|
|
FRED KASSAK |
CarambolagesAux éditions LE MASQUEVisitez leur site |
2685Lectures depuisLe samedi 4 Aout 2018
|
Une lecture de |
Gilbert Vandœuvre, trente-quatre ans, est employé administratif chez France-Air-Pur, une association s’occupant de tourisme. Fiancé à Danielle, il est temps pour lui de rompre avec son amante Monique. Mais celle-ci lui annonce être enceinte de lui. Il faudrait beaucoup d’argent à Gilbert pour faire face aux frais du mariage d’un côté, à ceux occasionnés par la naissance du bébé de Monique de l’autre. Or, Gilbert ne dispose que d’un salaire modeste. Il tente de demander une augmentation. Sa requête est soumise à toute la hiérarchie de France-Air-Pur. Même s’il obtient un bonus salarial, ce sera loin de couvrir les dépenses à venir. Monique n’a pas l’intention d’avorter, et Danielle est déjà très excitée par la vie de couple qui les attend avec Gilbert. S’il montait en grade dans l’administration de France-Air-Pur, un meilleur poste lui offrirait aussi un bon salaire. En évinçant son collègue Bertholy ? Cela ne l’avancerait guère. Par contre, en observant une partie de billard, Gilbert a sous les yeux un exemple de carambolage. Provoquer une "réaction en chaîne", voilà la solution. S’il élimine Maurice Lebignac, le directeur général, tous montent d’un cran dans la hiérarchie, Gilbert faisant partie des nouveaux promus. Il entreprend donc de surveiller Lebignac. Bien qu’il ait mijoté avec soin son plan, Gilbert admet qu’il n’est pas si facile de passer à l’acte. D’autant que le directeur général s’absente de Paris ce week-end-là. Gilbert n’a plus qu’à prendre en filature la sémillante épouse de Lebignac. Gilbert s’aperçoit que cette dame est la maîtresse de Christian de Beaumanoir, adjoint de son mari. Adresser une lettre anonyme à Lebignac, lui révélant la vérité ? L’initiative de Gilbert reste sans effet. Alors, il en envoie d’autres, pas plus efficaces. Il comprend que l’élimination directe du directeur général est l’unique solution. Encore faut-il trouver le bon moyen, le moment idéal. Sur ce dernier point, Gilbert a son idée. Chaque année, France-Air-Pur organise une Kermesse d’Été (généralement sous une météo pluvieuse). C’est Gilbert qui en règle les détails. S’il parvient à ses fins, est-ce que l’inspecteur de police Sommet et son adjoint Laruche s’avéreront de fins limiers ? Ils se contenteront plus sûrement des apparences… (Extrait) “Au reste, il ne fallait pas exagérer l’importance des mots. Un homme qui a menti une fois ne se considère pas toute sa vie comme un menteur, celui qui n’a volé qu’une fois comme un voleur, celui qui n’a séduit qu’une femme comme un séducteur. Ce n’est pas parce qu’il commettrait une fois un homicide volontaire que Gilbert devrait se considérer toute a vie comme un assassin. Il y avait un assassinat à commettre, il le commettrait et voilà tout.” Petit hommage à Fred Kassak, décédé le 12 avril 2018 à l’âge de 90 ans. “Carambolages” fut publié en 1959 dans la collection "Crime Parfait ?" chez l’Arabesque, puis en 1962 dans la coll. Un Mystère des Presses de la Cité. Depuis de nombreuses années, ce roman figure au catalogue des éditions Le Masque. Cet auteur respecté fut récompensé par le Grand Prix de Littérature Policière 1958 et par le Prix Mystère de la Critique 1973. Respecté, il le fut moins par le cinéma : roman malin et drôle, “Carambolages” fut porté à l’écran en 1963, un film de Marcel Bluwal, adapté par Pierre Tchernia et Michel Audiard, avec Jean-Claude Brialy, Louis de Funès, Michel Serrault, Sophie Daumier. Une version que Fred Kassak désapprouvait, en témoigne cet extrait d’un entretien de 2017 : Emmanuel Legeard: ...vous n’aimez pas l’adaptation de “Carambolages” avec Brialy? Fred Kassak: Exactement. Où j’ai fait de l’humour, ils ont fait du guignol: on voit des acteurs qui s’agitent comme des pantins pour faire leur numéro… c’est le registre de la clownerie! Alors que l’humour, ça n’a rien à voir; c’est une tonalité de l’ironie. Donc, ils ont retenu l’idée principale, c’est entendu, celle de décapiter la hiérarchie pour débloquer l’ascension des échelons. Malheureusement, l’ensemble s’éparpille en gags plus ou moins laborieux, et on bascule dans le burlesque. J’ai beau adorer le burlesque et vénérer Laurel et Hardy, il n’avait rien à faire là. Alors, on pourra dire que j’entonne la complainte de l’auteur trahi, mais évidemment qu’il l’est, trahi, l’auteur, quand il trouve le ton pince-sans-rire qu’il a employé transformé en guignolade. Quant à la fin, non seulement elle n’est plus celle du roman, mais elle s’inspire tout droit d’About Eve, chef-d’œuvre auquel on ne devrait pas toucher… même si ce genre d’emprunt est aujourd’hui qualifié d’"hommage". Quoi qu’il en soit, la vérité m’oblige à dire que bien des gens que je connais et qui n’avaient pas lu le roman ont aimé le film, y ont beaucoup ri, et n’ont pas semblé comprendre mes réticences. |
Autres titres de |