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MATTHEW KLEIN |
Sans RetourAux éditions SERIE NOIREVisitez leur site |
661Lectures depuisLe mercredi 23 Juin 2016
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Une lecture de |
Âgé de quarante-sept ans, Jim Thane vivait en Californie avec sa femme Libby, plus jeune que lui. S'il fut un brillant cadre dirigeant dans des sociétés de haut-niveau, il a traversé une période glauque. La drogue, les jeux d'argent et les putes l'ont fait sombrer. Libby ne l'a pas laissé tomber, bien que leur enfant soit décédé accidentellement. Depuis deux ans, Jim pratique l'abstinence sous le contrôle d'un ex-policier. Grâce à son ami Tad Billups, qui représente un groupe d'investisseurs, Jim a enfin une nouvelle chance. Tad lui confie un poste de directeur intérimaire, sur la côte ouest de la Floride. Il s'agit de redresser, dans les plus brefs délais, une société développant un nouveau logiciel informatique. Un défi qui paraît presque perdu d'avance, trop de millions ayant été dilapidés pour peu de résultats. En ce mois d'août, Libby a préparé leur installation en Floride. Pour sa désintoxication, Jim est contraint de s'adresser à un psy local. Au sein de l'entreprise, rares sont les employés fiables, hormis la comptable Joan, la réceptionniste Amanda et le programmeur Darryl. Le logiciel n'est que très approximatif : son potentiel n'est pas nul, mais sa rentabilité est loin d'être flagrante. Jim pense que la "reconnaissance faciale" via l'informatique, ça pourrait intéresser des banques. Dans un premier temps, le ratage de la démonstration compromet cette opportunité. Un policier du FBI, de Tampa, continue à enquêter sur la disparition soudaine de Charles Adams, ancien directeur de la société. Jim ne lui avoue pas qu'il vient d'en découvrir la raison probable : un énorme détournement d'argent. En effet, plus de trois millions de dollars ont été versés à un fournisseur fantôme. Il fallait pour ça l'aval du directeur. Jim utilise une ruse afin de dénicher l'adresse supposée dudit fournisseur, à Sanibel Island. Dans le grenier de cette maison vide, des millions en billets de banque, pactole qu'un gang vient récupérer sous les yeux de Jim. Son épouse Libby estime qu'il doit s'en tenir à ce qu'a demandé Tad Billups, protéger les intérêts de celui-ci, et gérer la fin de la société s'il ne peut faire mieux. Même s'il faut licencier, à commencer par le prétentieux directeur des ventes, des contrats sont miraculeusement signés pour le logiciel. Y compris avec la banque où la démonstration fut loupée. Jim finit par profiter de l'embellie sans se poser de questions, même si ces ventes lui semblent artificielles. Jim s'est rapproché d'Amanda, la réceptionniste. D'origine russe, la jeune femme lui confie son parcours, aussi chaotique mais plus violent que celui de Jim. L'agent du FBI est sur la piste de l'insaisissable mafieux russe Ghol Gedrosian, qui paraît désormais poursuivre ses activités délictueuses en Floride. Jim affirme ne rien savoir au sujet de cet homme, ce qui est inexact. Car il connaît, du moins partiellement, "l'influence" du Russe. Des révélations inattendues vont bientôt changer la situation pour Jim. Fermer les yeux devient impossible pour lui. Dans un premier temps, il trouve refuge à Fort Myers Beach, chez Amanda. Mais le danger est omniprésent, et Jim ne peut convaincre sans preuve l'agent du FBI… Ce roman se décompose en deux parties. La première décrit le redressement économique d'une entreprise, selon la méthode américaine devenue universelle : pas de sentiment ! Jim Thane étant un ex-junkie et alcoolo, accro au jeu et aux prostituées, l'objectif devient hasardeux. Heureusement qu'il est soutenu moralement par son épouse. On a un aperçu du rôle des investisseurs à capital-risque, et du fonctionnement de certaines "start-up" qui ne sont que des gouffres financiers. Activités illusoires, mais l'essentiel pour les employés est d'afficher un beau statut social et de bénéficier des budgets, tant que l'argent coule à flots. Les sommes dépensées en "recherche et développement" sont-elles toujours justifiées ? Ça n'existe pas qu'aux États-Unis, ces sociétés quasiment factices. Dans la seconde partie, l'histoire vire au polar schizophrénique. En dire davantage serait trop en dévoiler. Néanmoins, un certain nombre d'éléments apparus précédemment dans le récit offrent un lien avec cette progression de l'intrigue. Si le héros glisse vers la perte de contrôle, postulat bien connu du roman noir, le dénouement restera plus obscur que la moyenne. Ce qui importe peu, puisque tout est dans "l'aventure" à laquelle il vient d'être confronté. Au réalisme sociétal non dénué d'ironie, succède donc un roman d'action : un suspense à double facette riche en péripéties, que l'auteur maîtrise et rend captivant. |