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FRED KASSAK |
Qui A Peur D’ed Garpo ?Aux éditions LE MASQUEVisitez leur site |
917Lectures depuisLe dimanche 16 Septembre 2018
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Une lecture de |
Fred Kassak est décédé le 12 avril 2018 à l’âge de quatre-vingt-dix ans. Il publia une douzaine de romans de 1957 à 1971, se consacrant par ailleurs aux scénarios de pièces radiophoniques et de téléfilms (dont les célèbres "Cinq dernières minutes"). Les adaptations de plusieurs de ses romans (en particulier par Michel Audiard) donnèrent des films très drôles, mais beaucoup moins fins que les œuvres originales de Fred Kassak. En 1995, Le Masque publia un recueil de dix nouvelles inédites de l’auteur. S’il s’agit bel et bien d’histoires criminelles, c’est la tonalité souriante qui domine. Si l’on dit que ces textes sont humoristiques, ne confondons pas avec une prose rigolarde trop facile. Ce sont des nouvelles dites "à chute" (avec une surprise finale) qu’a concoctées Fred Kassak. Des textes qui, en plus de ses romans, prolongent notre délicieux plaisir de lire cet auteur… Petit survol des nouvelles de ce recueil. Iceberg – Le hasard a fait se rencontrer Bernard et Irène. Il est tombé amoureux d’elle, le coup de foudre. Il l’invite souvent dans sa villa normande, en bord de Manche. Mais Irène vient toujours avec Georges, celui qui compte le plus dans sa vie. Bernard doit trouver le meilleur moyen de supprimer "accidentellement" ce gêneur qu’est Georges. Une fois, pour voir – Médecin de campagne, noble métier. Sauf quand on l’exerce dans un coin perdu, à proximité d’une centrale nucléaire. S’il force son enthousiasme, son épouse vit nettement plus mal leur situation. Ce jour-là, alors qu’ils ont mangé dans le jardin, elle décide de tuer son docteur de mari qui fait la sieste. Son propre témoignage suffit à disculper l’épouse, du moins provisoirement. Le bon motif – Au cours d’une promenade en forêt sur son cheval, Maurice Gambier est désarçonné, sa chute provoquant une mortelle fracture du crâne. À environ soixante ans, ce genre d’accident est vite fatal. Gambier avait contracté une assurance-vie au profit de son épouse, d’origine Polynésienne. Charles Dubignac, responsable du "règlement des sinistres" pour la compagnie d’assurance, n’a nullement l’intention de débourser un sou. Tous les prétextes et arguties seront bons pour ça. Avec l’approbation et le soutien de son collègue Ledoux, séduisant quadragénaire. Après avoir traité cette affaire, Dubrignac pourra partir en vacances dans des décors paradisiaques. Et qu’on n’en parle plus ! – Il est l’ami et le complice de Géant-Hardi. Mais il s’est aperçu que, bien que se mettant autant en danger que lui, c’est toujours ce diable de Géant-Hardi qui tire profit et notoriété de leurs actions meurtrières. Rester anonyme dans l’ombre de ce soi-disant ami, ça suffit ! Tandis qu’ils se lancent ensemble dans une nouvelle mission, il va éliminer Géant-Hardi. Personne ne le soupçonnera, ne s’intéressera même à lui. Si on retrouve le cadavre bien longtemps après, ça n’aura plus d’importance. Miracle au printemps – En ce splendide dimanche printanier, il ne croise que des couples, pas la moindre femme seule à séduire. Il rentre donc s’enfermer dans son studio-coin-cuisine, rien d’excitant à son programme de la journée. Quand sonne le téléphone, c’est un faux numéro. Une femme qui continue à appeler, à se tromper, à s’excuser de son erreur. Agacé au début, il finit par y voir un signe du destin, une chance. Tous deux prolongent leur conversation téléphonique. Idylle naissante ou début de la fin, pour lui ? Dédicace – Il est légitime qu’un romancier penser à écrire en exergue de son nouveau livre une dédicace pour son épouse, puisqu’elle l’a aidé à exploiter une idée à laquelle personne n’avait pensé avant lui. Sans elle, il ne serait probablement pas allé au bout de cette histoire de crime parfait. Le "tapuscrit" du roman est prêt. L’âge des problèmes – Il a décidé de divorcer, pour se remarier avec une femme beaucoup plus jeune que lui. Quand il l’annonce à son épouse, elle ironise sur les très nombreux problèmes de santé du mari vieillissant. Énervé, il lui assène en pleine tempe un coup de cendrier en verre de Murano. Simuler un accident de voiture mortel ne devrait pas être tellement difficile. Qui a peur d’Ed Garpo ? – Cet écrivain sexagénaire réputé, oncle et parrain du jeune Edgar, procure à ce dernier un logement et un job à Paris. Le filleul est un admirateur de l’œuvre d’Edgar Poe, dont il a adapté en bédé une des nouvelles. L’écrivain, lui, n’a que mépris pour cet “histrion littéraire mené par la seule recherche de l’effet. Un fabriquant de fantasmagories sanglantes et morbides…” Il recommande vaguement la bédé d’Edgar à son éditeur. Qui, ne tardant pas à trouver fantastique cette version BD, la publie sans délai. Énorme succès, qui éclipse les ouvrages de l’oncle d’Edgar. Ce qui attise la paranoïa de l’écrivain, sa jalousie. La bande-dessinée, symbole de "sous-culture", plus populaire que la véritable littérature, c’est insupportable. L’oncle met au point un plan – qu’il estime quasiment infaillible – pour supprimer son filleul. |
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