu de mots : ce Dolla fait plaisir à lire tant il hurle « Debout les damnés de la terre! » |
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