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WILL LAVENDER |
DominanceAux éditions MICHEL LAFONVisitez leur site |
2449Lectures depuisLe dimanche 13 Aout 2012
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Une lecture de |
Jasper est une petite ville du Vermont, au Nord-Est des Etats-Unis. Son université a longtemps été dirigée par le doyen Stanley Fisk, aujourd’hui nonagénaire. C’est lui qui, en 1994, eut l’idée d’une expérience de cours, plutôt controversée. Une poignée d’étudiants ont été retenus pour suivre le séminaire “Percer une énigme littéraire”, consacré au mystérieux écrivain culte Paul Fallows, ermite que nul n’a jamais rencontré. On ignore son visage, car la photo au dos de ses livres est celle d’un obscur habitant de l’Iowa nommé Rutherford. Les cours sont dispensés le soir en vidéo conférence depuis le pénitencier de Rock Mountain, où le professeur de littérature Richard Aldiss purge une peine de réclusion à perpétuité. En 1982, il a tué à coups de haches deux de ses étudiantes. Alexandra Shipley fait partie de ceux qui vont rechercher les secrets de Fallows, sous forme d’un jeu littéraire qu’Aldiss appelle la Procédure. Il s’agit de décoder les deux seuls romans de l’auteur. On le qualifia de féministe, mais il y contraint pourtant une de ses héroïnes à de lourdes épreuves. Un jeu de piste, dont Alex trouve rapidement le premier indice, qui affirme que Richard Aldiss est innocent. Grâce au doyen Stanley Fisk, allié du professeur condamné, Alex obtient quelques éléments sur le double meurtre de 1982. Si Aldiss reste obsédé par l’identité de Fallows, c’est qu’il a longtemps cherché à la découvrir avec le professeur Locke, son mentor. Ils formaient un petit groupe de passionnés qui se renseigna jusqu’en Iowa, puisque Fallows y situait une partie de ses intrigues. Alex et son ami Jacob Keller vont parvenir à résoudre certaines énigmes et à innocenter Aldiss. Quinze ans plus tard, Alex est professeur à Harvard. Depuis l’affaire de 1994, elle jouit d’un prestige certain. Toutefois, penser au jeu de la Procédure suscite encore un malaise chez elle. À Jasper, ex-étudiant du séminaire d’Aldiss, Michael Tanner vient d’être assassiné. Un meurtre à la hache, dont la mise en scène rappelle le double crime de 1982. Le policier Bradley Black demande à Alex de l’aider dans son enquête, de l’intérieur. En effet, les rescapés du cours d’Aldiss se réunissent dans la demeure du doyen Fisk. Celui-ci est désormais assisté en permanence d’un infirmier, Matthew Owen, mais garde une belle lucidité. Fâché avec Aldiss, le doyen le croit coupable de ce nouveau meurtre. Diminué après un accident de santé, Richard Aldiss a toujours l’esprit combatif et vif, lui aussi. Ses rapports avec Alex sont tendus. Pour lui, ce meurtre entre dans un nouveau jeu de la Procédure, auxquels d’anciens condisciples de la jeune femme s’adonnent encore. Suspecter l’un ou l’autre des six membres du groupe, c’est plausible selon Alex. Par exemple, l’auteur de polars Christian Kane, dont le dernier roman s’inspire d’un des livres de Fallows. Ou l’ex-punkette Melissa Lee, toujours portée sur le sexe. Voire même Sally, qui avait depuis épousé Michael Tanner. Et pourquoi pas Keller, ancien petit ami d’Alex ? Arrivé en retard le jour des obsèques, Lewis Prine va être la deuxième victime. Heureusement qu’Alex est armée, car elle va au devant d’un danger mortel… Il s’agit d’un thriller admirablement construit, ce qui le rend diablement captivant. Les deux époques, 1994 et quinze ans après, sont racontées en parallèle. Avec les mêmes protagonistes, mais ce qui tient du jeu de piste intellectuel pour la première affaire, devient plus mystérieux encore dans la seconde. Ici, tout est double, avec deux fils conducteurs guidant l’intrigue : le personnage d’Aldiss, “un homme calculateur et facétieux qui ne fonctionne que par énigmes”, et celui de l’écrivain maudit Paul Fallows, dont l’œuvre complexe “est truffée de voltas, ces retournements d’intrigues ou de narration”. Si l’auteur n’est pas avare d’indices, il nous aveugle admirablement grâce aux sombres ambiances qu’il installe, où règne une perpétuelle suspicion. Le jeu est au cœur de l’histoire autant qu’envers le lecteur, pour un suspense avec plusieurs issues, aux dénouements évidemment agités. Un polar machiavélique, très excitant. |