En 1876, Goulven Dénès est gardien-chef au phare de Gorlébella, dans le Raz de Sein. Originaire du Léon, il suivit des études religieuses, avant de devenir marin. Puis il épousa la belle Adèle Lézurec, native du Trégor. Pour elle, il choisit d’être gardien de phare. Tant que Goulven occupa des postes à terre, le couple vécut heureux. Ensuite, il fut affecté au large de la Pointe du Raz. Restant seule les deux tiers du temps, Adèle s’adapta mal à la population Capiste de la contrée. En mer, la séparation était aussi douloureuse pour Goulven. Son service irréprochable à Gorlébella lui permit de compenser cette épreuve.
Malgré les efforts de Goulven, la situation conjugale se dégradait. L’ombre de la femme Chevanton contrariait Goulven. Epouse d’un collègue, cette îlienne de Sein lui semblait néfaste. Adèle sollicita un poste au phare pour son cousin Hervé Louarn. Celui-ci inspirait à tous la sympathie. Il fut amicalement accueilli par le couple. Adèle se montra plus souriante, calme et casanière. Quand Goulven était au phare, Louarn tenait compagnie à Adèle, en présence de Mme Chevanton. Goulven appréciait cette amélioration. Les légendaires « démons du Raz » assombrirent bientôt son naïf bonheur. En l’absence de Goulven, l’îlienne Chevanton veillait. Preuves à l’appui, son témoignage détaillé fut accusateur. Dans un premier temps, la déception de Goulven fut terrible...
Œuvre du grand écrivain breton Anatole Le Braz (1859-1926), ce drame d’antan conserve toute sa force. On peut le lire comme un roman historique régional. L’auteur décrit en témoin la Bretagne de cette époque. Le décor sauvage proche de la fameuse Baie des Trépassés se prête idéalement à l’ambiance. Quant à la construction narrative, elle propose un vrai suspense astucieux. Nous disposons d’éléments nous rendant moins candides que Goulven. Mais quelle fut la progression jusqu’à l’issue probablement fatale ? Tel est le moteur de l’intrigue. Fine allusion : en breton, Louarn signifie renard. Un excellent roman, méritant d’être redécouvert.
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