Troisième volet des aventures de Marzi, personnage que je découvre, La grande morille est un roman déroutant. Et en ce qui me concerne, je ne peux dire que j’ai accroché à cette histoire et aux personnages qui évoluent dans cette intrigue qui se déroule sur trois jours dans une narration alternée. Cela m’a fait penser aux personnages créés par Pierre Siniac et qui ont fait vibrer bon nombre de lecteurs à la fin des années soixante-dix, mais auxquels je n’avais pas adhéré non plus, Luj’Inferman et la Cloduque. Dimanche matin vespéral dans un troquet liégeois. Il n’est pas encore sept heure, pourtant Marzi est déjà debout, s’engouffrant dans le troquet A mon usine, les bras encombrés d’un énorme paquet. Un individu portant un masque de Mickey tente de le lui subtiliser, mais Marzi veille. Coups de poing, coups de bottines, coups de couteau, l’individu est vraiment mal, allongé à terre. Marzi soulève un coin du masque, reconnait son ex-supposé voleur, et quémande une ambulance. Aux deux brancardiers qui se pointent, toutes sirènes hurlantes quelques minutes plus tard, il désigne non le cadavre mais le paquet convoité. L’arrivée à l’hôpital s’effectue dans un désordre indescriptible, digne d’une scène de Grand-Guignol. Le vendredi précédent, Marzi le maffieux et sn ami Outchj ont rendez-vous avec Popette et trois autres personnages, hommes et femmes, hauts en couleurs pour une ballade en forêt. Outchj est tout guilleret d’aller à la chasse aux champignongnons, mot qu’il utilise pour désigner les mycoses forestières, le tout accompagné d’une nuitée dans une cabane solitaire. Mais cette promenade bucolique se transforme rapidement en randonnée pseudo militaire puis en lupanar. Ce roman complètement déjanté et parfois à tendance scatologique, est le type même de roman qui ne peut laisser indifférent. Soit on aime et on dévore, soit on n’apprécie guère malgré quelques pointes d’humour, et on se dit qu’on a sûrement perdu son temps. Je penche pour la seconde proposition, n’étant que peu réceptif à ce style de roman, d’intrigue, d’histoire, mais ce livre fera le bonheur de lecture pour ceux qui désirent de l’innovation, et se laissent volontiers emporter par des audaces narratives abracadabrantes et sortir des sentiers battus. Ce n’est pas forcement ma tasse de thé, mon assiettée de boudin aux pommes comme on dit en Normandie, ou ma poêlée de champignons, mais le lecteur n’est pas formaté, heureusement, et celui qui aime ce style imaginaire déconcertant sera ravi.
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