Plus jamais ça de Aude LHOTELAIS


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AUDE LHOTELAIS

Plus Jamais ça


Aux éditions RAVET-ANCEAU - POLARS EN NORD

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Le mardi 6 Aout 2013

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Aude LHOTELAIS




Une lecture de
PAUL MAUGENDRE

PAUL MAUGENDRE  

Le 3 septembre 1939 marque un tournant dans la vie de Pierre, six ans, et sa sœur Joséphine qui elle est âgée de douze ans. Ils ne le savent pas encore mais leurs parents en sont conscients. La France et l’Angleterre viennent de déclarer la guerre à l’Allemagne qui vient d’envahir la Pologne. Quelques mois s’écoulent avant que la soldatesque allemande déferle et investi le port du Havre.

Les mois, les années passent. Le père de Pierre et de Joséphine, qui travaille à la centrale électrique décède dans un accident sur son lieu de travail. Les Havrais connaissent les privations et leur mère a bien du mal à leur trouver la nourriture nécessaire à leur survie. Les bombardements pilonnent la population et les blessés sont nombreux. Le pire est à venir.

En septembre 1944 l’avancée des Alliés se précise et l’aviation britannique pilonne la cité portuaire. Joséphine s’est engagée dans les équipes nationales et aide avec les autres volontaires les démunis, les sans abris, les victimes. Avec sa mère Pierre se réfugie dans le tunnel Jenner qui doit relier la ville basse au plateau. Mais ce n’est qu’un cul de sac car les travaux entamés en 1939 ne sont pas terminés. Les galeries s’effondrent et Pierre est l’un des rares survivants à être recensés. Sa mère sera retrouvée plus tard, morte, écrasée par l’éboulement. Mais Pierre ne l’apprendra qu’au bout de quelques jours.

Il recherche sa sœur qui en compagnie de ses camarades est réfugiée au Guillaume Tell, célèbre café du centre ville. L’édifice a été bombardé, pourtant elle essaie de retrouver des survivants. Elle aussi sera prise sous les décombres de l’incendie qui s’est déclaré et Pierre sera définitivement orphelin. Tandis qu’il s’inquiète pour sa mère et sa sœur, il assiste un chirurgien au Bois Cody, l’aidant à soigner les blessés, en cautérisant les amputés et en changeant les pansements. Et lorsque qu’il apprendra qu’il est devenu orphelin, c’est tout naturellement que le chirurgien l’adoptera avec l’accord de sa femme et du gamin.

En novembre 2012, l’ex-commissaire Hyacinthe Téodovna, devenue agent de sécurité dans un supermarché du quartier de l’Eure, quartier sensible depuis des décennies, est alertée par une caissière. Une cliente vient de s’effondrer devant sa caisse. La vieille dame rapidement secourue avoue avoir eu un malaise car son fils est décédé quelques jours auparavant. Hospitalisé à l’hôpital Pierre-Janet dans une unité de soin d’office carcérale, il s’est suicidé en se pendant à l’aide de ses draps. Elle a assisté à l’enterrement mais n’a pu voir le corps de son fils.

Hyacinthe habite chez son amie Sabine, médecin légiste. Enfin pas chez elle vraiment mais dans une dépendance de sa propriété, tout comme leur autre amie Célia. Les trois femmes s’entendent bien, mangent chez l’une ou chez l’autre selon l’occasion, et se racontent leurs petites histoires. Mais Hyacinthe et Célia évitent de parler d’un passé un peu trop douloureux. C’est ainsi que Sabine se retrouve avec un cadavre sur les bras, celui d’un accidenté de la route. L’homme, qui était nu, s’est jeté sur une voiture en pleine nuit. Mais les blessures qu’il porte ne sont pas toutes dues à l’accident. Or, en comparant les deux affaires, il semblerait que le détenu et l’accidenté soit le même personnage. Ce qui intrigue Hyacinthe, qui si elle ne fait plus partie de la police, n’en a pas moins gardé son esprit d’investigatrice et d’enquêteuse. Les trois femmes vont unir leurs efforts pour résoudre cette énigme aidée un petit génie informaticien qui peut bidouiller dans n’importe quel ordinateur.

Autant l’avouer tout de suite, si j’ai bien aimé ce roman, c’est d’abord par ses qualités mais aussi parce qu’il m’a ramené plus de soixante ans en arrière, lorsque j’habitais la commune de Sanvic, située sur les hauteurs du Havre et qui fut commune indépendante jusqu’en 1955 et que j’ai fréquenté, nul n’est parfait, l’église Saint-Denis, qui n’est pas une petite église mais ressemble, dans mes souvenirs à une cathédrale.

Les deux histoires, celle d’hier avec Pierre, et celle d’aujourd’hui avec ce personnage qui meurt deux fois en des endroits différents, s’entremêlent pour se rejoindre dans un final qui ne manque pas de suspense et d’angoisse. Evidemment la partie historique, celle de la guerre et des ravages causés par les bombardements prend une grande place dans cette intrigue, mais les fils sont lâches, distendus et pourrait faire l’objet d’un roman à elle seule.

Hyacinthe est une femme au profit particulier et son passé ne plaide pas en sa faveur, d’ailleurs c’est pour cela qu’elle a été mise en disponibilité. Mais elle possède néanmoins un certain charme, une présence, un charisme comme il est bon de dire actuellement, qui ne laisse pas indifférent le lecteur. Elle a un chien, Broc, normal dans sa profession, mais aussi Youri, un iguane que l’on voit trop peu rarement.

L’auteur marie à souhait et avec machiavélisme passé et présent et on se laisse embarquer dans son récit qui navigue entre hier er aujourd’hui sans casser le rythme. On suit avec plaisir les différents protagonistes en se demandant quand et comment ils vont se rejoindre. Et c’est réussi. Il est seulement dommage qu’Aude Lhôtelais sacrifie à une mode, celle de l’érotisme, et ces quelques courts passages me semblent superfétatoires. Ils sont décrits d’une façon clinique alors qu’en procédant avec poésie cela eut été plus en harmonie avec le texte, lui apportant des moments de détente.

Nonobstant ce petit bémol, le roman d’Aude Lhôtelais est un formidable voyage tragique dans une ville qui fut sinistrée et dont l’architecture réalisée par Auguste Perret à la fin de la guerre est aujourd’hui classée au patrimoine de l’Unesco. La reconstitution est époustouflante et l’on suit Pierre dans ses diverses péripéties avec intérêt. La suite emprunte à un roman policier classique, même si les éléments qui gravitent autour relèvent du thriller, et plus particulièrement du thriller médical. Et l’on ne peut s’empêcher de penser que toute forme de recherche scientifique salutaire ne peut se faire sans une dose d’extrapolation schizophrénique.

Mais Aude Lhôtelais manie également l’humour noir. Par exemple cet épisode qui relève de la tragicomédie : le cadavre d’une femme à la morphologie imposante ne peut entre dans le scanner de l’Institut Médicolégal à des fins d’autopsie. Aussi il est fait appel à l’Ecole Vétérinaire de Maisons-Alfort dont les services possèdent un appareillage permettant d’autopsier les gros animaux !

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