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YANN DE L ECOTAIS |
Mortelles CliniquesAux éditions HORS COMMERCEVisitez leur site |
213Lectures depuisLe mardi 14 Decembre 2016
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Une lecture de |
Collection Hors Noir N°17. Parution le 14 septembre 1999. 188 pages. Hommage à Yann de l'Ecotais, né le 14 novembre 1940.
Simon Agassapian, plus familièrement surnommé Gas, est un détective privé qui exerce dans un esprit quelque peu dilettante. Il n’a pas besoin de rentrées d’argent mensuelles fixes, son compte en banque, alimenté par papa qui fit fortune dans la chaussure, progressant constamment grâce à de judicieux placements boursiers. A part sa collection de voitures anciennes, dont une vénérable deudeuche, Ophélie sa fidèle et tentatrice secrétaire qu’il se refuse d’honorer par scrupule pour son jeune âge, ses fréquentes visites à ses parents dans l’Yonne, Joséphine son ardente maîtresse qui sait comment le mettre sur les rotules, il n’aurait rien à demander de plus à la vie. Sauf quand sa mère chagrinée lui narre qu’une de ses amies est décédée lors d’une opération bénigne dans une clinique de la région. Sauf quand un journaliste localier décède dans un accident de voiture alors qu’il enquêtait sur une série de morts accidentelles dans la même clinique, sans causes apparentes. Sauf quand il apprend que la voiture du dit journaliste a été sabotée. Sauf quand un motard s’acharne à vouloir le suivre dans les petites routes de campagne sans qu’il ait demandé à bénéficier d’une escorte dans ses déplacements. Ses recherches, ses investigations, souvent en pointillés l’amènent à s’intéresser de près à une société spécialisée dans la distribution d’eau.
Yann de l’Ecotais n’oublie pas qu’il fut journaliste, directeur de la rédaction de l’Express de 1987 à 1994. Mais il imbrique avec humour baroque et gravité les amours tumultueuses entre son héros et Joséphine, maîtresse femme qui n’a peur de rien pas même d’éventuelles rivales, et un problème de société : la mainmise financière de nombreux consortiums diversifiant leurs activités et qui pour se donner bonne conscience allient l’utile à l’agréable : l’utile étant la productivité au détriment des relations humaines, l’agréable étant le rendement boursier, plaisir harpagonesque des actionnaires. Roman noir à la française, Mortelles cliniques est également une parodie et un hommage aux romans noirs américains à la Dashiell Hammett ou anglo-saxons à la Peter Cheney, leur empruntant des clichés nostalgiques, tout en gardant le charme occidental de la narration à l’occidentale et en valorisant les relations entre personnes de sexe opposé. Et à l’encontre de ses précédents confrères, si la femme qu’il campe pourrait ressembler physiquement à une poupée Barbie, moralement et intellectuellement elle se montre l’égale, et même en certaines circonstances, supérieure à l’homme, ne se cantonnant pas dans des rôles de divertissement ou d’exhibition. |