Il était parti de chez lui pour échouer à Paname où il espérait rencontrer son avenir et non pas le fond sans fond d'une shooteuse de " Black Shit ", billet pour un ultime trip. Et pendant qu'il zonait dans les rues anonymes de la ville, entrecroisant parfois la mort, dans l'ombre le complot se tramait, le complot des esclavagistes post modernes adeptes de l'éradication sournoise, seule à même d'asseoir leur pouvoir. De squat en pseudo mansarde minable, de parking gore en courette intérieure, sa trajectoire le conduisait tout droit au plus profond de l'égout, là où les membres se brisent. Est-il vivant? Est-il mort ? Qu'importe puisque le futur ne lui appartenait plus. Si Léo Lamarche à également publié plusieurs livres pour enfant, ce " Macadam Blues " ne relève pas de ce genre. Plus noir que noir, ce court récit nous entraîne au cœur d'un monde où plus personne ne traîne de fêlures tant la brisure des êtres y est immense. Ecrit comme on se drogue, chaque phrase suinte sa dose d'acide. A croire que Léo Lamarche a tricoté ce récit à l'aiguille, celle d'une seringue qui aurait injecté, en intraveineuse, des mots sans espoir aux feuilles blanches !
Une autre lecture duMacadam Bluesde PAUL MAUGENDRE |
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Entre un père qui est plus souvent à l’ombre qu’à la maison, une belle-mère qui refile plus de torgnoles que de sourires, un frère qui se vautre comme une otarie échouée dans le canapé du salon en guise d’activité rémunératrice, Freddy n’est guère gâté par la vie. Et puis la Sénarde, c’est pas franchement le quartier propice pour s’éclater, pour jouir de la vie, lorsqu’on est ado. Alors Freddy décide de partir, de fuir cette ambiance délétère et de rejoindre la capitale. Il ne connait personne et traine ses baskets dans les lieux mal famés de la ville. Paris, ville lumière, surtout lorsqu’on a assez d’argent pour s’éclairer avec des pétards. Au début, car dans l’engrenage, c’est tout le bras qui y passe et devient vite une écumoire, bras poinçonné à coups de seringues. Squatteur un jour, squatteur toujours, entre La Chapelle, Barbès, Montmartre, parfois de petits extras Place de Clichy ou Gare de Lyon. Il trouve toujours un copain, une amie pour l’aider dans sa quête de plaisirs frelatés, mais ce qui lui manque le plus, ce sont les fonds, des fonds qui ne gisent pas dans ses fonds de poche, évaporés, absents. Alors dans l’attente du RMI, il doit accepter quelques privautés. Aller même au bout de ses désirs qui sont ses besoins, et ne pas s’embarrasser de remerciements lorsqu’on peut faire autrement. Et les médicaments ne se trouvent pas sous les grolles des fachos qui sillonnent les plaines du canal Saint Martin ou autres endroits où ils sont sûrs de trouver de la viande à tabasser en toute impunité. Le trottoir, quand t’es môme, c’est pas le palais du rire. Ce court roman, 115 pages, se décline en de très courts chapitres, comme des nouvelles au raccourci, et cela slame dans la tête. De petits poèmes s’éparpillent en cours de route et référence est faite à Mano Solo. L’écriture de Léo Lamarche est un coup de scalpel qui entame l’esprit et vous tient éveillé. L’horreur, la poisse, le glauque, la noirceur au bout de la nuit, l’envie d’aider Freddy dans sa quête, les questions qui s’entrechoquent, est-ce vraiment de la fiction, et le lecteur arrive à l’épilogue lessivé, rincé, broyé, pantelant. Léo Lamarche est une jeune femme au visage angélique dont les yeux bleus expriment la sérénité et pourtant que de violence dans ses écrits. Le diable au corps du stylo.
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