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MICHEL LEBRUN |
Rue De La SoifAux éditions SEGHERSVisitez leur site |
2686Lectures depuisLe dimanche 23 Juin 2013
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Une lecture de |
Il ne faut jamais rester sur sa soif… de livres ! Certains romans ne se lisent pas comme on débouche une bouteille de gros rouge. Il faut d'abord les caresser des yeux, les palper, les humer, les ouvrir sans précipitation, puis les déguster, dans le calme, le repos et la sérénité. Avec Rue de la soif, Lebrun est toujours aussi humoristique et manie les mots avec dextérité. Il nous entraîne dans un parcours initiatique qui se veut balade. Balade au fil des rues et des camarades de comptoirs à la quête d’un personnage mystérieux, véritable parcours d'un combattant de la soif. Balade de l'éthylisme bon enfant, en une apologie narquoise et poétique des libations confraternelles. Tandis qu'il se livre à une miction afin de délivrer sa vessie des litres de liquide ingurgités dans les différents bars qu'il hante, notre narrateur est intrigué par un graffiti diffamateur et anonyme. Un certain le Baron est accusé, qualifié par moult scripteurs d'une tare dont bon nombre de personnes peuvent se prévaloir sans le savoir et dont l'origine remonte à un certain monsieur Conart ayant vécu au 13ème siècle. C'est dire si la descendance de ce brave homme fut considérable. Un échange d'imperméable dû à la distraction et à la précipitation du dénommé Baron va amener notre quidam à squatter bars, cafés, troquets, bouges et autres bistrots d'un triangle des Bermudes parisien et à remonter un fil d'Ariane parsemé d'un nombre infini de verres, chopes, gobelets, godets et autres coupes dans lesquels il risque se noyer. Mais chaque fois qu'il pense toucher au but notre héros en mal de liquide se heurte à cette déclaration affligeante et décourageante: "Le Baron, il vient de partir à l'instant !" Rue de la soif est un livre rafraîchissant. Après avoir absorbé ces quelques cent trente pages roboratives, on le garde en main, comme ce demi de bière que l'on a enfilé d'une traite et que l'on examine avec le regret de ne pas l'avoir fait suffisamment durer. Michel Lebrun est un romancier doublé d'un écrivain, ce qui en ces moments de disette littéraire jubilatoire, est à apprécier comme un cru bourgeois d'une année de référence, pourquoi pas 47. Et si on apprécie ce petit gorgeon fort sympathique, on attend la réédition avec impatience afin de partager ensemble le coup de l'étrier. Il est dur de rester sur sa soif ! Patron, remettez nous ça ! |
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