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HESH KESTIN |
Mon Parrain De BrooklynAux éditions SEUILVisitez leur site |
1328Lectures depuisLe samedi 19 Octobre 2013
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Une lecture de |
New York, 1963. Âgé de vingt ans, Russell Newhouse est étudiant en Lettres au Brooklyn Collège. Bien qu'il soit peu assidu, son prof Eugene Del Vecchio le sait brillant. Jeune Juif séduisant, Russell multiplie les conquêtes, tel un Casanova. Sa dernière amante en date, Celeste, est une fougueuse Irlandaise. Curé, flic, et pompier, les frères de la demoiselle ne vont pas tarder à cogner sévèrement Russell, trop désinvolte avec leur sœur. Secrétaire dans une association de Juifs polonais, le jeune homme fait par hasard la connaissance de Shushan Cats. Ce dernier demande à Russell d'organiser les obsèques de sa mère, qui va être inhumée au cimetière Beth David. Et de lui tenir compagnie durant la traditionnelle semaine de deuil. Russell va croiser certains amis de Sushan, Ainsi que sa sœur Esther Cats (dite Terri), qui est psy et reste insensible au charme de Russell, plus jeune qu'elle. Shushan Cats est un mafieux respecté. Ancien des Marines, pendant la guerre de Corée, il se reconvertit d'abord comme boxeur, avant d'intégrer les mafias de sa ville natale. C'est en reprenant aux ritals le marché au poisson de Fulton qu'il s'enrichit très vite. Depuis, il a confié à son fidèle adjoint Justo la gestion de ce bizness en plein essor. Italiens, Chinois, Noirs, tous les chefs mafiosi de New York seront d'ailleurs aux obsèques de Mme Cats. Ce qui n'en fait pas des amis, car ils restent rivaux dans les activités illégales. Si Shushan n'a pas de diplôme universitaire, c'est un homme très cultivé. Même le prof Del Vecchio a vite sympathisé avec lui, pour cette raison. Le jeune Russell comprendra mieux en découvrant, plus tard, la riche bibliothèque du caïd. Pour venger son protégé de la famille de Celeste, Shushan menace le frère prêtre. Les Irlandais non plus ne lui font aucunement peur. Hostile à la ségrégation raciale, ayant eu des intérêts à Cuba avant Fidel Castro, Shushan appréciait John F.Kennedy, mais est déçu par sa politique. Russell compte retourner à ses études et au sexe, après cet épisode de sa vie. Quand le FBI puis les flics du NYPD qu'il a déjà croisés se présentent chez lui, ça n'a rien d'une visite de politesse. Shuhshan Cats a brusquement disparu. Il y avait des traces de sang dans la voiture où on le vit embarquer. Russell est interrogé par Dolores Grady, l'assistante du procureur. Certes, un tas de photos montrent Shushan et Russell ensemble, mais il plaide n'être qu'un étudiant sans lien réel avec le caïd. Fritz von Zeppelin, l'avocat de Shushan, écarte Russell de ce guépier. Il lui apprend que le mafieux l'a désigné officiellement comme son héritier. Ce que va confirmer bientôt Justo. Il est prudent de s'installer dans l'appartement de Shushan, car les mauvais coups sont à craindre contre le dauphin encore mal aguerri... Durant la première moitié du 20e siècle, la mafia italienne s'empara de toutes les activités illégales aux États-Unis, en particulier à New York. Après guerre, se concentrant sur le jeu, les trafics et les placements, les mafieux laissèrent des espaces à d'autres caïds, Noirs ou Juifs. Le racket autour du principal marché au poisson alimentant New York, où la population était très friande de produits de la mer, peut sembler anecdotique. Expliqué par Justo, l'adjoint de Shushan, on comprend combien c'était juteux. En outre, les Juifs venus auparavant en Amérique cherchaient juste à s'intégrer, à s'y faire une place. Ces années-charnières, surtout la décennie 1960, permettent à une nouvelle génération de jouer avec les lois. Les mafias du crime organisé participent à l'économie. Rackets et trafics, “ce ne sont que des commerces. Tu sais ce qu'il y aurait à la place ? Le crime désorganisé” dit Shushan à son jeune protégé. Toutefois, ce caïd possède quand même sa “morale”. À travers l'initiation du héros aux pratiques mafieuses de l'époque, c'est une reconstitution du New York d'alors que nous dessine l'auteur. Il ne s'en tient pas aux pittoresques images rétro, qu'on se rassure. Car l'intrigue est savamment dosée. Par exemple, Russell va en découvrir davantage sur son père, ex-agent viré de la police, qui l'éleva seul. Et peut-être que le farfelu texan, apparu après les obsèques de Mme Cats, aura un jour son heure de gloire. Les mystères de Shushan, la pègre avec ses secrets, et l'apprentissage de Russell, tout ça nous est raconté avec un certain humour. Distillé avec une subtilité nuancée, plutôt que désopilant. La manière dont l'adipeux avocat explique les dangers de la “succession” en serait une bonne illustration. Loin d'être une énième histoire de mafiosi, ce roman plus original s'avère franchement très agréable à lire. |