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PAUL KINNET |
La Tour, Prends Garde !Aux éditions SERIE NOIREVisitez leur site |
1070Lectures depuisLe jeudi 21 Mai 2015
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N°2037. Parution février 1986. 224 pages. 5,55€ disponible sur le site de la Série Noire. La tour infernale ! Arrivés en ordre dispersés, à 9 heure du matin le 18 juin 1985, au 17ème étage de la tour Montparnasse, Lorraine, chef du commando, Albert, Isidore, Samuel, Tonton et Anicet se rendent maîtres des lieux. Ils prennent en otage près de deux cents personnes et bloquent les ascenseurs desservant respectivement les locaux situés entre le 1er et le 30ème étage. Puis n'ayant gardé que deux lignes téléphonique, une intérieure et une extérieure, ils contactent le gardien de l'immeuble. Le commissaire du 15ème arrondissement, Parpant, après un moment de doute, envoi sur place quelques policiers. La colère gronde, principalement parmi les patrons des différentes sociétés siégeant dans la tour. Bédoré, sous directeur de la gestion quotidienne de l'immeuble, prend les choses en main. Il calme les esprits. Seul Gaspéri ne veut pas suivre les consignes et déboule par les escaliers. Il est abattu sans pitié. De même, aux derniers étages et à la terrasse, deux gardiens, Pétraz et Viella, membres du commando infiltrés sur place refluent les visiteurs. L'un d'eux, un peu trop curieux, reçoit deux balles dans la tête. Une cellule de crise est constituée et le Préfet de police est prié de dénouer la situation. Leripinsec, chef de la Brigade de Répression du Banditisme, se substituant à celui-ci, téléphone à Lorraine qui lui fixe ses conditions : deux cents millions de francs en lingots d'or et deux hélicoptères. Tandis que ses subordonnés en dépouillant les dossiers concernant les truands et les preneurs d'otages recensés, pensent que les frères Astaba - Isidore et Albert - feraient partie du commando, Leripinsec par l'indiscrétion d'un des ravisseurs au téléphone, apprend le prénom de Lorraine. Bientôt l'identité d'icelle n'est plus un secret, vu ses antécédents. Marc Laffrey, le fils d'un de ses collègues des Moeurs, travaille dans la tour ainsi que de nombreux employés coincés entre le 18ème étage et le 56ème. Leripinsec lui demande de se rendre sur la terrasse afin de le renseigner sur le nombre de truands pouvant s'y être installés. Le jeune homme monte du 19ème étage jusqu'à la terrasse à pied. Il rend compte à Leripinsec de la présence des deux gardiens, c'est tout, mais il se fait piéger par les deux hommes et est fait prisonnier. Le GIGN arrive en renfort. Bédoré connaît bien les lieux et propose une solution : l'un des membres du commando, ancien employé dans un cirque, grimpe le long des câbles de l'un des ascenseurs jusqu'au 17ème et déroule une échelle de corde. Il est rejoint par ses collègues qui investissent l'étage. Pendant ce temps Lorraine est légèrement débordée par ses otages.
Après avoir été édité dans de nombreuses collections, dont le Masque, Paul Kinnet, auteur belge, fait son apparition à la Série Noire, après quelques années de silence. Ce sera d'ailleurs son seul roman à paraître dans cette collection.
Il décrit d'une façon très précise, très détaillée, et fort documentée, cette prise d'otages gigantesque qui se déroule de 09h00 à 13h37. L'humour ne figure qu'épisodiquement, avec parcimonie. Il dénonce l'habileté des hommes politiques et des hauts fonctionnaires à proclamer des déclarations rassurantes, mais lorsqu'il s'agit de prendre des responsabilités, de prendre des décisions, cela redescend en cascade, le pékin se trouvant souvent seul confronté à résoudre les problèmes.
Citation : Il y a des attachés-cases discrets, pour P.-D.G, où l'on peut enfermer quelques minces documents confidentiels, et des attachés-cases pour les tâcherons qui doivent emporter du travail chez eux tous les soirs s'ils veulent se faire bien voir.
Curiosité : Paul Kinnet a traduit pour les éditions Marabout Le Mystère d'Edwin Drood de Charles Dickens et écrit la fin de ce roman inachevé, sous le pseudonyme de Paul Maury. Paul Kinnet est issu de l’agence Maréchal qui proposa des auteurs belges aux débuts du Fleuve Noir. Des auteurs belges qui se nommaient José-André Lacour, (plus connus sous le pseudonyme de Paul Kenny), et Paul Kinnet. D'ailleurs Jean Libert, Gaston Van den Panhuise et Paul Kinnet ont rédigé ensemble des romans pour la collection Rouge et Noire, plus connue sous l'appellation La Flamme. Il n'est donc pas interdit de penser que le pseudonyme de Paul Kenny, sous lequel se cachaient Jean Libert, Gaston Van den Panhuise, est un hommage en verlan à Paul Kinnet.
La journée s’annonce ordinaire à la Tour Montparnasse, à Paris. Mais, dirigé par une certaine Lorraine – dite "La Patronne" – un commando vient de s’installer au 17e étage de l’immeuble. Si la bande ne compte que huit complices, ils feront en sorte de sembler plus nombreux. Rapidement, Lorraine et ses hommes prennent en otage deux cent personnes employées à cet étage. La plupart des lignes téléphoniques sont coupées par le commando. Parpant, le commissaire de police du quartier, est bientôt informé de la situation. Tandis que Lucien Bédoré, directeur d’exploitation de la Tour, relativise le problème pour calmer les mécontents, le commissaire Parpant obtient un premier contact téléphonique avec Lorraine. Celle-ci montre une détermination certaine. À la tête du commando, au 17e étage, "La Patronne" gère l’opération avec fermeté. Quand il faut éliminer les otages récalcitrants, Lorraine n’hésite pas à le faire. Elle a exigé d’être mise en rapport avec le Préfet de Police. Ce dernier et les décideurs politiques tergiversent afin de laisser s’enliser les choses. Lorraine n’est pas d’humeur à perdre du temps : une rançon de deux cent millions de Francs, voilà ce qu’elle réclame. Le policier Leripinsec va s’occuper de l’affaire, puisque le Préfet de Police préfère rester en retrait. La rousse Lorraine est finalement identifiée : ce serait Lorena Davallo, connue des services de police mais pas pour actes de banditisme. Le commissaire Leripinsec ne sous-estime nullement "La Patronne", tout en cherchant la meilleure solution pour mettre fin à l’opération. La rançon en lingots d’or doit être déposée par hélicoptère sur le toit de la Tour. Lorraine accepte cette procédure, même si elle retarde le déroulement prévu. Au 17e, la tension monte chez les otages. S’il advient une tentative de rébellion, Lorraine et sa bande riposteront sans la moindre hésitation, tant pis si ça cause des victimes. Lorraine et sa bande obéissante s’impatientent. Autour de la Tour, le GIGN est prêt à intervenir. Le commissaire Leripinsec préférerait une issue moins expéditive, avec l’aide de certaines personnes présentes dans la Tour, près du 17e. À l’heure du versement de la rançon, l’affaire peut encore réussir pour Lorraine, en évitant un dramatique bain de sang.
À partir de 1975, c’est chez Le Masque que Paul Kinnet va publier l’essentiel de ses romans policiers. “Voir Beaubourg et mourir” est récompensé en 1978 par le Prix du Roman d’aventure. Un seul titre de Paul Kinnet fut publié dans la Série noire, “La Tour, prends garde !” en 1986. Une prise d’otage dans la célèbre Tour Montparnasse, une très forte rançon exigée, une "Patronne" de commando jusqu’au-boutiste, voilà les éléments qui assurent un roman d’action aux péripéties multiples. La narration claire est, comme dans tout bon polar, le premier atout favorable. Pas de cachotterie inutile pour le lecteur, c’est ainsi que le tempo reste vif et passionnant. Baignant dans son époque – le milieu des années 1980 – “La Tour, prends garde !” est sans nul doute un excellent "Série Noire" à redécouvrir.
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