|
|
CAMILLA LACKBERG |
CyanureAux éditions ACTES N OIRS |
538Lectures depuisLe vendredi 11 Novembre 2011
|
Une lecture de |
Le jeune policier Martin Molin regrette d’avoir accepté l’invitation de Lisette, sa petite amie. Peu avant Noël, il va participer à une réunion de famille sur une île de la côte suédoise. Ancienne colonie de vacances rénovée, la maison d’hôtes tenue par Börje et Kerstin s’avère accueillante, chaleureuse. L’ambiance l’est un peu moins au sein de la riche famille de Lisette, les Liljecrona. Dans son fauteuil roulant, le grand-père Ruben reste un patriarche autoritaire. Il rabroue ses deux fils, auxquels il a laissé la direction conjointe de ses sociétés. Il se montre aussi sévère avec ses petits-enfants, Bernard et Miranda, dont les affaires ne sont pas aussi florissantes que prévu. Il s’intéresse à peine à sa petite-fille Lisette, mais épargne le fragile frère de celle-ci, Matte. Ruben exprime son courroux : “Vous avez détourné, dépensé et dilapidé ce que je vous ai donné. Et maintenant, je vous dit : ça suffit !” L’instant d’après, Ruben meurt, empoisonné au cyanure. Pour Martin Molin, impossible de lancer une enquête habituelle. À cause de la météo, l’île est complètement isolée. Les réseaux téléphoniques ne fonctionnent pas. À part placer le cadavre en chambre froide, le policier ne peut qu’interroger séparément les personnes présentes. Le fils aîné de la victime est le premier à répondre, puis c’est au tour de la belle Miranda. Il ne peut continuer, l’ambiance étant déjà lourde ce soir-là. D’ailleurs, Matte et son cousin Bernard commencent à se disputer. À cause de la tempête, la nuit n’apporte guère de vrai repos. Au matin, le climat est encore pesant dans le groupe. Interrogé, le second fils de Ruben admet qu’il s’entend mal avec son aîné pour diriger l’empire créé par leur père. C’est même nettement plus grave car, afin d’assouvir sa passion du jeu, il a détourné une grosse somme, bien difficile à rembourser. Le cynique Bernard est moins affecté par la mort du grand-père que son cousin Matte, qui était proche de Ruben. Une violente altercation éclate entre les deux jeunes gens, obligeant le policier à intervenir. “Martin leur tourna le dos et se dirigea vers la cuisine pour se faire un café. Il en avait par-dessus la tête de la famille Liljecrona.” Son enquête improvisée n’est pourtant pas terminée. Matte est la cible des accusations de la plupart des autres, en particulier de Bernard. Tandis que l’orage gronde fortement à l’extérieur, un autre meurtre est commis. On a très certainement utilisé le revolver du grand-père, mais l’arme est introuvable. Le policier glane quelques indices pouvant désigner un suspect, pourtant ils ne lui paraissent pas vraiment significatifs… C’est un délicieux court roman d’énigme que nous présente ici Camilla Läckerg, une des reines du polar nordique. La mort qui rôde sur une île coupée du monde extérieur, voilà un thème classique depuis les “Dix petits nègres” d’Agatha Christie, souvent imitée. Histoires traditionnelles, dont les lecteurs acceptent le postulat d’isolement, ainsi que la tournure quasi théâtrale. Si le défunt Ruben fut un admirateur de Sherlock Holmes, l’enquêteur se sent plutôt empêtré dans une tragédie familiale qui l’agace. Tous visaient évidemment l’héritage, mais Martin évite de porter ses soupçons sur tel ou tel. Des intermèdes nous révèlent les réactions des uns, les petits ou grands secrets des autres. Récit parfaitement dosé, qui progresse sous la tempête persistante bloquant les invités. On peut penser que si l’auteure ne différence pas un revolver d’un pistolet, cela fait aussi partie du jeu. Car il s’agit bien d’une comédie à suspense, fort agréable à lire. |