|
|
MICHEL LEBRUN |
Loubard Et PécuchetAux éditions SERIE NOIREVisitez leur site |
1541Lectures depuisLe samedi 7 Novembre 2015
|
Une lecture de |
N°2415. Parution mars 1996. 176 pages. 6,05€. Première édition Collection Engrenage N°54. Parution décembre 1982. 192 pages. Une vocation tardive ! Anecdote en guise d'introduction : Lorsqu'au mois de mars 1996, je téléphonai à Michel Lebrun pour le féliciter d'entrer enfin au catalogue de la Série Noire, même si c'était pour une réédition, et souhaitai le retrouver prochainement avec un nouveau titre, il m'a dit d'un ton désabusé : Oh, tu sais Paul, maintenant c'est trop tard ! Le 20 juin 1996, Michel Lebrun s'éteignait dans son appartement parisien.
Pour son dix-septième anniversaire, Pécuchet, appelé plus familièrement Pécu, n'y voyez aucune allusion scatologique, est invité par ses copains à se restaurer dans un entrepôt transformé en garde-meubles dans un quartier d'Aubervilliers. Sont présent Jojo, le maître des lieux qui a mis les petits plats dans les grands, il n'a qu'à se servir avec tous les meubles et la vaisselle entreposés et dont il a la garde. Sont également présents, le petit Lucien à la face ravagée par l'acné, la Grande Geneviève dite Gin, Léon la Défonce déjà raide bourré et sa copine Crista, et Mimile l'Ordure qui doit son surnom à sa profession puisqu'il émarge à la voirie. Et une inconnue, blonde plantureuse à la poitrine accueillante. Ils se sont tous cotisés et Marlène, la gironde dame, est son cadeau d'anniversaire ! Deux ans plus tard, nous retrouvons notre ami Pécu dans une résidence surveillée. Il rêvasse sur son pageot lorsqu'il est demandé au parloir. Lucien vient lui rendre une petite visite amicale, s'enquiert de ses conditions de vie et, surtout, lui remet un petit paquet contenant des clefs fabriquées par Léon grâce à de la mie de pain séchée. Léon est serrurier et a la main sûre dans la journée car il n'entame les litrons que lorsque la boutique est fermée. En sus des sésames, le paquet contient une matraque et une bombe paralysante. Muni des précieuses clefs, Pécu sort de l'établissement en catimini, récupère sur un chantier voisin sa bécane motorisée, et se rend chez sa bru. Ah oui, je ne vous ai pas dis ! Pécu est né un 29 février et comme son anniversaire légal ne se fête que tous les quatre ans, on comprend mieux, n'est-ce pas ? Donc il se rend chez sa bru, qui vit seule car Alain le fils de Pécu l'a quittée, laquelle dort consciencieusement abrutie par les soporifiques. L'appartement est à Pécu mais il l'avait laissé à Alain, qui lors de son divorce l'avait donné à son ex-femme. Un méli-mélo pour Pécu qui ne roule pas sur l'or, loin de là et c'est pour cela qu'il végète dans un hospice pour indigents. Donc Pécu sait que Roselyne, sa bru, cache son argent chez elle et il investigue soigneusement l'armoire. Il n'a pas besoin de fouiller longtemps pour tomber sur le magot. Seulement l'imprévu se matérialise sous la forme d'un intrus qui se faufile dans la chambre de la Belle au lit dormant. Pécu assomme le Prince Charmant et regagne béatement sa piaule à l'asile. Je passe sur les détails, la venue de Roselyne qui se plaint du cambriolage, le soupçonnant quelque peu, mais Pécu possède un alibi en béton puisque théoriquement tous les pensionnaires de l'hospice sont consignés le soir. Pécu, grâce au pactole qu'il s'est approprié, loue un petit appartement dans le XVIIe seulement il faut penser à renouveler les rentrées d'argent. Alors il imagine, et mène à bien son projet, dévaliser les personnes ayant un besoin pressant de liquide. Il se place près des distributeurs de billets et assomme proprement les individus qui glissent leurs cartes bleues dans la fente. Tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes si un jour un récalcitrant ne l'envoyait bouler. Il n'obtient de l'aide de la part d'Hélène, une Bibendum moustachue quinquagénaire qui vit dans une Estafette aménagée et est affublée d'un chien, un mastard, Hélène va prendre Pécu sous son aile protectrice et tutélaire, il y a de la place, et Pécu est bien obligé de faire contre mauvaise fortune bon cœur. Une association est née mais un troisième larron s'immisce, le voisin de Pécu, Montescourt, officier de police, qui se sent investi d'une mission, celle de protéger l'adolescent prolongé. Montescourt que les lecteurs fidèles de Michel Lebrun avaient déjà rencontré dans L'O.P.A de 4 sous. Mais à cette époque, les distributeurs de billets ne s'affichaient pas avec arrogance à chaque coin de rue, aussi il leur faut gravir un échelon. Hélène et Pécu vont s'y employer.
On retrouve dans ce roman, toute la finesse, l'élégance, l'humour parfois ironique, le machiavélisme des intrigues concoctées par Michel Lebrun. Une accroche inventive en prologue et au fur et à mesure que se déroule l'action, l'intrigue prend en consistance, toujours sur la corde raide. Michel Lebrun sait retomber sur ses pieds avec un épilogue sous forme de pied de nez jubilatoire. Et l'ombre de Flaubert se profile dans ce roman, avec quelques allusions et des citations en introduction des différentes parties découpant ce roman. Il est dommage que Michel Lebrun soit entré si tard dans la collection Série Noire, alors qu'il fit les beaux jours de la collection Un Mystère, puis lors de la disparition de celle-ci offrant des romans de qualité aux jeunes maisons d'édition, dont celles crées par exemple par François Guérif (Red Label) ou Alex Varoux (Engrenage).
|
Autres titres de |