MARIN LEDUN

La lutte clandestine contre l’ETA s’inscrit dans une longue tradition née du temps de la dictature franquiste et qui perdura durant la transition démocratique avant de prospérer sous le gouvernement de Felipe Gonzalez.Entre 1983 et 1987, les GAL (Grupos Antiterroristas de Liberación), directement financés par des fonds secrets du ministère de l’Intérieur espagnol et bénéficiant de l’appui actif du Centro Superior de Información de la Defensa, de la Guardia Civil et de Policía Nacional, semèrent la terreur dans le Pays Basque Nord. Ils auraient ainsi perpétré une quarantaine d’attentats, dont vingt-trois assassinats, principalement dans le quartier du Petit Bayonne.
Les GAL cessèrent officiellement toute activité en 1987… date à partir de laquelle de nombreux procès se déroulèrent de part et d’autre de la frontière. Le plus spectaculaire fut celui qui aboutit à la condamnation de l’ancien ministre de l'Intérieur espagnol.

En avril 2009, Jon Anza, militant d’ETA disparaît après avoir pris à Bayonne un train pour Toulouse… Son corps sera retrouvé, un an plus tard, à Toulouse, dans la morgue de l’hôpital Purpan ! Comment et pourquoi Jon Anza est-il mort ? Ces questions restent aujourd’hui encore sans réponse.
Marin Ledun s’inspire de ce fait réel pour bâtir l’intrigue de ce roman où il entraine le lecteur dans les cloaques des démocraties que peuplent des barbouzes, combattants des causes monétaires ou aux idéaux rances.
La disparition de Jokin Sasco, militant basque proche d’ETA, serait-elle le signe avant-coureur d’une reprise des activités de groupes paramilitaires cherchant à terroriser les militants indépendantistes ? Dans le Pays Basque Nord, la rumeur enfle et fait état de multiples cas d’enlèvements, de séquestration et de tortures… Iban Ubiz, journaliste local au Lurrama, véritable erdaldun malgré une ascendance paternelle basque, va tenter de démêler le vrai du faux. Mais au fil des jours, sa curiosité journalistique vire en une quête de vérité qui connaitra le seul épilogue possible que peut espérer un individu isolé pris au cœur d’une tourmente où les idéalistes sont emportés, tels les pins par les rafales de la tempête Klaus.

En se « penchant » sur la question basque, Marin Ledun tente un pari impossible, celui de la neutralité. Et c’est probablement dans ce but qu’il confie le rôle principal de ce fragment de drame à un journaliste extérieur qui tel un démiurge, observerait, analyserait et comprendrait. Mais au terme de ces 460pages une unique révélation s’impose à Marin Ledun : comment restait neutre lorsque chacun vous l’interdit.

« Jugez par vous-même » énoncera un fantomatique Jokin Sasco.
A quoi bon, puisque l’affaire est entendue ?