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JEAN-MARIE LACLAVETINE |
Paris MutuelsAux éditions LA BRANCHEVisitez leur site |
1921Lectures depuisLe jeudi 11 Mai 2012
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Une lecture de |
Vincent est un Parisien du 8e. Avec son massif ami Angelo, il a créé un club de sport, assorti d'un tripot clandestin à l’étage. Jouant aussi aux courses, il lui arrive de miser sur le bon cheval et de gagner gros. Comme ce jour où il rencontre Léa, par hasard. Non, le hasard n’a rien à voir là-dedans. Léa l’a repéré depuis un certain temps. Elle affirme que Vincent est fait pour elle, alors qu’il est surtout fait comme un rat. D’ailleurs, Angelo se montre fort dubitatif envers celle qu’il va surnommer la tarentule. Faiblesse de caractère et crédulité trop facile de Vincent, que Léa sait vite exploiter. Accaparant et gérant “leur” argent et “son” club de sport, elle provoque le départ d’Angelo. Il restera fidèle à Vincent, mais ne peut rien contre la naïveté de son ami. Un aveuglement qui coûte cher à Vincent. Installés chez Fred, le supposé frère de Léa qui lui ressemble si peu, le couple va acquitter un gros loyer. Du moins est-ce Vincent qui paie, tandis que Léa dilapide tout ce qui appartient à son compagnon. À peine sont-ils mariés que la jeune femme est enceinte. Ce qui n’enthousiasme guère Vincent, trop immature pour la paternité. Léa dirigeait sans doute plutôt mal ses affaires, car ses malversations sont découvertes. Ce qui conduit Vincent, gérant en titre, derrière les barreaux. Quatre ans de prison, avec la fidélité de son seul ami Angelo pour consolation, et la ruine de tous les biens de Vincent. Retour à la “liberté”, auprès de Léa et de “leur” fille Violette. Léa restant active, l’enfant est confiée à la nordique baby-sitter Sigrid, dont Vincent apprécie la sensualité. Son couple ayant explosé, Vincent s’est lancé dans un métier où il montre des capacités réelles. Racketteur, ça ne s’improvise pas, il faut du savoir-faire. C’est ainsi que les années passent. Dans la vie de Vincent, il y aura d’autres femmes. L’arnaqueuse Cécile, qu’il finit par doubler; ou la sexagénaire Eugénie, qui cause d’autres embrouilles. Alors au top du racket, Vincent s’interroge sur lui-même, et il y a de quoi. Certes, il pourrait se réfugier à Saint-Agil, dans le Loir-et-Cher, où Angelo possède une masure. Mais non, c’est bien à Paris qu’il espère obtenir sa revanche, maintenant que sa fille Violette a grandi… Voilà donc quelques faits et mésaventures ayant émaillé le parcours chaotique du pitoyable Vincent. Si c’était un malchanceux, on le plaindrait volontiers. Comme ce n’est pas le cas, puisqu’il admet son incapacité à une vie équilibrée, suivons-le sourire aux lèvres dans les méandres de ses déboires. S’il est des êtres que les problèmes endurcissent, l’expérience n’offre pas plus de jugeote à Vincent (“Je n’étais pas fait pour une telle carrière, un vent farceur et méchant m’a poussé vers des contrées trop rudes”). Évitons les étiquettes “polar” ou “roman noir”. Car si le destin du héros est foncièrement sombre, son portrait nous est raconté avec une écriture enjouée. Pas de jugement railleur, ni d’évocation mordante de la part de l’auteur, une tonalité amusée : “C’est ainsi qu’au fil des semaines, l’activité du club se diversifia : tai-chi-chuan, aiki-jutsu, budokai-do, capoeira, Viet Vo Dao dans un premier temps; puis dans la foulée, petit commerce d’érythropoïétine, cocaïne, ecstasy, pot belge, bref le tout-venant du sport amateur. Ça, c’était de l’esprit d’entreprise.” Une histoire délicieusement amorale, que le lecteur observe avec complicité et grand plaisir. |