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JEAN-NOEL LEVAVASSEUR |
Balle Tragique à Colombières : Un MortAux éditions LA GIDOUILLEVisitez leur site |
243Lectures depuisLe mercredi 7 Juillet 2016
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Une lecture de |
Grand rouquin débonnaire, Léo Tanguy est un journaliste indépendant. Il alimente son site Internet en enquêtant à travers les quatre départements de Bretagne et la Loire-Atlantique. En ce mois de juin, Léo est de passage en Normandie, direction l'Irlande via Cherbourg. Mais, aux confins de la Manche et du Calvados, le Combi bariolé façon hippies de ses parents avec lequel Léo a coutume de se déplacer est victime d'un accident. Quelques séquelles physiques sans gravité pour lui, petits dégâts à réparer pour le Combi. Une poignée de personnes sont intervenues : des "reconstitueurs", avec costumes et véhicules d'époque, préparant les festivités en souvenir du Débarquement. Outre Sébastien et Jean-François, Léo n'est pas sans remarquer la belle infirmière Marie-France, en tenue authentique. Le garagiste d'Isigny-sur-Mer est formel : c'est une balle qui a crevé un pneu du Combi, provoquant l'accident. Très occupé à réviser les véhicules historiques, il ne peut donner la priorité à Léo. Retardant la suite de son voyage, le journaliste s'installe à l'Hôtel de France avant de s'intéresser aux "reconstitueurs". Il s'agit d'une association de passionnés, qui ne se contentent pas de se travestir en figurants soldats, de brandir des armes neutralisées, ou d'entretenir des engins d'autrefois. Ils transmettent leur réel savoir au public. Frédéric, président de l'association, est aussi maire et dirige l'intercommunalité. On prête à cet ancien mercenaire, cachant mal ses opinions réacs, de plus hautes ambitions politiques. Il a rapidement inspiré de l'antipathie à Léo, qui n'aime guère les chefs aussi directifs. Elle est bien attirante, l'infirmière d'opérette Marie-France, réellement aide-soignante dans le civil. Mais elle est la compagne d'Alain, chanteur qui connut une brève heure de gloire nationale avec un seul tube. Il reste une célébrité locale, se produisant en spectacle lors des fêtes dédiées au D-Day. Pour l'Isigny Swing Festival, il va faire le show. Léo passe une soirée sympa avec le couple. Il apprend que Marie-France fut, un temps, intime avec le maire-président Frédéric. En tenue de chef de la Résistance, ce dernier est omniprésent, en ville comme au camp des "reconstitueurs" qui se visite en journée. Tout ça est très bon pour le commerce local, d'Isigny-sur-Mer à Grandcamp-Maisy, et pas inutile pour les ambitions politicardes de Frédéric. Jean-François, un des figurants de l'association, est mortellement blessé par balle du côté de Colombières, à quelques kilomètres. Le temps que Léo et ses amis actuels donnent l'alerte, le cadavre a disparu. Pour Frédéric, pas question de lancer une enquête, c'est "sa" fête qui prime. Remplaçant le défunt Jean-François, Léo se joint aux participants du défilé qui attire les foules. Si les festivités du Débarquement doivent se terminer par le show d'Alain et un feu d'artifice, l'affaire risque de s'achever en règlement de comptes… Le vingtième épisode des enquêtes de Léo Tanguy est l'œuvre de Jean-Noël Levavasseur, qui signa déjà un précédent titre de la série, “Irish confit” (2009). C'est dire qu'il connaît bien ce personnage, flegmatique cousin de Gabriel Lecouvreur dit Le Poulpe, célèbre héros créé par J.B.Pouy. Étant réellement journaliste régional, Jean-Noël Levavasseur possède un évident point commun avec Léo Tanguy. Surtout, Isigny-sur-Mer et sa région n'ont pas de secret pour lui. Car il a coécrit deux ouvrages de témoignages sur les bombardements du secteur, en juin 1944. N'oublions pas que nous sommes là à deux pas d'Omaha Beach, une des grandes plages du Débarquement. Quand vous vous trouvez, à Vierville par exemple, en face de cette étendue de sable, comment ne pas avoir une pensée pour tous ceux qui y sont tombés ? Le Cimetière américain de Colleville-sur-Mer et le Cimetière allemand de La Cambe témoignent du carnage humain. De nos jours, sont organisées des reconstitutions qui permettent au public de "visualiser" le déploiement de forces d'alors. De transmettre aussi l'Histoire, beaucoup de participants étant des érudits. Si, tel Léo Tanguy, on se sent plutôt pacifiste, on peut jeter un regard mitigé sur ces manifestations militaristes, même si on ne peut nier qu'elles sont utiles au tourisme. Soulignons que le titre de ce roman fait référence à la célèbre "une" de l'hebdo Hara-Kiri qui, dans son numéro du 16 novembre 1970, évoqua avec ironie le décès du Général de Gaulle. On suit avec plaisir Léo, notre brave Breton de Plouguer, égaré en terres bas-normandes, témoin de fêtes commémoratives et de faits criminels. Un très agréable suspense. |
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