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JOSEPH KLEMPNER |
Prejudice IrreparableAux éditions ALBIN MICHELVisitez leur site |
1392Lectures depuisLe mercredi 3 Janvier 2007
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Une lecture de |
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Ecrivain divorcé, Stephen Barrows élève seul sa fille Penny, 6 ans, dans le tranquille comté de Columbia. Leur saine complicité les rend heureux. Par jeu, sans penser à mal, Stephen photographie un jour sa fille dans son bain. Ces quatre photos, dont une où Penny montre ses fesses, sont repérées par l’employée puritaine qui les développe. Alertée, la police arrête Stephen, qui ne comprend pas ce qu’on lui reproche. Le malentendu est aisément explicable. En manque d’affaires valorisantes, le District Attorney Jim Hall décide qu’il s’agit d’un cas d’abus sexuel pédophile. Commis d’office, l’avocat de Stephen fait de son mieux. Quatre chefs d’inculpation sont retenus. Bien qu’indifférente à sa fille, la mère de Penny en obtient la garde provisoire. Suite à une perquisition chez Stephen, le D.A. Jim Hall collecte de prétendus indices accusateurs. Non qualifiée, la "psy" s’occupant de Penny cherche à lui faire avouer des maltraitances. Un pédiatre confirme que Penny est une enfant normale, n’ayant pas subi d’abus sexuels. Pourtant, la procédure suit son cours, non sans irrégularités. Ne pouvant payer la forte caution, Stephen est placé en détention pour de longues semaines. Journaliste auxiliaire, Theresa a bien compris que Stephen est innocent. S’opposant à son directeur et à son collègue qui privilégient le spectaculaire, elle est licenciée. Quand Theresa parvient à réunir la caution, Stephen est libéré. Grâce à elle, il surmonte peu à peu l’épreuve. Le juge n’est sans doute pas dupe de cette affaire incertaine. Pourtant, Stephen aura bien du mal à se disculper... Ce n’est pas seulement l’incompétence qui conduit à l’erreur judiciaire. Les préjugés d’un témoin, la rigueur exagérée de policiers, la procédure approximative du procureur, les clichés schématiques d’une psy, les indécisions d’un juge, et tant d’autres facteurs contribuent à l’injustice. Pendant ce temps, l’innocent erre dans le brouillard de l’incompréhension, suspect déjà condamné. « Ils avaient sa fille (…) Ce qui les intéressait, ce n’était pas de l’aider, elle. Mais de savoir comment l’utiliser afin de lui faire du mal, à lui. » (p.239) Klempner illustre avec finesse les dérapages d’un dossier fantasmé, l’absurdité de l’accusation « tissus de conjectures et d’insinuations » (p.196). Toutefois, avec une bonne dose de dérision, il dédramatise la situation – avec la chanson Don’t worry be happy et par des scènes souriantes. Ce qui renforce cette belle dénonciation d’un abus de pouvoir. A lire absolument. |