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CHANTAL JAGU |
L’empreinte Des TénèbresAux éditions PASCAL GALODE EDITEURS |
1805Lectures depuisLe samedi 17 Juin 2012
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Une lecture de |
Le titre du roman, le lieu où l’action se déroule, deux ingrédients qui m’ont mis l’eau à la bouche, et attisé ma curiosité. Toutefois, malgré un thème intéressant, ce livre m’a quelque peu déçu, pour plusieurs raisons que je détaillerai après en avoir détaillé, point trop quand même, l’intrigue. Editeur renommé à Edimbourg, Lloyd Mackgover arpente nerveusement son bureau. Il attend Robert Barney, son ami et bras droit lequel revient d’une île des Orcades où il a passé quelques jours de vacances à taquiner le saumon. Lloyd est embêté. Dans quatre mois va paraître le second roman de Claudia Heiss et selon la tradition elle doit participer à une séance de dédicaces dans une librairie au début des festivités de l’Edimbourg Tattoo. Seulement Claudia Heiss est un pseudonyme et ils ne connaissent ni son nom ni son adresse. Leur correspondance est adressée par le truchement d’une boite postale. Comment la contacter et l’obliger à respecter cette coutume ? Robert, pragmatique, propose à Lloyd de prendre quelques jours de repos dans son cottage de Sanday, l’une des soixante-dix îles répertoriées des Orcades. Lloyd est un acharné de travail, surtout depuis la mort accidentelle de sa femme Clara deux ans auparavant, et la perte du bébé qu’elle attendait. Il accepte donc la suggestion de son ami, ce qui devrait lui permettre de décompresser et se refaire une santé morale. Son arrivée sur l’île est perturbée par les éléments déchainés. Trempé, il frappe à la porte du cottage d’une jeune femme afin de se protéger de la pluie battante. Il a installé ses affaires dans l’habitation de son ami mais lorsqu’il montre sur le plan confié par Robert l’endroit où il est sensé demeurer, la jeune femme lui apprend qu’il s’est trompé de demeure. Elle lui apprend que le cottage de son ami n’a plus de toit depuis deux ans et elle accepte alors de l’héberger, avec réticence, pour la nuit. Elle se nomme Laura Mills mais Lloyd la déconcerte lorsqu’il ui dit qu’il sait qu’elle est Claudia Heiss. Laura Mills est affublée d’une cicatrice sur le visage, et sur tout le corps. Elle a été victime d’un accident plus de deux ans auparavant, depuis elle est amnésique. Son passé est complètement effacé. Tout ce dont elle se souvient, c’est qu’un camion a percuté la vitrine du magasin londonien devant laquelle elle se tenait. Depuis elle vit en recluse sur l’île de Sanday, grâce à l’argent de l’assurance, et s’est fait quelques amis dont Chris et sa petite famille. Mais elle est inquiète, angoissée, apeurée, et un rien la met hors de ses gonds ou la fait pleurer. Lloyd a discuté avec une vieille femme qui réside sur l’îlot depuis peu, mais Laura le prévient. Elle est renommée pour être la Radio-Pipelette de l’endroit. Des événements étranges se produisent. Alors qu’ils sont chez Chris, la maison de Laura est dévastée, puis un peu plus tard, elle est incendiée. Heureusement les nombreuses pellicules photos qu’elle possède, l’une de ses passions est prendre des clichés de l’île, ne lui ont pas été dérobées. Alors Lloyd lui propose de rentrer ensemble à Edimbourg, de rencontrer un de ses amis, Donald Swaney de Scotland Yard, ainsi qu’un spécialiste londonien en hypnose, susceptible de pouvoir lui faire recouvrer la mémoire. Les résultats ne se font pas attendre, les mauvaises surprises la concernant aussi. Les souvenirs se bousculent au portillon de son cerveau et ils sont loin d’être roses. Et entre Lloyd et Laura, le coup de foudre, qui n’est pas dû à l’ouragan qui a traversé l’île de Sanday, a été quasi instantané. Et peu à peu la jeune femme retrouve le sourire en compagnie de Lloyd mais la résurgence de sa période post-accidentelle la trouble et lui occasionne de nombreuses frayeurs. D’autant qu’elle s’aperçoit qu’elle est suivie. Pendant ce temps, les journaux ont de quoi se mettre sous les rotatives : une sombre affaire de décès de nouveau-nés intéresse sérieusement la justice. Il est dommage qu’à la relecture et à la correction, de trop nombreuses incohérences dans le récit n’aient pas été relevées. Si je ne suis pas parfois contre un manque de crédibilité, il faut que cela ne soit pas trop flagrant quand même. Ici, dès les premières pages, le lecteur peut se poser des questions. Et je ne vais me contenter de vous en recenser que les premières incohérences, d’autres pouvant déflorer l’intrigue. Page 12, on peut lire : Robert Barney, en vacances depuis quinze jours sur l’uns des îles des Orcades pour pratiquer son sport préféré. Page 19, le lieu de pêche s’est déplacé à Aberdeen. Si Robert était véritablement à Sanday comme il le prétend au départ, la toiture de sa maison aurait dû être en bon état. Sinon, il n’aurait pas proposé cet hébergement à son ami. Du moins, c’est ce que je pense. La correspondance est adressée sous le nom d’emprunt de Laura Mills. A quel endroit ? Cette femme possède-t-elle deux jeux de papiers d’identité ? Ensuite, par un coup de baguette magique Lloyd se retrouve en face de la romancière, découvre sous qu’elle identité elle se cache. Egalement le rôle joué par Miss Radio-Pipelette, personnage que l’on retrouvera plus tard. Je ne vais pas plus loin, car nous entrerions par trop dans l’intrigue et je risquerais de trop en dévoiler. Autre chose qui m’a interloqué, ce n’est pas le coup de foudre entre l’éditeur et la romancière, mais leurs dialogues qui empruntent aux romans à l’eau de rose qui étaient écrits durant l’entre-deux guerres et étaient destinés aux midinettes qui rêvaient du Prince Charmant. Un manque de rigueur, une certaine complaisance dans l’écriture, des dialogues parfois simplets même si les amoureux peuvent bêtifier, qui méritaient d’être signalés, non pas pour dénigrer l’auteure mais afin de l’inciter à mieux gérer son manuscrit, à progresser. Car en lui-même le thème était intéressant et aurait mérité un meilleur développement. Comme si Chantal Jagu, qui a placé deux histoires en une afin de compliquer l’intrigue n’avait pas réussi à maîtriser son sujet, et pour une fois, je regrette que ce roman ne soit pas plus épais afin de dissiper toutes les zones d’ombre qui englobent l’intrigue. |