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WILLIAM KRASNER |
La Rue Sans FinAux éditions UN MYSTERE |
704Lectures depuisLe vendredi 14 Aout 2015
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Une lecture de |
Dans cette ville américaine, Sam Birge est un policier proche de la retraite. Il aurait envie de consacrer plus de temps à son épouse Edna et à leur fils Roy. Pour l'heure, Sam Birge continue à mener ses enquêtes, tout en fumant le cigare. Il est secondé par l'ambitieux Charley Hagen, âgé de quarante-deux ans, qui espère le poste de Sam Birge : certes, il en a la compétence, mais sans doute pas encore la maturité. Une jeune femme vient d'être découverte poignardée au Marne Hotel, Sam Birge et Charley Hagen se rendent sur les lieux. C'est un bâtiment miteux et sale, “croulant, crasseux, crapuleux”. Mrs Ferris, la femme de ménage a bien du mérite à entretenir ce qu'elle peut. Quant à Mrs Leeds, la propriétaire, elle gère son hôtel sans se préoccuper vraiment de ses locataires. Janice Morel, la victime âgée d'une trentaine d'années (Morelski étant son nom complet), était entraîneuse et chanteuse dans un club, Le Trinidad, appartenant à Joe Marco. En fait, il est aussi propriétaire du Marne Hotel, mais laisse ce titre à Mrs Leeds. Le réceptionniste de l'établissement ne tarde pas à l'informer du meurtre. Sam Birge interroge les locataires voisins de chambres de Janice Morel. Notamment Freddie Eckstein, contrebassiste aveugle jouant dans l'orchestre du Trinidad, et Joan Fleur, entraîneuse dans le même club et amie de la victime. Le nom d'un suspect apparaît rapidement : Harry Chapel, amant de Janice. Grâce aux cahiers de la jeune femme, Sam Birge comprend que les projets artistiques de celle-ci n'ont jamais abouti. Bien qu'elle ait un supposé "agent", Emmett Sanderson. C'est évidemment pour payer les services (bien relatifs) de cet impresario d'opérette que Janice faisait chanter quelques personnes. Des petites sommes réclamées à chacun, qui totalisaient finalement deux mille dollars, versés à Sanderson. Quand il est interrogé, Harry Chapel admet avoir donné de l'argent à Janice, toujours volontairement. Toutefois, un rapport de police révèle le passé judiciaire de Chapel. Le considérant comme suspect n°1, Charley Hagen prend l'initiative de l'interpeller. Bien que l'établissement soit cerné, Harry Chapel parvient à s'enfuir. Il trouvera refuge dans un minable hôtel d'Acadia Street, ignorant être filé par le réceptionniste au service de Joe Marco. Chapel croisera une chic fille, la serveuse Bérénice, mais peut-il espérer aller loin avec elle ? Sam Birge s'intéresse à Joe Marco, qui joue à l'honnête commerçant, et à l'"agent" Emmett Sanderson, qui nie toute pression sur Janice Morel. Même s'il est possible que Joe Marco stocke de la drogue dans son hôtel, une fouille minutieuse ne donne rien. Lors d'un nouvel interrogatoire, Joan Fleur et Freddie Eckstein ne disent pas toute la vérité à Sam Birge. Charley Hagen a commis une erreur en voulant arrêter Chapel sans en référer à son supérieur. Néanmoins, il reste absolument certain de sa culpabilité. Sam Birge en doute fortement, lui. Certes, on pourrait facilement boucler l'affaire, en mettant le crime au crédit de tel ou tel. Mais quand Sam Birge procède à une arrestation, c'est pour inciter l'assassin à tout avouer… William Krasner (1917-2003) naquit à Saint-Louis, dans le Missouri. Il fréquenta la Soldan High School, s'initiant à la carrière d'écrivain en collaborant à une revue littéraire aux côtés de Tennessee Williams. Après le lycée, il travailla dans le service postal américain, puis intégra l'armée de l'air. Il décrocha ensuite un diplôme de psychologie de l'Université Columbia, où il étudia en plus l'écriture de fiction. En 1949, il publie son premier roman “La rue sans fin”. Son héros le policier Sam Birge figure aussi dans “The Stag Party”, “Death of a Minor Poet” et “Resort to Murder”, non traduits en français. Krasner a également écrit “North of welfare”, et en 1950 “The gambler”, qui fut publié en 1989 sous le titre “Le flambeur”. Un cinquième roman avec Sam Birge, intitulé “Opfer einer Razzia”, n'a été publié qu'en allemand. Dans une lettre de 1951 à Frédéric Dannay (Ellery Queen), Raymond Chandler évoque ce premier roman : “Il peut aussi arriver qu'un seul livre, tel que "La rue sans fin" de William Krasner, place immédiatement son auteur au-dessus et au-delà d'une longue liste d'écrivains ayant écrit vingt ou trente livres, qui sont connus et ont du succès.” Bel hommage d'un connaisseur. Raymond Chandler avait assurément compris que l'intention de l'auteur n'était pas de raconter uniquement une enquête de police. Petite rivalité entre le héros et son adjoint, mensonges de la plupart des témoins, club de nuit douteux et hôtel délabré : les décors créant une ambiance, et les portraits ciselés des protagonistes importaient davantage à William Krasner. L'auteur ne négligea pas non plus la construction stylistique. La personnalité de la victime est définie à travers ses carnets intimes. Une place est aussi faite à l'assassin, au cours du récit. Outre les enquêteurs, on va suivre également le principal suspect Harry Chapel dans son errance personnelle (dans les rues sans fin). Si le suspense est bien présent, on aurait tort de se borner à ne voir qu'une recherche criminelle. Ce très bon roman fut réédité (avec quelques autres) dans l'Omnibus “Polars Années cinquante” tome 2, en 1996. |