Qu’ont en commun Arsène Lupin, Joseph Rouletabille, Sherlock Holmes, Eugène-François Vidocq, Fantômas, Hercule Poirot et Miss Marple ? Non seulement ce sont des héros populaires mais leurs hagiographes ont oublié, gommé, sciemment ou non, tout un pan (comme aurait dit Peter) de leur biographie. Celle con cernant leur sexualité, quoique celle-ci ne fût pas le plus important dans l’élaboration des énigmes qu’ils eurent à résoudre. Mais ce ne furent que des hommes et des femmes comme vous et moi, la célébrité en plus je vous l’accorde, qui connurent les joies de forniquer sans vergogne. Etienne Liebig répare cet oubli fondamental en nous proposant quelques bluettes mettant nos héros dans des positions sinon scabreuses, particulièrement jouissives. Ainsi Arsène Lupin doit démêler une affaire dans laquelle le ministre de l’intérieur (de l’époque) est intimement partie prenante à son corps défendant. Ou plutôt sa femme car c’est bien d’elle qu’il s’agit, victime con-sentante, ou non d’un Arsène Lupin lubrique et farceur. Il est vrai qu’à la décharge de la jeune femme, son ministre de mari est plus souvent à l’extérieur qu’à l’intérieur, n’oublions pas qu’il est ministre du même nom, du foyer familial. Aussi lorsqu’une nuit elle pense que son mari daigne enfin s’occuper de son foyer intime elle ne déroge pas à son empressement. Mais quelle n’est point sa surprise quand son époux réfute lui avoir prodigué des hommages nocturnes. Hommages signés des initiales A.L. sur la partie intérieure de son arrière-train. Joseph Rouletabille, le fameux et jeune journaliste est convoqué ainsi que quelques confrères pour découvrir le résultat d’un meurtre en chambre close. Le parfum qui subsiste dans la pièce le ramène quelques années en arrière, lorsqu’il fut recueilli par les mères souffrantes de la charité bienheureuse, une fragrance qui lui rappelle le parfum de la Chatte en noir. Introduisons nous maintenant dans l’antre du détective britannique Sherlock Holmes lorsque celui-ci est con-vié par une demoiselle Ambergotthy à enquêter sur la disparition de l’héritier des Lonsdalle qui devait devenir son mari. Le lecteur appréciera la faculté déployée par Holmes à démontrer que la jeune fille, si elle désire préserver sa virginité n’en jouit pas moins des bienfaits d’un trompettiste roux capable de se servir de son instrument anatomique sans déflorer la drôlesse. Envers et contre tous. Vidocq narre dans son langage argotique et fleuri les mésaventures funestes d’une jeune fille de la Haute qui aurait fauté par derrière, malgré les préceptes de la noblesse qui con-sidère que l’envers ne vaut pas l’endroit. Juve, le policer, et Fandor, le journaliste, sont con-frontés au génie du mal, Fantômas qui ne manque pas de subterfuges et se montre toujours masqué, et couvert. Enfin pénétrons dans l’univers d’Agatha Christie en suivant les pérégrinations de ses deux héros récurrents, Hercule Poirot et Miss Marple. Hercule qui avance sans l’ombre d’un doute à la recherche d’un jouet, un olisbos en ivoire pour se montrer précis, objet déposé dans le berceau d’une jeune fille alors qu’elle était toute jeunette et orpheline et qu’un malotru lui a dérobé. Miss Marple, suite à un pari osé avec sa sœur, découvrira que sous la soutane du pasteur de sa paroisse se dresse une fontaine de jouvence alors que la femme d’icelui n’est guère accueillante. Thierry Liebig s’amuse véritablement dans ces historiettes qui ne manquent pas de saveur, tout en respectant le style mais en extrapolant, inventant des aventures amoureuses à ceux qui furent les héros de notre adolescence et qui le demeurent. Ce sont des hommes et des femmes qui ont bien le droit de goûter au plaisir de la chair, aux plaisirs devrais-je écrire, se prêtant avec bonheur à toutes les situations, par agrément ou par souci professionnel. Un ouvrage qui a du jus et pudibonds s’abstenir. Car les prises de positions de l’auteur permettent à ces personnages de s’exprimer, s’extérioriser, s’intérioriser en toute bonhommie, sans fausse pudeur, avec une joie et une jouissance communicatives.
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