HERVE LE BEVILLON

Un séparatiste breton a été assassiné au cœur de Rennes en pleine nuit. De retour depuis peu en Bretagne, le commissaire Bellec est chargé de l’affaire. L’intransigeant Préfet de Région met la pression, soulignant les risques venant des milieux autonomistes. Il exige quelques arrestations pour calmer l’opinion. Avec son équipe du SRPJ, qui ne compte pas que des flics sains, Bellec cherche la raison de ce meurtre… et d’un deuxième, commis dès le lendemain. Une militante culturelle estimée a été abattue à Lorient. La revendication d’un groupe s’intitulant «Honneur de la France» laisse le policier perplexe. Suivent les meurtres d’un éditeur de livres en breton, d’un rattachiste nantais, d’une autre militante reconnue.

Les victimes étaient toutes célibataires. Les armes utilisées font penser que les tueurs fréquentent des clubs de tirs. Entre indices et hypothèses, Bellec essaie de faire le tri. La piste politique parait improbable. D’ailleurs, dans les groupuscules régionalistes, on s’interroge, on se concerte, afin de comprendre. On est même prêt à s’armer, pour châtier les assassins. Le fantôme de l’Armée-Bretonne plane. Tandis qu’une manifestation monstre se prépare, Bellec envisage des pistes : le frère de l‘éditeur tué est un sniper des Services Secrets ; un flic briochin est carrément facho.

«Honneur de la France», dont les messages ne sont qu’un charabia délirant, c’est sans doute un tueur seul, ou juste un duo. Bellec doit d’abord contrer les cow-boys de la division anti-terroriste, dont le chef déteste les Bretons. Une nouvelle victime est à déplorer. En l’absence du Préfet, Bellec observe la grande manifestation rennaise. Un drame est à craindre…

Le principal objectif de ce roman d’enquête est d’explorer les mouvances militantes bretonnes, pacifiques, nombreuses et parfois opposées. Le point commun de ces petits groupes, c’est une appartenance au «sentiment breton», partagé par une grande partie de la population. L’auteur souligne aussi le mépris toujours vivace des autorités centralistes. Il nous offre quelques portraits savoureux. Quant à l’aspect criminel, l’affaire est traitée par un policier plutôt humaniste. Si l’énigme principale concerne un éventuel tueur en série, plusieurs suspicions annexes jalonnent le récit, mouvementé sur la fin. Un suspense très plaisant, documenté sur les régionalistes.