FREDERIC LENORMAND

Pour les auteurs de romans policiers de l’âge classique, le meurtre n’est que la manifestation d’un trouble psychologique -celui du meurtrier-, manifestation qui induit un trouble social. La tache du détective consiste à rétablir cet ordre, en confondant le meurtrier et en l’enjoignant, au nom de la loi, de prendre à sa charge le cadavre.

Si « Panique sur la grande Muraille » s’inscrit parfaitement dans cette perspective, c’est en la dénudant de toutes considérations psychologiques.
Le juge Ti est envoyé superviser les travaux de restauration de la muraille, qui par endroits est réduite à un trompe-l'œil. La brèche, ainsi ouverte, ne menace pas seulement l’ordre de la petite ville de l’ouest de l’Empire, elle menace l’Empire dans son ensemble. Et la tâche du juge est double : endiguer le danger potentiel en accélérant les travaux et arrêter les « hordes » Turcs qui ne rêvent que de déferler jusqu’à la cour des Tang.
La tâche du détective n’est plus simplement de rétablir l’ordre social en démasquant un meurtrier, mais d’empêcher que ce même ordre ne soit troublé par les « meurtres » qui menacent. Malheureusement, le juge Ti n’est pas un général et il n’a à sa disposition que ses déductions et accessoirement un bataillon de femmes, sorti des quartiers réservés ou du veuvage.
Mais qu’importe? Sa sagacité confucéenne saura dompter la matière et les troupes Tujue… même s’il lui faut sacrifier la tête d’une Chinoise et engendrer une Tujue. 

Comme à son habitude Frederic Lenormand, nous offre, avec cette nouvelle aventure du juge Ti, un moment charmant et un voyage dans le temps, aux pieds de la muraille de Chine, des plus convainquant.