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ABRAHAM LINCOLN |
Le Mystère TrailorAux éditions SKAVisitez leur site |
659Lectures depuisLe mardi 16 Janvier 2018
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Une lecture de |
The Trailor Murder Mystery. Traduction de Franq Dilo. Préface de Claude Mesplède. Collection Noir sœur/Perle noire. Parution 2 novembre 2015. 33 pages. 2,99€. Edition bilingue. Ebook. Abraham Lincoln, président ? Mais pas que… En général, je lis les préfaces avec un certain recul, car cela ne présente la plupart du temps aucun intérêt. En effet, le scripteur a plus tendance à se mettre en avant, à parler de lui plutôt que d’apporter des éléments novateurs concernant l’auteur et son texte. Naturellement, tout le monde sait, sauf la nouvelle espèce d’ignares, comme le précise le préfacier, qui arguent du fait qu’ils n’étaient pas nés, que Lincoln fut président des Etats-Unis deux fois mais n’alla pas jusqu’au bout de son second mandat par la faute de son engouement pour le théâtre. En effet il fut assassiné dans le Théâtre Ford, et non dans une automobile comme le nom pourrait le laisser supposer, d’une balle dans la tête le 14 avril 1865. Balle tirée par un Sudiste médiocre comédien, mais qui réussit sa sortie. Faut-il y voir une relation de cause à effet, le général Robert Lee venait de signer sa reddition à Appomattox le 9 avril, soit quelques jours auparavant. Les mois d’avril sont meurtriers comme chacun sait. Le fameux Lee sudiste qui, à la tête des Confédérés, avait combattu l’abolition de l’esclavage prônée par Lincoln. Il en reste des traces encore de nos jours. Sans oublier que Lincoln fut le premier président républicain, un nouveau parti qui venait de se créer et qui depuis a bien mal tourné. Mais nous ne referons pas l’histoire, nous ne sommes pas mandatés pour. Revenons donc à Lincoln qui lorsqu’il écrivit ce texte était en bonne santé. Autodidacte, il apprend seul le droit et devient avocat itinérant. Et ce fameux mystère Trailor ne pouvait le laisser insensible. Il en a tiré un texte qui pourrait s’apparenter à une nouvelle criminelle ou à un article journalistique, publié le 15 avril 1846, reprenant les faits, les décortiquant, les analysant et surtout s’interrogeant sur la possibilité de la Justice de rendre un verdict à l’encontre de présumés coupables, reposant sur des témoignages aléatoires, des rumeurs, des aveux peut-être extorqués, et en l’absence de corps. Mais qu’est-ce que ce mystère Trailor ? En ce printemps 1841, les trois frères Trailor, qui vivent séparément à Springfield, petite ville située dans l’Illinois, ou dans ses environs, se retrouvent un beau (?) jour. Puis ils partent, accompagnés d’un nommé Fischer, lequel est le voisin d’un des frères, pour une promenade en voiture. A cheval je précise. Lorsqu’ils reviennent dans la soirée, un par un, le dénommé Fischer manque à l’appel. Ils s’engagent à le rechercher le lendemain, mais leurs démarches restent vaines. Les jours suivants aussi. Les suspicions des voisins, puis des habitants, puis des journalistes font qu’ils sont soupçonnés puis accusés de meurtre, mais sans qu’aucun cadavre vienne confirmer les allégations. Pour la suite, je vous renvoie à la préface de Claude Mesplède puisque celui-ci dévoile malicieusement l’épilogue, un système intéressant pour le lecteur qui économise du temps et peut se vanter de connaître la solution, ou presque, sans avoir lu le texte. Mais il s’agit d’un fait-divers authentique que vous connaissez peut-être déjà, même si vous n’étiez pas né à l’époque. Le fait que le texte français soit suivi du texte original, en américain, réjouira les anglophones, ou plutôt les américanophones, qui pourront lire cet article en version originale, et par la même occasion me préciser ainsi du bienfondé de cette phrase : L'accusation fit une pose. Personnellement, je pencherais pour : L’accusation fit une pause. A moins qu’il y ait une pause pour prendre une pose photographique, par exemple. Je sais, je suis un pinailleur, sans pour cela tromper ma femme. Quoiqu’il en soit, ce texte, débarrassé de fioritures stylistiques, pose la question fondamentale d’un jugement reposant uniquement sur des intimes convictions. Ce qui peut entraîner, et cela est arrivé à moult reprises et encore dernièrement, à emprisonner de présumés coupables alors qu’ils sont innocents.
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