|
![]() |
PATRICIA LUMB |
Lady Blood à TokyoAux éditions DENOELVisitez leur site |
1107Lectures depuisLe jeudi 14 Octobre 2016
|
![]() |
Une lecture de |
![]() |
Collection Sueurs Froides. Parution 17 septembre 1991. 192 pages. 13,00€. Bon anniversaire à Colette Piat, alias Patricia Lumb, née un 6 septembre. Il ne faut pas croire que dans les romans policiers, seuls les policiers sont les héros. Les méchants savent aussi se mettre en valeur. Rappelez-vous Arsène Lupin le facétieux créé par Maurice Leblanc, Fantômas le malfaisant de Souvestre et Allain, Chéri-Bibi de Gaston Leroux, Parker de Richard Stark alias Donald Westlake, ou encore Bernie Rhodenbarr de Lawrence Block. Patricia Lumb, avec Lady Blood, met en scène un Fantômas en jupon qui heureusement fait moins couler le sang que le mystérieux criminel mais possède des appétits sexuels difficilement rassasiables. D'ailleurs elle a tout pour plaire. Belle, intelligente, sans scrupule, elle n'est pas dénuée d'humanisme. Entreprenante, cultivée, elle sait jour les naïves, les ingénues, les blondes évaporées. Cependant elle peut également se montrer sous un jour plus noir. Téméraire, audacieuse, volontaire, hardie, autoritaire, déterminée, et amorale lorsque les circonstances l'exigent.
Chez Sotheby's à New-York, la grande attraction est un tableau de Van Gogh, Les Dahlias, adjugé à cinquante sept millions de dollars. Faut dire que la mode est aux Van Gogh et que ceux-ci s'arrachent comme des petits pains un jour de disette. Ah, s'il pouvait entendre les enchères ce rapin qui ne prêtait qu'une oreille aux contingences matérielles ! Mais se porter acquéreur ne veut pas dire être propriétaire, car entre temps de petits futés subtilisent la toile au grand détriment de l'heureux enchérisseur. Les transports Glass sont ce qu'il y a de mieux au point de vue convoyage, et pourtant... Le fourgon est retrouvé délesté du tableau convoité, le chauffeur amoché, et son coéquipier incinéré. Quoique... Dans le même temps, de mystérieux détrousseurs de cercueils réalisent une opération rafle dans un cimetière, lors d'un enterrement. Lady Blood en finesse est maintenant en possession de cette peinture hors de prix. Il ne lui reste plus qu'à négocier quelques petites transactions bassement matérielles, qui la mèneront jusqu'à Tokyo, en plein repaire de yakusas. Mais Lippia Citriodora, ne pas confondre avec la Cicciolina, surnommée Lady Blood, aura maille à partir avec des escrocs aux dents longues, des complices taraudés par la jalousie, des membres rapportés de la famille guère complaisants. Et tout comme Fantômas, elle traîne derrière elle son Juve en la personne de Mac Kenzie, agent du FBI, qui n'en peut mais. Cette institution américaine n'est plus ce qu'elle était, et ses dignes représentants ont la fâcheuse tendance à se faire marcher sur les pieds.
Moins sanguinolent et pervers que je m'y attendais, les critiques des précédents romans mettant en scène cette jeune femme dédaignant le port du slip, à vos souhaits, et révélant une nudité pubienne aussi rose et lisse que le crâne de Yul Brynner (c'est devenu une mode paraît-il), n'ayant guère été élogieuses, j'ai donc entamé ce roman avec une certaine appréhension et une circonspection certaine. En réalité je me suis franchement amusé à la lecture de ce livre qui est un véritable pastiche, alliant les énormités et les retournements de situations propres aux feuilletons du XIXe siècle, aux aspirations les plus secrètes des dames patronnesses frustrées de cette fin de siècle. Le droit aux fantasmes mais également à leur accomplissement. Sérieux s'abstenir, amateurs de canulars soyez les bienvenus dans l'univers de Lady Blood.
|