cannibal tour de Anouk LANGANEY


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ANOUK LANGANEY

Cannibal Tour


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Anouk LANGANEY




Une lecture de
PAUL MAUGENDRE

PAUL MAUGENDRE  

Parution le 19 novembre 2014. 294 pages. 15,00€.

Barbecue privé !

Tel un clou de girofle, pointe dressée en l'air, posé sur une mare, l'île de Khaya-Re, 4042 habitants, appartenant à l'archipel des Centaurides, est en proie à des heures chaudes qui font les grands titres des médias.

C'est ce qu'apprend Oscar, en lisant le journal à défaut d'apercevoir l'île où il a été muté, l'avion prenant son virage dans le mauvais sens. Pour Oscar qui ne voit que la mer, pas pour l'avion qui va atterrir, on va quand même pas cumuler les drames.

Solenn Gernand et Maxime Hourtin, deux enseignants, des collègues qu'il n'aura pas le plaisir de fréquenter, ont été retrouvés par deux touristes néerlandais dans une grotte du volcan Khirinopoyé. Ils ont été mutilés, les enseignants pas les touristes, et certaines parties internes de leurs corps ont été prélevées. Selon les affirmations du journaliste, il s'agirait probablement d'un cas d'anthropophagie. Le premier cas recensé sur l'archipel depuis 1897.

Le chef Djola, Ban-Ra-Djolaligondaha'r, qui appartenant à la dynastie régnante du peuple grahoré, n'est pas satisfait du comportement de ses fils, Sou-Ra'n, Sou-Ra-Dlohagalanda'r, plus communément surnommé Junior, et Sou-Ra'hani Djodibalodonda'r dit Bobby, mais ceux-ci n'en ont cure. Ils ont autre chose à faire que de se plier à la loi paternelle et même maternelle, quoique, lorsque ça crie trop fort, ils baissent la tête. Junior a une idée qu'il pense très intéressante pour le bienfait financier de l'île : il va contacter une voyagiste, Hélène Reille et lui présenter son île comme un paradis pour touristes, avec des parcours fléchés, des découvertes, notamment la grotte où ont été retrouvés les deux enseignants dont les abattis ont été cuisinés, le légiste est affirmatif sur ce dernier point.

Personne n'attend Oscar à sa descente d'avion et il est obligé de se rendre au collège à pied en trainant sa valise à roulette. Et la montée est fatigante. Et personne n'est là pour l'accueillir, l'établissement étant fermé pour cause de décès. Heureusement une joyeuse petite bande se déplaçant en véhicule archaïque le prend à bord. Ce sont les MacTraqueurs, des joyeux drilles qui s'adonnent à la pêche sportive. Heureusement ils sont aidés dans leur entreprise par un jeune autochtone. Un touriste débarque, mais franchement il n'est pas le client idéal, toujours à râler. Un nouveau meurtre est commis, quasiment dans les mêmes conditions. Presque, car de petits détails diffèrent et il pourrait s'agir d'un copier-coller aléatoire.

Naturellement les journalistes de la métropole s'enquièrent de l'avis d'un spécialiste de la culture grahoré. Albin de Ligre, universitaire octogénaire, a écrit de nombreux ouvrages qui font références et décrivent abondamment les us et coutumes de cette peuplade. Bon, d'accord, il est hors de question de le soupçonner, mais est-il d'une façon ou d'une autre, sinon à l'origine de cette résurgence cannibalesque, pourvoyeur d'idées.

Le capitaine Loko, de la gendarmerie locale ne se sent pas en capacité de résoudre ces mystères et un commandant en provenance de métropole va mener son enquête. Avec rigueur, car Katia Resnier possède un œil neuf, et ne s'en laisse pas conter ni compter. Et tout y passe, non sans y laisser des plumes.

Justement des plumes, Djola et ses fils ainsi que quelques autochtones vont s'en vêtir. Car il parait qu'il ne faut pas lésiner sur les moyens pour attirer les touristes. Alors on ressort des vieilles armoires, les vêtements ancestraux, on aménage des chants issus des veillées, bref on s'adapte en régressant. Il faut faire authentique, pour inciter ceux qui ont de l'argent à dépenser et qui veulent se frotter à la culture ancienne de venir en masse sur l'île. Junior et Bobby, ainsi que quelques amis ont des projets plein la tête, envisagent des aménagements, comment transformer Khaya-Re en immense parc d'attraction.

Les présumés coupables ne manquent pas, du proviseur Chen Hu au moindre de ses élèves, en passant par l'infirmière, le touriste, les Mac Traqueurs ou l'un des membres de la famille Djola, et j'en oublie, et le lecteur va de rebondissements en rebondissements, de surprises en surprises, du grignotage apéritif au dessert en omelette norvégienne, chaud dehors et frais dedans.

Cannibal Tour est le genre de roman casse-gueule par excellence mais qu'Anouk Langaney a réussi a apprivoiser. Elle s'en sort avec les honneurs, évitant le piège grossier de la caricature exotique.

Elle pointe en dérision le rappel constant du c'était mieux avant, vu de la part de ceux qui ne l'ont pas connus justement cet avant. Un peu comme en métropole, lors des fêtes de batteries du blé, les vieux agriculteurs sont volontaires, ou réquisitionnés, pour faucher le blé, le battre avec les fléaux et en cadence, les lavandières tapant sur le linge mouillé avec leur batte agenouillées près d'une mare, frottant à qui mieux-mieux en s'invectivant comme des harengères, et autres résurgences du bon vieux temps. Et tous les visiteurs de s'extasier.

Cet engouement est source de rentrées d'argent et tout est bon pour appâter le touriste gogo. Alors mettre en scène ou évoquer des pratiques d'anthropophages ne peut, selon quelques-uns, qu'attirer du monde.

Anouk Langaney s'amuse et dépeint ces tableaux avec maîtrise, instillant le doute, l'horreur, tout en restant sobre. Elle joue avec les nerfs du lecteur, passant de l'humour à la gravité du propos, sachant doser ses effets, ne tombant jamais dans le voyeurisme complaisant tout en gardant un côté crédible.

L'écriture d'Anouk Langaney, travaillée, précise, précieuse presque, incite à continuer la lecture même si l'on doit s'arrêter pour une raison ou une autre : l'heure de partir au travail, de préparer à manger, de solliciter son partenaire qui s'impatiente, ou simplement de fermer les yeux parce que le sommeil devient insistant.

http://leslecturesdelonclepaul.over-blog.com/article-anouk-langaney-meme-pas-morte-120174998.html

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JEANNE DESAUBRY

JEANNE DESAUBRY
Prenez une poussière d’île volcanique. Construisez un paysage idyllique : récif de corail, mer turquoise, poissons, palmiers et gentils autochtones qui ne parlent plus leur langue d’origine, s’étant complètement francisés. Sur cette île loin de tout, quelques fonctionnaires incarnent la république : profs du collège, gendarmes. Un ou deux fous de pêche se sont installés dans une anse, tentant d’attirer de riches pêcheurs au gros. Mais voilà. Au paradis, quand il n’y a rien à faire, on s’ennuie à mourir. Et quand on a fait des études supérieures de commerce, là-bas en métropole, on est plein d’idées. C’est le cas du fils du chef : Sou-Ra-Djohagalanda’r dit (par commodité) Sou-Ra’n. Depuis plusieurs années, il rumine tous les plans possibles pour amener sur son île la grande manne moderne : le tou-ris-te, celui par qui la fortune arrive. Quel qu’en soit le prix ? Pratiquement. Sou-Ra’n a réussi à faire transformer le bar-pmu en maison de la tribu, et son père, le vieux chef Djola est prié de quitter son jogging informe pour se balader en pagne de cuir et verroterie sur la tête dès qu’apparait ce qui peut s’apparenter à un touriste. Car des palmiers, il y en a partout. De l’eau turquoise, des vagues émeraude, on en trouve ailleurs. Qu’est-ce qui peut faire la différence à Kahya-Ré ? Aussi, lorsque survient un premier cas de cannibalisme, bien qu’on ne puisse que compatir au sort des victimes assaisonnées à la bolognaise, la turbulence médiatique est-elle dans un premier temps considérée comme un cadeau des dieux. Dieu de la mer, dieu du soleil, de la végétation ? Tous ces dieux étaient révérés autrefois et ont gardé une grande place dans la vie de cette peuplade par ailleurs ultra banalisée. De victime en victime, Anouk Langaney nous promène dans les attentes de la jeunesse acculturée et abandonnée à la télévision, dans les déceptions des parents dont une partie ne vit que du RSA, dans le mépris à peine caché des fonctionnaires en poste, dans le désarroi désabusé des vieux. À sa manière : avec un humour partagé entre férocité et tendresse, un ton qui devient sa marque de fabrique. Car si le propos est clair : ravages postcoloniaux, que le cadre magique ne rend pas plus supportables, la manière est légère rapide, grinçante, et l’on rit beaucoup même si c’est avec un brin de cruauté parfois. Finalement, après quelques réussites culinaires à la viande humaine, on viendra à bout du mystère. Anouk Langaney aura respecté tous les codes de la fausse piste, du suspens et du retournement de situation. Je vous recommande tout particulièrement le glissendo diabolique de la page 165 ! Du grand art qui consacre l’habileté d’un écrivain dont on va commencer à attendre les opus avec impatience. À lire absolument si l’on envisage d’aller passer ses vacances dans une destination de rêve… sur papier glacé tout du moins.
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