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JEAN-CLAUDE KELLA |
Hold-upAux éditions DON QUICHOTTEVisitez leur site |
1789Lectures depuisLe jeudi 8 Septembre 2011
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Une lecture de |
À La Ciotat, Marc est un repris de justice se tenant tranquille, vivotant sous une façade respectable. Jusqu’à ce jour de l’automne 1992, où son copain Nestor le branche sur un coup. Marc rencontre le couple Hélène et Gino. Employée à la Banque de France à Toulon, le femme pense qu’il est possible de dévaliser cet établissement. Certes, le bastion parait imprenable, d’autant qu’il est situé à une centaine de mètres du commissariat central. Outre les infos offertes par Hélène, une opération bien préparée reste envisageable. Il faudra agir au plus tôt, car la sécurité sera renforcée à la fin de l’année. Effectivement, le butin espéré est vertigineux, mais une parfaite confiance doit exister entre eux tous. Or, Nestor, Hélène et Gino, ne sont rien d’autres que des toquards, motivés par l’appât du gain plutôt que par les raisons humanitaires prétextées par Hélène. Marc lance la préparation du braquage, avec une demi-douzaine de complices expérimentés. Filature du comptable de la banque, entraînement au tir dans la nature, vol de fourgons, vérifications en tous genres, Marc essaie de ne rien laisser au hasard. Hélène avoue avoir contacté une équipe de truands corses avant de proposer le projet à Marc, mais ils n’ont pas donné suite. Quoi qu’il arrive, la bande de Marc est prête pour le 16 décembre 1992. Manu est vigile à la Banque de France, à Toulon. Marié à Valérie, père du petit Mathieu, c’est un type sans histoire. Il augmente un peu son salaire, avec de petites combines pas bien méchantes. Au petit matin, ce jour-là, il est menacé chez lui par plusieurs membres du gang. Son appartement sert bientôt de QG aux truands. Rudoyé, interrogé sur les usages et les lieux où il est employé, Manu confirme les indications d’Hélène. Son épouse demande au vigile de ne prendre aucun risque. Leur fils et elle seront retenus ailleurs, comme otages durant le braquage. On impose à Manu de porter une ceinture d’explosifs, que les malfrats déclencheront s’ils n’est pas obéissant. Habité par la peur, le vigile n’a pas l’intention de s’opposer à ce groupe d’hommes armés. À la suite de Manu, les voleurs pénètrent dans la Banque de France vers 17h. Ils ne tardent pas à tenir sous contrôle le personnel encore présent, y compris le fondé de pouvoir et sa famille logeant là. Marc pensait avoir plus d’une heure devant eux pour vider la salle des coffres. En réalité, ils n’ont que sept minutes pour balancer à l’extérieur les “sacs de patates”. Une opération dans les règles de l’art, avant de s’enfuir sans être inquiétés. Pourtant, une fois le butin à l’abri, complications et embrouilles ne vont pas manquer pour Manu et ses complices… Elles sont aujourd’hui bien trop rares, ces bonnes histoires de truands. Avec cet inévitable facteur humain, qui gâche un braquage élaboré dans les moindres détails. Ces affaires où l’avidité de complices peu fiables perturbe le partage, alors que l’opération s’est déroulée pour le mieux. Sans compter la roublardise entre bandes, ou autres aléas. Pourtant, des délinquants à l’ancienne, de ces pros prêts à l’action, il en existe sûrement encore. Né à Toulon en 1945, Jean-Claude Kella figure parmi l’aristocratie du grand banditisme. Impliqué jeune dans des cambriolages, c’est sous la houlette du caïd Francis le Belge que Kella devient dès 1968 passeur de drogue pour la French Connection. Arrêté plusieurs fois, il va totaliser vingt-cinq ans de prison. Sa dernière condamnation remonte à 1998. Il est libre depuis septembre 2009. Après “L’affranchi”, livre de souvenirs, il signe ce roman réussi. Non seulement l’auteur se met à la place de Marc, cerveau du braquage, mais il donne autant la parole à la victime, Manu. Un récit équilibré et fort bien raconté, sur un scénario qui a fait ses preuves. Un polar dans la meilleure tradition. |