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PIERRE LEMAITRE |
AlexAux éditions ALBIN MICHELVisitez leur site |
3764Lectures depuisLe dimanche 6 Fevrier 2011
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Une lecture de |
Infirmière intérimaire, Alex Prévost est une très jolie célibataire âgée de trente ans. Habitant Paris, elle change assez souvent d’adresse. Elle a peu d’attaches avec sa mère ou son frère, de sept ans plus vieux qu’elle. Alors qu’elle rentre chez elle après avoir dîné dans un restaurant, Alex est enlevée rue Falguière. L’homme la kidnappe dans son fourgon, avant de la séquestrer dans un bâtiment désert. Elle ne connaît pas son ravisseur, quinquagénaire à l’air rustre. Il l’oblige bientôt à se dénuder, puis l’enferme dans une caisse à claire-voie. La cage est suspendue bien au-dessus du sol par une corde. Alex se trouve souvent seule, le kidnappeur passant de temps à autre pour “la regarder crever”. Elle finit par réaliser que cet homme est le père de Pascal, jeune homme immature qu’elle a connu. Le martyre de la captive passe à un autre niveau. Les chances de s’en sortir s’amenuisent. L’enlèvement d’une jeune femme a été signalé rue Falguière. Le commandant de police Camille Verhœven est chargé de l’affaire. Ce caractériel a vécu un drame similaire avec sa défunte compagne Irène. Il n’est probablement pas le meilleur enquêteur pour ce genre de cas. Avec le jeune dandy Louis et ce vieil avare d’Armand, il dispose néanmoins d’adjoints compétents. Par contre, il ne risque pas de s’entendre avec le juge prétentieux qui lui met la pression. Faire vite, lorsqu’on dispose de si peu d’indices, c’est bien difficile. Grâce aux caméras de surveillance d’un pharmacien, le véhicule du ravisseur pourrait être identifié. Manquant d’autres indices, la police n’avance guère durant quatre jours. On finit pourtant par identifier le kidnappeur. Cerner son domicile, lancer une opération du RAID, c’est l’idée du juge. Camille Verhœven pourchasse le suspect, qui se suicide. Le policier dispose de peu d’éléments pour retrouver la jeune captive. Un nom apparaît, celui d’une amie de Pascal, le fils du ravisseur. Cette Nathalie Granger a emprunté son nom a une héroïne de Duras. Chez l’ex-colocataire de Nathalie, les enquêteurs vont découvrir un assassinat à l’acide sulfurique. Les exemples de tels meurtres sont rares, on en recense que trois en onze ans. La police finit par définir où est séquestrée la disparue. Mais quand ils interviennent, la victime a disparu. En effet, Alex est parvenue à s’enfuir. Non sans difficultés, elle a regagné son logement. Elle apprend la mort du ravisseur. Le temps de récupérer après cette épreuve, puis Alex déménage. Son séjour à Toulouse sera court, mais elle atteint son but. Elle revient à Paris, reprend contact avec un certain Félix, séducteur qui n’attendait que ça. De son côté, Camille Verhœven s’interroge autant sur le ravisseur, peu apte à situer seul sa victime, que sur la jeune femme. Les meurtres à l’acide présentent peu de points communs. Sauf cette inconnue qui “ne change pas d’identité à proprement parler, elle se fait appeler autrement, ce n’est pas la même chose […] Elle brouille les pistes comme elle peut”, estime Verhœven. Les témoignages des gens qu’il rencontre ainsi que des faits récents ne sont aisés à interpréter. La logique du policier ne suffira peut-être pas à retrouver la fugitive, qu’il a déjà ratée une première fois… Voici donc posées quelques pièces du puzzle. Elles sont loin de donner l’image d’ensemble. D’ailleurs, cette intrigue est un triptyque, suite de trois tableaux illustrant l’histoire d’Alex. Trois temps que l’on pourrait intituler : la captivité, la fuite, l’explication. On aurait tort, car Pierre Lemaitre est plus subtil. C’est un jeu entre la position de victime et celle de coupable qu’il a mis en place. Habile dans les faux-semblants, il a concocté ici un nouveau scénario à suspense fascinant. On va sympathiser avec Alex, malgré ses facettes sombres et son côté instable. Y compris, plus que jamais, quand elle est à la fois absente et présente. Apparu en 2006 dans “soigné”, titre de l’auteur, le policier atypique Camille Verhœven est un héros qui ne laisse pas indifférent. Colérique, parfois cynique, d’un physique disgracieux, marqué par un drame, héritier d’une fortune en tableaux, l’enquêteur est confronté à un portrait de victime qu’il ne peut correctement dessiner. Néanmoins, c’est un obstiné qui ne lâche pas un suspect quand il le tient. Quant à la vérité finale, il la découvrira afin que s’exerce la justice, bien sûr. Là encore, attention aux apparences. L’entourage du policier est aussi savoureusement décrit. Si Pierre Lemaitre confirme qu’il est un excellent scénariste, outre sa souplesse narrative, on sent qu’il peaufine son écriture. Ce qui ajoute un bel atout à ce palpitant roman.
« Alex » Pierre Lemaitre Albin Michel, 2011 Qui est cette jeune femme ? Pourquoi elle ? Pourquoi moi, crie-t-elle dans l’obscurité où l’a laissée son ravisseur. Dans une cage suspendue. Nue. Un peu d’eau, des croquettes pour chat. La folie. Les rats qui font fermenter la trouille, l’ignoble trouille. Alex… Une jeune femme a été enlevée dans la rue mais personne ne sait qui elle est. Comme s’il s’agissait d’un mirage de rapt….Comment est-il possible qu’une fille, une femme, une sœur, une employée… disparaisse sans que nul ne la réclame ? Une mère, un frère, il y en a… Des modèles du genre dont on se passerait… Un flic nabot, presque un nain. Mari veuf, victime d’une terrible dépression après l’enlèvement et la mort de son épouse enceinte deux ans auparavant. C’est lui qu’on envoie sur le terrain. Mauvaise ou bonne idée ? Pas si mauvaise puisqu’il déroulera l’étrange pelote d’un fil improbable où la victime enfin identifiée va changer de statut. Le montage de ce roman est habile. Les réalités juxtaposées finissent par construire un paysage sombre, très sombre, aux confins de la folie. Mention spéciale aux relations de famille, passable au nabot dont la petite taille confine à l’invraisemblance bien qu’elle vise sans doute à l’intégrer dans une galerie de monstres ordinaires. Pierre Lemaitre n’hésite pas à secouer les dés, pour rappeler que la face « victime » est une face bien souvent plombée… A lire pour la galerie de portrait et le suspens, l’agencement diabolique et l’inconfort dans lequel il entraîne son lecteur qui ne sait plus qui croire, qui justifier, à qui s’identifier.Avec « Cadres noirs » il explorait déjà les contrées peu reluisantes de la psyché, pour retomber sur ses pieds après un joli saut périlleux. Ici, il enchaîne les sauts de carpes, sans un flop !Voici un roman dont on a peu parlé depuis sa sortie, et qui mérite plus qu’un intérêt poli pour un auteur qui a déjà offert de belles pages avec « Robe de Marié » ou « Cadres Noirs ». 19.9 € 392 p |
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