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ROCH-ALEXANDRE KURSNER |
Tuer Le Temps N’est Pas Un CrimeAux éditions DU POLARVisitez leur site |
1317Lectures depuisLe dimanche 15 Aout 2010
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Une lecture de |
Dans les années précédant 1960, la famille Salvan de Allart appartient à la haute bourgeoisie. Henri, le père, est industriel dans la fabrication de papier. Mathilde, la mère souffrante, est régulièrement suivie par le Dr Granotier. Ils ont deux filles, les jeunes Blanche et Belle, dignes de leur condition sociale. Blanche pratique le violon, que lui enseigne Gaetano Sforza. Belle apparaît plus secrète et solitaire, se réfugiant parfois dans la petite chapelle de la propriété. Au manoir Les Ormeaux, ils sont servis par la cuisinière Mlle Hortense et par M.Maurice, chauffeur et factotum. C’est par hasard que Blanche et Belle font la connaissance de Gilles Artaud-Deville et de Marc-André Rossignol, deux fils de bonnes familles. Le second est l’héritier d’un riche raffineur sucrier. Ces garçons et filles du même monde ne cachent pas leur attirance mutuelle. La mère de Gilles s’est renseignée sur le pedigree de celle qui plait tant à son fils. Sans doute n’est-elle que la fille d’adoption des Salvan de Allart. Néanmoins, il existe un mimétisme entre Blanche et Belle, qui gomme le fait qu’elles ne sont pas réellement sœurs. L’histoire personnelle de son aimée n’entame pas les sentiments de Gilles. Comme il se doit, Mathilde Salvan de Allart organise un dîner mondain afin de rapprocher les familles. Son mari connaît déjà le père de Marc-André, M.Rossignol. La famille Artaud-Deville fait partie de leur milieu. C’est ainsi que six mois plus tard, Blanche mariée à Marc-André et Belle ayant épousé Gilles, les deux couples s’envolent pour l’Amérique. En effet, les jeunes maris ont tous deux obtenu un poste à Chicago. Le seul malchanceux est Sforza, qui doit abandonner le violon à cause de soucis de santé. Cinq ans plus tard, Blanche est de retour au bercail. Sa mère est décédée voilà quelques mois. Elle-même a traversé une série de drames, qui ont interrompu son séjour en Amérique. Après un détour par le cimetière, elle retrouve Henri Salvan de Allart au manoir. Si Mlle Hortense est toujours là, un certain Arsène a remplacé Maurice. L’industriel héberge désormais son cousin Brice Barlanvoy, colonial revenu d’Afrique. Surtout, le père de Blanche a déjà une nouvelle compagne, Faustine. La jeune femme pourrait être déroutée par le climat qui règne au manoir. D’autant qu’elle est bientôt menacée par Bucéphale, le chien de Brice. Sa maturité et son caractère secret l’aident à faire face… Quelques beaux atouts à relever dans ce roman psychologique, le deuxième de l’auteur. D’abord, nourri d’une culture polar basée sur les meilleurs romans traditionnels, R.-A.Kursner adopte une forme classique, au texte soigné. On sent le plaisir d’écriture, avec une bonne fluidité narrative, images et vocabulaire étant “choisis”. Ensuite, c’est avec une certaine subtilité qu’il parvient à reconstituer l’ambiance de l’époque, fin de la décennie 1960. En effet, la bourgeoisie aisée d’alors avait ses codes, ses rites, qui ne sont plus les mêmes aujourd’hui. On y pratique toujours une semblable hypocrisie, mais plus selon les conditions de ce temps-là. Le rapport avec les domestiques n’en est qu’un exemple. La juste description du village à l’ancienne nous replonge dans le passé, avec une part de nostalgie. Enfin, l’intrigue ne développe pas un pesant suspense criminel, mais fait plutôt planer un mystère diffus, ce qui est fort agréable à lire. |