|
|
THOMAS KANGER |
Les Disparus De Monte AngeloAux éditions PRESSES DE LA CITEVisitez leur site |
1714Lectures depuisLe jeudi 4 Mars 2010
|
Une lecture de |
Lasse de son métier, la commissaire de police Elena Wiik décide de prendre des vacances impromptues. Elle quitte Västerås, en Suède, et roule jusqu’au sud de l’Italie. Le village de Monte Angelo est idéal pour assouvir son besoin de repos complet. Sur une plage déserte des environs, Elena croise un homme prénommé Alex. Ils deviennent amants, et vivent une relation passionnée durant un mois. Quand Alex est découvert poignardé, Elena subit un terrible choc. Interrogée par le compréhensif capitaine Morelli, elle admet ne rien savoir de précis sur Alex. Rentrée en Suède, Elena est hospitalisée pour une grave dépression. Le soutien de ses parents et de ses amies lui sont utiles. Mais c’est le fait d’être enceinte de sa relation avec Alex qui lui permet de surmonter ses tourments. Après la naissance de sa fille Mina, Elena reprend contact avec Morelli. Depuis un an, on n’a toujours pas déterminé l’identité de son amant. L’enquêteur italien lui adresse les maigres éléments dont il dispose. Pour que le père de sa fille ne reste pas un anonyme, Elena doit en savoir plus. C’est en fouillant dans le passé universitaire d’Alex, passionné d’astrophysique, qu’elle apprend les origines croates de celui-ci. Elle se rend à Šibenik, à la recherche des traces d’Alexander Kupalo, engageant à ses frais une jeune interprète. On lui dit que cette famille a disparu durant la guerre, une douzaine d’années plus tôt. Selon un couple âgé, les Kupalo s’étaient installés à Knin, ville à majorité Serbe à l’époque. Elena et l’interprètent s’y rendent. L’archiviste de la mairie s’absente après leur passage, et la police locale se montre courtoise mais réticente. M.Simic, collègue des parents Kupalo, confirme leurs décès à cause de la guerre. Elena repère un vieux paysan semblant savoir quelque chose. Ce Bogdan Zir est bientôt retrouvé mort. La police retient la version d’un suicide, bien que ce soit improbable. Elena retourne plus tard à Andeoska Gora, le village de Bogdan Zir. Celui-ci occupait une propriété ayant appartenu à la famille Dodola, décimée durant la guerre. Même si Elena se refuse à y croire, il semble prouvé qu’Alex a été impliqué dans le meurtre de toute la famille Dodola. De retour en Suède, elle est contactée par un juge de La Haye, chargé des crimes en ex-Yougoslavie. Ses informations pourraient disculper Alex. Par contre, les deux fils de Bogdan Zir sont directement suspectés. L’un a été tué, l’autre se trouvait récemment en Allemagne, à Brême. Elena va devoir faire une nouvelle fois le voyage jusqu’à Šibenik et Knin, pour éclaircir l’affaire. Elle sait ne pouvoir faire confiance à personne. Elle s’interroge en particulier sur l’étrange Lupis Jurak. En approchant de la vérité, Elena se met en grand danger… Après “Le temps du loup” (réédité chez 10-18 Domaine policier), cette deuxième enquête d’Elena Wiik est absolument passionnante. D’abord, l’auteur joue avec aisance sur la durée, l’affaire s’étalant sur deux ans, et détaille l’évolution de la vie de son héroïne. La voici mère de famille, menant des investigations mi-privées, mi-policières. Cette période assez longue rend plus crédibles les voyages de la jeune femme, en Italie puis en Croatie, que s’ils étaient trop rapprochés. Le thème principal du roman, c’est le souvenir de faits historiques encore proches. La sécession des Serbes de la Krajina, qui entraîna la guerre civile et ethnique en ex-Yougoslavie, est restée mal comprise du reste du monde. Comme dans toutes les guerres, de réelles atrocités furent commises. Malgré la paix revenue, on imagine que de nombreuses plaies sont encore ouvertes dans les mémoires. Thomas Kanger évite le manichéisme accusateur, montrant avec justesse un pays à la stabilité encore fragile. Contexte insolite dans lequel Elena Wiik réussit, malgré tout, à avancer dans ses recherches. Un suspense sombre, d’une belle intensité. |