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CLAIRE LEGENDRE |
Making OfAux éditions J AI LU |
1478Lectures depuisLe mardi 13 Mai 2014
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Une lecture de |
Bon anniversaire à Claire Legendre née le 21 avril 1979. Claire Legendre, c’est son nom, avait dix-neuf ans lorsqu'elle a publié ce roman. Le bel âge, celui de toutes les certitudes, celui des découvertes. Elle prend New-York pour planter le décor de la première partie de son histoire. Bastien, un journaliste français, s’est proposé pour écrire un article sur Caïn Shoeshine, un cinéaste indépendant. Si Hollywood le méprise, il n’en va pas de même pour l’Europe qui lui voue une véritable admiration. De quoi faire un bon papier pense Bastien qui, fait rarissime, est accueilli dans le cénacle du réalisateur alors que tant d’autres se sont cassés les dents à vouloir l’interviewer. Shoeshine crèche dans un immeuble cradingue, est obnubilé par les portes, se fâchant lorsque quelqu’un oublie de les fermer, et est entouré de femmes : Pamela, une jeunette de quatorze ans qu’il a recueilli alors qu’elle était sur le trottoir, Samantha sa monteuse (de films), sans compter sa femme Elena qui vit dans un hôtel, Annabella, son actrice fétiche ou encore Britta... Le concierge de l’immeuble lui aussi est un artiste dans son genre, entreposant des statues dans son atelier. De New-York à Cannes en passant par Vienne et Paris, Claire Legendre nous entraîne à la suite de ce cinéaste qui irait jusqu’à n’importe quelle extrémité pour capter la justesse d’un regard sur la pellicule. Créateur inspiré, c’est également un perfectionniste. Bastien s’enthousiasme, tout comme la plus grande partie du public, pour les films qu’il tourne, le réalisme qui s’en dégage. Un réalisme morbide comme le découvrira Bastien en visionnant les rushes qu’il a « emprunté » à Caïn Shoeshine. Ce roman à trois voix, narré à la première personne, est troublant. Le ton, le style d’écriture, une forme de désabusement qui relèverait plus d’un auteur chevronné ayant galéré que de celui d’une jeune fille dont l’apprentissage de la vie est à peine entamé, classent Claire Legendre comme une romancière à part. Un poète qui aurait choisi le roman noir pour exprimer son regard incisif sur une certaine société en déséquilibre. « Il se prend pour un écrivain, il est drôle, quoi ». La jeunesse n’a plus le respect de ses aînés et c’est le rafraîchissement tant attendu, la relève d’un genre, le coup de balai.
Depuis ce premier roman, Claire Legendre ne s'est pas arrêtée en si bon chemin, publiant entre autres : Viandes, Le crépuscule de Barbe-Bleue, Matricule, Passerelle, L'écorchée vive et dernièrement Vérité et amour.
A retrouver un entretien avec Claire Legendre sur Art d'écrire |