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FREDERIC LENORMAND |
Ne Tirez Pas Sur Le Philosophe !Aux éditions JCLATTESVisitez leur site |
801Lectures depuisLe jeudi 13 Avril 2017
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Une lecture de |
Série Voltaire mène l'enquête. Parution le 8 mars 2017. 350 pages. 19,00€. Il peut encore servir... Légèrement imbu de sa personne et de l'aura dont il pourrait jouir grâce à ses écrits philosophiques, Voltaire revient à Paris, après un an d'absence, pensant être accueilli par une foule en délire. Las, personne ne se précipite au devant de son équipage, il peut franchir l'octroi sans même être embêter par les douaniers. Franchement c'est lui faire injure. Alors il regagne son domicile rue de Longpont, chez les époux Dumoulin, et décide d'arroser Paris de papillons publicitaires (à l'époque il n'était pas encore en usage de parler de flyers !) vantant ses mérites. Naturellement il reçoit chez lui des quémandeurs, mais ce sont des quémandeurs peu intéressants. Si, quand même, les d'Alas, une fratrie de protestants qui se plaignent des agissement d'un ecclésiastique avec lequel ils entretiennent des relations plutôt tendues. Tellement tendues que l'un d'eux a reçu une bastonnade qu'il n'a pas digérée, obligé de garder le lit durant quelques temps. Le curé hargneux est un certain père Elisabeth, et le portefeuille garni que lui offrent les trois frères est convaincant. L'abbé Linant, dont la principale préoccupation est de nourrir son estomac, et celui de Voltaire par la même occasion, se voit remettre sur le marché, non point une profession électorale, mais un billet de réclame pour un musée de curiosités anatomiques, tenu par maître Hérissant, taxidermiste de profession. L'entrée n'est pas donnée, mais la curiosité poussant le philosophe, une visite s'impose. L'empailleur vient justement de recevoir une jeune fille qui a été pendue, coupable d'avoir dérobé à son maître des chemises. La foule, toujours avide de sensations fortes, a pu remarquer que le bourreau a laissé le soin à son apprenti de réaliser la pendaison a sa place, un travail saboté aux yeux de tous. Tellement saboté que la jeune fille n'est pas tout à fait morte. C'est ce que peuvent constater Voltaire et son secrétaire, ainsi que Hérissant qui perd une pièce à naturaliser. Blanche est emmenée chez le philosophe et il est procédé à un bain revigorant et nettoyeur. Et lorsque la belle Emilie, marquise du Châtelet et néanmoins amante de Voltaire, débarque à l'improviste, c'est pour voir une nymphette à moitié nue, ou à moitié vêtue, déambuler dans l'appartement. Bon ami, ainsi est surnommé Voltaire dans les bons jours, narre, pour faire diversion, les problèmes rencontrés par la fratrie d'Alas avec l'abbé commanditaire, le Père Elisabeth. Et pour faire diversion, c'est loupé. Elisabeth Théodose de Breteuil n'est autre que le frère d'Emilie. Emilie n'aime pas que l'on touche à sa famille, philosophe ou pas. Elle propose une sorte de marché, elle lance un défi à l'écrivain aux écrits pas vains : Le premier qui résoudrait le problème de Melle Blanche alias Cunégonde prouverait sa supériorité en matière de générosité, d'efficacité dans l'établissement des droits humains, dans la protection de la liberté, et règlerait à sa façon l'affaire d'Alas. Jolie joute en perspective, d'autant que des cuillers disparaissent mystérieusement et réapparaissent tout aussi mystérieusement dans les effets de Blanche, et que des morts vont interférer dans cette enquête qui va mettre aux prises les deux amants, adversaires le temps de prouver à l'autre une supériorité factuelle, et que des personnages font leur apparition au grand dam des deux antagonistes. Ainsi Marguerite, veuve du marquis de Bernières, qui aimerait bien mettre Voltaire dans son lit afin de lui réchauffer les pieds, ou encore Hérault, lieutenant général de police et Tamaillon son adjoint. Sans oublier que le précédent maître de Blanche a disparu dans des conditions inexplicables, jusqu'à ce que son corps soit retrouvé.
Joyeusement iconoclaste et sympathiquement irrévérencieux, Ne tirez pas sur le philosophe ! est une récréation pour le lecteur. Selon la quatrième de couverture, En San Antonio du thriller historique, Frédéric Lenormand crée des héros infatigables, hauts en couleurs. Si je suis entièrement d'accord sur les deux dernières affirmations, la première, elle, me laisse dubitatif, même si l'on peut lire, par exemple : Je ne la connais ni d'Eve ni d'avant. Alors que San Antonio écrivait : Je ne la connais ni des lèvres ni des dents. Mes références iraient plutôt vers P. G. Wodehouse ou Jerome K. Jerome, deux auteurs britanniques certes, mais dont le style de l'auteur se rapproche sérieusement, ou pas. Le mieux est peut-être de vous proposer un florilège de citations : Tous les coups sont permis quand on est homme de foi, c'est l'Eglise qui définit la morale.
Un vieillard qui meurt, c'est une bibliothèque qui brûle. Hélas, souvent, le bibliothécaire était gaga.
Dans la pièce mitoyenne, son frère Elisabeth s'amusait avec les enfants, une occupation bien masculine. Il jouait à l'inquisiteur avec les peluches, Torquemada-tortue s'apprêtait à brûler sur un bûcher M. Lapin-marrane, ses neveux battaient des mains, il n'est jamais trop tôt pour inculquer à la jeunesse la véritable échelle des valeurs chrétiennes.
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