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MARIN LEDUN |
Zone EstAux éditions FLEUVE NOIRVisitez leur site |
2243Lectures depuisLe vendredi 28 Janvier 2011
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Une lecture de |
L’histoire se passe dans trois à quatre décennies. Coincée entre les Alpes et le Massif Central, la Zone Est s’étale sur deux cent vingt kilomètres d’Orange à Lyon, villes qui n’existent plus. Ce qui fut la Vallée du Rhône est devenu un vaste espace urbain et industriel. Tout le sous-sol a été aménagé en immeubles souterrains. Cet espace où vivent trois millions de personnes est cerné d’un long mur infranchissable. On a conçu cette zone protégée quand le monde a été vicié par les nanovirus. Ces poisons se sont soudainement multipliés et répandus, causant une catastrophe majeure et de terribles réactions en chaîne. Beaucoup parmi les survivants gardent des séquelles physiques, en particulier de graves problèmes de vue. “L’industrie médicale a pris le relais et développé quantité de prothèses, vaccins de tout poil, de neurovirus et de nanorobots supposés prémunir nos gènes et notre système immunitaire de toute nouvelle attaque.” Résultat, une vie déshumanisée au cœur d’une prison troglodyte. C’est dans cet univers que vit Thomas Zigler, 42 ans, qui se qualifie de chasseur d’âmes. On lui donne pour mission d’aspirer les données figurant dans la mémoire de chacune de ses cibles humaines. Avec efficacité, il va “identifier la cible, la neutraliser, transférer les informations, et disparaître.” Des intermédiaires le contactent pour de puissants clients, sans qu’il sache à qui profitent les renseignements qu’il soutire de la mémoire des cibles. Sa dernière mission l’a troublé. Parce que son contact Vinetti a abattu la victime de l’opération. Surtout, Thomas a entrevu dans la mémoire aspirée les images d’une femme franchissant le Mur, frontière de la Zone Est. Pourchassée, la fugitive serait passée à travers, scène irréelle. Le même client propose à Thomas une nouvelle mission, mais il est conscient des risques. Son appartement ayant été visité, il choisit la clandestinité. Ami de Thomas, Stix est un cyborg ayant des relations partout dans la Zone Est. Pas de philanthropie de sa part : s’il accepte de l’aider, il espère en tirer une compensation financière. Quant à Thomas, son but est d’obtenir des yeux sains. Il est animé par un esprit de revanche contre ces dirigeants de la Zone Est qui l’ont manipulé. Assisté par la belle et dangereuse Sylia, comparse de Stix, il suit la seule piste dont il dispose. Il capte la mémoire d’une jeune femme, témoin qui est trop sous l’emprise des médicaments. Tentant d'approcher d'un secteur proche du Mur dominé par le caïd Vania, le duo est secoué dans une bagarre. Difficile de faire la différence entre mercenaires et forces de sécurité. Chef de bande, Rocket Queen négocie son aide pour s’attaquer à Vania. Grâce au commando qui neutralise le caïd, Thomas peut aspirer sa mémoire. Pourtant, le chasseur d’âmes n’en est encore qu’au début de ses recherches, qui vont bientôt l’opposer au puissant Medic’Corp et aux autorités. Peut-être finira-t-il par savoir s’il existe toujours des formes de vie, sans virus, de l’autre côté du Mur… Ce roman d’aventures est autant un polar futuriste qu’un scénario d’anticipation, de science-fiction. Même si les pires pollutions à venir ne sont pas certaines, on ne peut exclure l’hypothèse servant de base au récit, une catastrophe virale. Pour y remédier, l’union entre laboratoires scientifiques et pouvoir politique peut entraîner une forme de dictature : “…ces savants bossent pour le gouvernement et les monopoles de l’industrie médicale et pharmaceutique. De quoi mettre en doute leur sincérité et l’objectivité de leurs conclusions […] En pratique, tout individu de la Zone Est est traçable en permanence. Qui dit traçabilité et fichage généralisé, dit aussi possibilité de manipulation. Les micro-puces qui parasitent ma chair signalent ma présence autant qu’elles reçoivent des informations, donc des ordres d’actions potentielles.” Voilà donc Thomas et Sylia lancés dans une course à la vérité, confrontés à de nombreux obstacles et de multiples dangers. On sent un évident plaisir d’écriture chez Marin Ledun, qui maîtrise parfaitement une histoire riche en palpitantes péripéties. Même les lecteurs moins férus de SF ne sont pas déroutés, car ce très bon suspense a simplement pour décor le monde de demain. |
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