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FREDERIC LENORMAND |
Madame La Marquise Et Les Gentlemen CambrioleursAux éditions CITY EDITIONSVisitez leur site |
1897Lectures depuisLe samedi 13 Novembre 2016
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Une lecture de |
Le premier roman d'une nouvelle série policière de Frédéric Lenormand dans le Paris du début du XXe siècle. A l'automne 1908, l'extravagante marquise Casati s'installe au Ritz avec son guépard, ses lévriers, son perroquet, ses singes et son boa vivant. Son séjour est bientôt trouble par une série de vols et d'assassinats dans les nombreux hôtels particuliers qui bordent la place Vendôme, centre du luxe et de la finance. La Casati se lance malgré elle dans une enquête qui ne tarde pas à contrarier les projets d'Alfred Lupin, l'ennemi public numéro 2, le frère du célèbre gentleman cambrioleur... L'auteur Romancier et historien, Frederic Lenormand est l'auteur de nombreux romans a succès, notamment les aventures de Voltaire (Lattès) et des Nouvelles Enquêtes du juge Ti (Fayard). II est traduit dans une dizaine de langues. Arguments - C'est le premier roman d'une nouvelle série policière de Frederic Lenormand qui se déroule au début du XXe siècle : un petit bijou qui pourra rappeler les enquêtes de Victor Legris ou, évidemment, les Maurice Leblanc. - La Casati fut la Lady Gaga de la Belle Epoque. Ses apparitions sulfureuses, ses tenues provocantes et ses fêtes pharaoniques la firent entrer dans la légende. Elle devient ici une sorte de Hercule Poirot qui aurait troqué la moustache pour le rimmel, le chapeau melon pour une crinière flamboyante, et les manières cauteleuses du policier beige pour l'exubérance d'une Italienne.
La marquise italienne Luisa Casati s’installe en cet automne 1908 à Paris. C’est l’hôtel Ritz, place Vendôme, qui a l’honneur de la recevoir, avec toute sa ménagerie et son personnel exotiques. Épouse de Camillo Casati, un noble oisif qui mène sa vie de son côté, Luisa est l’héritière d’une très grosse fortune. Ce qui explique que ses excentricités soient excusées par la direction du Ritz. D’autant qu’elle compte bon nombre de célébrités parmi ses amis. Néanmoins, c’est un remue-ménage permanent autour d’elle : la virevoltante marquise ne fait rien pour passer inaperçue, que ce soit chez les joailliers, chez le couturier Paul Poiret, dans les soirées mondaines où elle ne craint pas de s’inviter, dans les banques et tous autres endroits où il est de bon ton de la trouver. Partout, elle joue son personnage. Dès son arrivée, la marquise Casati croise le policier Justin Galuchard. Avec son parapluie, son chapeau melon et sa redingote vert olive, il correspond au portrait des limiers du Quai des Orfèvres de son temps. Il s’est donné pour mission d’appréhender Alfred Lupin, un des plus célèbres gentlemen cambrioleurs de France, un parent d’Arsène. Galuchard et Luisa se rencontrent d’abord dans les caves du Ritz, mais c’est bientôt sur le toit de l’hôtel que va être découvert un cadavre. Il semble s’agir du scientifique Artemus Gallardon, un client de cet établissement. Sauf que le Professeur est bien vivant dans sa chambre. Fine mouche, l’Italienne a déjà compris que c’était en réalité le fameux Alfred. Celui-ci avait un projet très singulier avec Gallardon. La marquise et le cambrioleur enquêtent ensemble dans le milieu de la fonderie d’art, et font la connaissance d’un vieil ouvrier mal embouché. Si chacun va son chemin, la marquise est convaincue qu’Alfred commettra un vol au cours d’une soirée de fête chez le comte et la comtesse de Melleroy. Dangereux quand même, car le policier Galuchard est présent sur les lieux. Néanmoins, le coffre de l’aristocrate est bel et bien délesté de son contenu. Un tour de passe-passe qui n’est peut-être pas l’œuvre d’Alfred. D’ailleurs, Galuchard retrouve le butin pas si loin. Pourtant, le cambrioleur a mis la main sur autre chose de plus grande valeur, chez les Melleroy… Qui a donc volé un collier produit par les joailliers Van Cleef & Arpels ? La marquise ou bien "son double", en la personne du facétieux Alfred ? L’Italienne est disculpée, possédant un bon alibi. Mais tous deux ne sont-ils pas complices, d’une certaine façon ? La marquise Luisa Casati et Alfred Lupin sont appelés à se côtoyer encore quelques fois, entre les Galeries Lafayette et la banque du Crédit Foncier. Autant pour tirer profit de situations énigmatiques (du côté d’Alfred) que pour résoudre des cas nébuleux (en ce qui concerne l’Italienne). Quant à Galuchard, il fera ce qu’il pourra, on ne lui en demande pas davantage… (Extrait) “Quelque chose la tarabustait : qui avait tenté de renverser le fondeur avec une automobile ? Ce n’était pas un ordre de Lupin, il ne se serait pas précipité pour le sauver. Et qui avait tué Gallardon ? Sûrement pas Lupin non plus, il n’en retirait nul bénéfice, en tout cas il ne l’aurait pas tué sur le lieu même de leur cambriolage. Elle voulait bien le croire quand il disait qu’il existait dans cette affaire un troisième larron dont ils ignoraient tout. Un homme dangereux, tout proche d’elle. Luisa frémit et caressa l’échine de son guépard…” Le début du 20e siècle fut riche en personnalités excentriques, qui animèrent les milieux artistiques et festifs du Paris de la Belle Époque. Certes, on parle ici des cercles fortunés au centre des mondanités d’alors, dilapidant sans compter, jouant les mécènes, se ruinant quelquefois. Luisa Casati (1881-1957) a bien existé, figurant parmi cette caste aisée de la société. Elle fut la muse de nombreux artistes de son temps, du poète Gabriele d’Annunzio au portraitiste Giovanni Boldini, en passant par la sculptrice Catherine Barjansky, Man Ray et quantité d’autres. Frédéric Lenormand reprend pour cette fiction certaines des images qu’elle a laissées, et les traits de caractère qu’on connaît d’elle. Elle s’environna d’animaux et finit sans le sou à Londres, comme le montre ce roman. Par contre, concernant le gentleman cambrioleur, l’auteur ne vise pas de rester fidèle à la mythologie d’Arsène Lupin. C’est pourquoi il ne s’agit pas de lui, mais d’un prénommé Alfred. Si, tel son homologue, il se grime à volonté et ne redoute nullement la police, il sert surtout de faire-valoir à la fantasque marquise italienne. Les écrivains populaires d’alors (Maurice Leblanc, Gaston Leroux, Souvestre et Allain…) nous ont donné à penser que tout était possible à cette époque, même les scènes les scènes les plus incroyables, n’est-ce pas ? C’est donc ce que, à son tour, nous propose Frédéric Lenormand. Il utilise une tonalité pleine de légèreté, qui est la bienvenue. Voilà un roman policier sympathique et distrayant à souhaits.
Parution le 5 octobre 2016. 272 pages. 17,90€. Quand personnages réels et de fiction jouent aux gendarmes et aux voleurs... Vous connaissez tous Arsène Lupin, aussi je ne vais pas m'étendre sur ce héros littéraire. Mais saviez-vous qu'il possédait un frère, prénommé Alfred ? Il fut même surnommé l'Ennemi public N°2. A son actif, quelques bricoles qui, comme pour son illustre frère, ne portaient guère à conséquence, du moins au quidam lambda. A quelques fieffés coquins possédant pignon sur rue peut-être. Pour la plus grande joie du lecteur. Mais c'est bien la Marquise Casati, Luisa de son prénom, qui tient le rôle principal dans leur rencontre, leurs au pluriel devrais-je écrire, et qui est dessinée en scénettes indépendantes et pourtant qui sont reliées l'une à l'autre par un fil rouge, une chaînette d'or serait plus juste comme comparaison, pour constituer un tout enchâssé dans un écrin de souvenirs. Détaillons en premier l'écrin avec la complicité du narrateur photographe qui fait la connaissance de la marquise en 1951 à Londres. Agée de soixante-dix printemps mais ne les paraissant pas, Luisa Casati Stampa di Soncino, est toujours aussi extravagante vestimentairement. Ce qui attire immédiatement l'œil du photographe. Mais le spectacle auquel il assiste le laisse pantois. La marquise sort de son sac une pomme, symbole du péché quoique fruit du pommier, lance le projectile vers une statue de bronze qui se casse et dévoile sa véritable nature : du plâtre. Et c'est de cette manière que le photographe et la marquise se lient et qu'il va recueillir les confidences de l'Italienne à la jeunesse tumultueuse. L'arrivée de la jeune femme au Ritz en 1908 ne passe véritablement pas inaperçue. Par son allure excentrique et vestimentaire, d'abord. En effet elle est attifée d'affutiaux et d'habits qui ressemblent plus à des haillons en lambeaux qu'à une robe nobiliaire, et aux nombreux bagages qui bientôt encombrent le vaste hall. Elle a le visage blafard, comme enduit de plâtre, les yeux soulignés de khôl et une tignasse rousse ébouriffée. Elle est accompagnée d'une suite composée de Noirs, d'une femme de chambre, d'un secrétaire, l'homme pas le meuble, et d'un chauffeur allemand. Des cages renferment un guépard et d'autres animaux de compagnie tous aussi doux que le félin tels que perroquet, singe, et un vivarium dans lequel se prélasse un boa. Le directeur de l'établissement est époustouflé mais il doit faire fasse à cette intrusion avec dignité et effarement, cette apparition ayant réservé la suite royale et les appartements pour son personnel. Mais pour autant la marquise n'est pas une tête-en-l'air, une évaporée, une foldingue. Les apparences sont trompeuses. Elle est observatrice et déductive. Et elle se rend compte qu'il se passe des choses, des événements guère catholiques tout autour de la place Vendôme. Elle n'est pas la seule évidement de s'apercevoir des vols ou des meurtres qui sont perpétrés soit les fameux bijoutiers Van Cleef & Arpels ou qu'un homme a été assassiné sur le toit du Ritz. Le policier Galuchard, du Quai des Orfèvres, est toujours aux premières loges pour enquêter. Et il n'est pas loin de penser que l'arrivée de la trop voyante marquise pourrait signifier une relation de cause à effet. Mais soit un bristol ou autre moyen pour signer le forfait est toujours découvert avec les initiales A.L. La marquise Casati est également audacieuse, courageuse, voire téméraire, comme lorsqu'elle explore les caves de l'établissement à la recherche d'un hypothétique trésor. Son excentricité est sans borne. Ainsi elle fait teindre en or son petit personnel Noir lors de réception, ce qui ne manque pas d'attirer l'attention et la curiosité. Seulement dans ces différentes péripéties qui s'enchainent comme des diamants sur une rivière porté autour d'un cou aristocratique, Alfred Lupin n'est pas toujours le coupable. Il faut se méfier des imitations.
Frédéric Lenormand, délaissant pour le temps d'un roman ses personnages fétiches, le Juge Ti et Voltaire, nous invite à découvrir une nouvelle héroïne qui fit parler d'elle en son temps, mais est toujours présente dans certains esprits. Elle a marqué de son empreinte le début du XXe siècle mais ses falbalas ont fait et font encore rêver. De grands couturiers, dont dernier en date John Galiano, se sont emparés de sa façon de se vêtir, imposant un style et une mode. Mais insidieusement la rue s'accapare de l'engouement provoqué par une façon de porter les vêtements, et il est sûr que de nos jours Luisa marquise Casati pourrait revendiquer les jeans effrangés, effilochés, scarifiés, aux genoux ou aux cuisses, et délavés artificiellement comme si le temps ne pouvait se charger de tels outrages. En mettant en scène cette marquise et en la faisant revivre avec à ses côtés des personnages qui ont réellement existés, comme Gabriele d'Annunzio qui fut son amant, et en en inventant, Frédéric Lenormand nous offre un roman composé de scénettes qui se suivent et ne se ressemblent pas mais possèdent un lien pour former un tout agréable. Comme une récréation pour le lecteur qui veut changer d'ambiance littéraire et se plonger dans une fausse futilité. Frédéric Lenormand emprunte son ironie parfois grinçante dans l'humour des caricaturistes du début du XXe siècle, lorsque les amuseurs publics savaient distiller leur causticité avec élégance. Une caractéristique qui de nos jours est bien oubliée, la vulgarité prenant le pas sur la raillerie bon enfant et pourtant efficace. - J'ai remarqué que ce sont souvent les pauvres qui volent les riches, rarement l'inverse ! - Je vois que vous ne lisez pas la presse de gauche, mon cher, dit le comte. Ce volume est complété de repères biographiques ainsi qu'une sélection intitulée : La marquise Casati vue par ses contemporains.
1881 vit la naissance de Luisa Adele Rosa Maria Von Amann. Quinze ans plus tard, après le décès de ses parents sa sœur Francesca et elle devinrent les femmes les plus riches d’Italie. 1900 la vit épouser le Marquis Casati Stampa di Soncino. Et c’est sous le nom de marquise Luisa Casati qu’elle devint, grâce à ces excentricités marquées du sceau de la liberté, une grande figure du début du siècle passé. (1) Abandonnant le Juge Ti et Voltaire, Frédéric Lenormand offre au lectorat un roman où fiction et Histoire se mêlent pour le plus grand bonheur du susdit lectorat. Les crimes et les vols impossibles s’enchainent aux explorations des caves et des souterrains et aux trésors enfouis dans l’oubli et les soubassements succèdent des archives inestimables que convoitent des puissances inamicales. En maître-queux de l’écriture, l’auteur concocte un mets raffiné qui se déguste avec un plaisir identique à celui que procure une simple salade agrémentée d’ail haché finement et parfumé une pointe d’huile d’olive, parsemée de copeaux de fromage italien et de lamelles de jambon de parme, rehaussée du goût exquis de quartiers d’œuf et d’olives vertes, décorée de magret séché et de rondelles de kiwi… plaisir des mots, saveurs des goûts… surprenants, entêtant, ironique tel est ce nouveau Frédéric Lenormand.
1- http://www.vogue.fr/culture/en-vogue/diaporama/sortie-du-livre-la-casati-de-camille-de-peretti/8155 https://www.centrepompidou.fr/cpv/resource/c69gek/rgjAdBb https://fr.wikipedia.org/wiki/Luisa_Casati |
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