Le Poulpe 234. Paru le 1er février 2002. 266 pages. Bon anniversaire à Jean-Jacques Reboux, né le 29 octobre 1958. On l’attendait depuis des années et enfin il paraît, comme l’enfant attendu dans un foyer : un volume du Poulpe signé Gabriel Lecouvreur himself (en français dans le texte) ! Gabriel qui commence en avoir marre des bastons, de la castagne, des retours de bâton, qui aspire enfin à quelques jours de vacances. La preuve, c’est qu’il se fait enlever par des malotrus alors qu’il dégustait un délicieux sandwich près de la pyramide du Louvre. Un incident qui ne passe pas inaperçu, un Japonais amoureux de sa femme et de son caméscope filmant ce kidnapping réalisé en plein jour. Un séjour à Belle-Île avec Chéryl, accompagnée d’Odile, grande prêtresse de la télévision, catégorie reality show, c’est synonyme de farniente, de repos, de douceurs, de gastronomie locale, le tout arrosé de bière comme il se doit. Avec dans ses bagages un roman d’Hemingway. Sauf que quelques individus déplacés dans le paysage s’acharnent à lui pourrir la vie, que Vergeat des R.G., son ennemi intime, s’attache à ses basques, et qu’il va se découvrir père d’un adolescent à peine majeur. Antoine, c’est le prénom du rejeton. Et voilà notre Poulpe embringué dans une vilaine histoire salée, embrumée, sur une île enchanteresse qui se transforme en endroit cauchemardesque. Heureusement Bruno Masure est là pour détendre l’atmosphère, avec ses jeux de mots, ses calembours, et ses relations télévisuelles.L’intérêt d’un tel ouvrage, c’est théoriquement de démêler l’intrigue, de se laisser porter dans une nouvelle aventure d’un Robin des bois moderne. Oui, sauf que pour une fois, une autre intrigue s’attache au récit : qui a écrit sous le pseudo de Gabriel Lecouvreur. Un nom a été avancé : Thierry Jonquet. Cela a été démenti, officiellement ou officieusement. Alors reste à rechercher qui aurait pu écrire cette histoire fort bien menée. Des noms me viennent à l’esprit, tels que Tonino Benacquista, dont dans ses romans un héros s’appelle toujours Antoine, ou Tonio ; Bruno Masure lui-même, se mettant en scène avec cette dérision qui le caractérise ; Hervé Claude, lui aussi ancien journaliste à la télévision, ou pourquoi pas Jean-Hughes Oppel. Ou d’autres. Toutes les supputations sont acceptées. Quoiqu’il en soit, ce roman vaut d’être lu pour la façon dont l’intrigue, l’histoire est développée, et pas uniquement pour l’écrivain qui se cache derrière le pseudo de Gabriel Lecouvreur.Ça, c'était ce que j'avais écrit dans la revue L'Annonce-bouquins 191 lors de la sortie du roman. Depuis, l'identité de l'auteur a été révélée : il s'agissait ni plus ni moins de Jean-Jacques Reboux, grand amateur de poules mais pas de poulets. Si ce roman existe en version numérique, il serait bon de le rééditer en version papier. Mais, ça, c'est à l'éditeur d'y penser.
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